Avis de Stéphane :
Oliver Stone est un homme étonnant qui nous surprend avec tous ses films. En effet ce réalisateur a souvent l’habitude de véhiculer un message à travers ses images et ses personnages. Cette fois, il s’attaque au roman éponyme écrit par Don Winslow.
De plus, il utilise un casting des plus talentueux avec d’un côté les jeunes stars montantes Taylor Kitsch (John Carter et Battleship), Blake Lively (la série Gossip Girl et Green Lantern) , Aaron Taylor-Johnson (Kick ass et Albert Nobbs) qui font face à des acteurs émérites comme John Travolta, Benicio Del Toro et Salma Hayek.
Oliver Stone utilise aussi le contraste entre l’amour et la violence. En effet plus la violence augmente et plus l’amour est présent. Les divers protagonistes joueront beaucoup sur ces sujets.
En même temps, le réalisateur montre aussi le pouvoir des cartels et de la drogue. L’argent est en jeu dans ce système et l’on remarque vite qu’il est impossible de sortir de ce milieu. Chaque personne désire augmenter son pouvoir…
Bien vite, il est incroyable de voir que toutes les sphères sont corrompues…
Savages est vraiment un excellent film qui comporte un casting exceptionnel.
Avis de Manuel Yvernault :
Oliver Stone, perdu pour certains, en rédemption pour d’autres. Maître d’une filmographie ayant marquée la fin des années 80 et le début de la décennie suivante, gardait cette étiquette de réalisateur en colère, contre un système, souvent politique, contre lequel il se prenait d’un regard critique. On peut alors se demander si son cinéma si acide, ne s’était pas assagit à l’aube des années 2000 quand le financement d’un film devint de plus en plus compliqué, puisque plus assujetti à une rentabilité forcée et un sens plus commercial du cinéma. Une excuse ? peut-être, mais pas seulement.
La hargne qu’il a mis dans ses films s’était effritée avec des sujets enclins à la controverse mais très sage au final, World Trade Center, W, s’avérèrent très décevants à la vue du sujet.
Savages, adaptation du roman de Don Winslow, le décharge de tout enjeu critique en référence à ses débuts de metteur en scène. Un détail qui a du sens quand on doit aborder cette dernière réalisation.
Totalement décomplexé de tout enjeu manichéen politique et critique, Oliver Stone livre un film jouissif où le réalisateur retrouve certaines de ses qualités; sans nous livrer un chef d’œuvre, Savages pourrait être le film où le réalisateur retrouve ses marques. Et peut-être même son meilleur film depuis une bonne dizaine d’années.
Faisant fi de toute crédibilité concernant l’axe principal de son scénario, la relation amoureuse triangulaire qui surfe entre clichés et exagérations, Savages s’avère être un cocktail parfait d’action et de thriller à l’humour noir appuyé. Dans certains de ses élans le film flirterait presque avec The way of the gun par ses contours de western moderne et urbain (B. Del Toro encore).
Bardé de filtre, monté de manière énergique et filmé avec le savoir faire de Stone, autant dans ses envolées violentes, qu’innovants dans la mise en scène (nombreux clin d’œil à De Palma par moments), Savages est l’œuvre moderne d’un réalisateur qui semble enfin reprendre pied, à défaut d’une pleine assise.
Quant au message, Stone oblige, cette décharge ironique de la lutte anti-drogue, le metteur en scène comme déchargé de son rôle durant les années 80, semble plus libre et moins engagé et ainsi retrouver une certaine énergie dans une réalisation enfin décomplexée. Cocktail explosif de violence et de sauvagerie, le film est également un délicieux mélange presque pop et totalement jubilatoire si pris comme tel.
Pour les plus réticents, Benicio Del Toro malicieux et sadique comme jamais vaut à lui seul le déplacement, quand Travolta et Hayek signent ici un retour plus qu’honorable.
Savages comme un trip assumé sans forcément la matière mais avec la manière.
L’avis de Fabien
Après une série de films décevants depuis le début des années 2000 (World trade center, W, Wall Street 2), Oliver Stone est de retour en grande forme avec Savages, adaptation du roman de Don Winslow, avec un casting très convaincant.
Armé d’un excellent matériau d’un départ et d’un casting malin mêlant la nouvelle génération (Taylor Kitsch, Aaron Taylor-Johnson, Blake Lively) à des acteurs confirmés (Salma Hayek, John Travolta, Benicio Del Toro), Oliver Stone retrouve le mordant et l’acidité qu’on lui connaissait dans ses films contemporains (Wall Street, L’enfer du dimanche) et son sens du cast vecteur de prestations mémorables (JFK, Né un quatre juillet).
Le coeur de Savages est un triangle amoureux contrarié par la reine Hayek et ses sbires chicanos dont Benicio Del Toro dans un numéro de dingue : Stone oppose avec cynisme l’entreprise artisanale de marijuana thérapeutique des petits jeunes au business implacable du cartel mexicain de Baja dirigé d’une main de fer par Elena.
Tout le monde a l’air de bien s’amuser (Travolta et Del Toro ont des dialogues ciselés), Stone en tête jouant avec la narration, les filtres colorés dans un montage où coulent à flot humour noir et violence stylisée comme dans une bonne série B.
Thriller nerveux et sexy, sorte de Jules et Jim au pays des narcotrafiquants vendu en l’état par Stone, Savages remplit largement son office, divertir tout en glissant en contre-bande dans un film commercial un avis sur la vente de marijuana thérapeutique, remettant au passage en selle un réalisateur attachant.
Test blu-ray
Technique
Image saturée de couleurs en majorité chaudes et pétillantes, piqué acéré avec moult détails tant sur les visages que pour les décors variés, texture granuleuse 35mm, la copie est sublime. Ajoutez à cela deux bonnes pistes audios, VO comme en VF en DTS Master Audio, où les nombreux coups de feu sont bien retranscrits, les dialogues clairs et vous obtiendrez un disque blu-ray de haute volée, très recommandable.
Bonus
Cette édition blu-ray FPE propose tout d’abord comme bonus l’avant-première (12′) du film organisée au Cinéma Gaumont Opéra en septembre 2012. Module complémentaire, la conférence de presse parisienne (14′) avec Oliver Stone, Salma Hayek et John Travolta s’avère intéressante, Oliver Stone étant connu pour son franc-parler.
Le making-of chapitré délivre beaucoup d’informations sur l’écriture, le tournage et le montage du film. On apprend qu’ Oliver Stone a acheté les droits du livre éponyme de Don Winslow avant sa sortie. Le réalisateur de Platoon a collaboré avec l’auteur du livre sur le scénario afin de livrer « un thriller romantique intense ». Sur le plateau Stone était exigeant avec ses acteurs, tournant peu de prises. Les séquences d’action, dans le canyon et dans le désert pour la séquence finale, se sont avérés éprouvantes pour les acteurs, en raison d’une chaleur élevée. Dans sa recherche d’authenticité Stone s’est entouré d’un consultant en cannabis thérapeutique pour recréer une installation de marijuana synthétique, d’un agent de la DEA à la retraite et d’un expert en cybersécurité. Enfin le processus de montage est expliqué par les nombreux monteurs du film et Oliver Stone qui révèle que le montage initial était d’une durée de 2h45 avant d’être réduit à 2h07.