A l’heure où le cinéma cède jusqu’à plus-soif à la mode des reboots, les jeux vidéo résistaient jusqu’ici à l’envahisseur. Après 14 ans depuis le premier opus, Ratchet & Clank suit le même modèle et débarque sur PS4 avec ce nouveau volet destiné à relancer la saga. Verdict ?
Synopsis : Ratchet, un jeune Lombax mécanicien qui rêve de devenir ranger galactique fait la rencontre de Clank, un petit robot doté d’une grande intelligence. À eux deux, ils vont devoir trouver un moyen d’arrêter les plans de destruction du président Drek ainsi que du Dr Nefarious. Ils pourront compter sur les rangers et sur l’incompétent Capitaine Qwark, pourtant adoré dans la Galaxie de Solana.
Avant toute chose, une petite présentation s’impose. Série débutée en 2002 sur PS2, Ratchet & Clank a connu un grand nombre de suites sur PS2 et PS3. Pour l’arrivée de la saga sur PS4, les équipes du studio Insomniac Games ont toutefois pris une décision étonnante : faire fi de l’univers scénaristique mis en place depuis quatorze ans en optant pour un remake du premier opus couplé à la sortie simultanée d’un film, dont voici notre critique. Enfin, « remake », le mot risque de faire débat car si il reprend bon nombre d’éléments du premier jeu, Ratchet & Clank PS4 y ajoute également pas mal de nouveautés qui le rapprochent, à nos yeux en tout cas, davantage d’un reboot. De quoi satisfaire autant les néophytes que les puristes.
Et satisfaits, vous avez de grandes chances de l’être tant Ratchet & Clank PS4 est un vrai bonheur à arpenter tout en se permettant de combler l’un des plus grands manques de la ludothèque PS4 : les jeux de plates-formes cartoon ! En effet, si vous êtes joueur PS4, vous aurez peut-être noté combien la petite dernière de Sony manquait de jeux de plates-formes déjantés auxquels nous avons pourtant été habitué depuis la PS1 (Crash Bandicoot, Spyro, Jak & Daxter, Ratchet & Clank, Puppeteer…). C’est peut-être devant ce constat – et devant l’accueil mitigé de la tentative made by Sony Knack – qu’Insomniac Games a senti que l’heure était venue pour ses deux héros majeurs de revenir sur le devant de la scène. Et en beauté, s’il vous plait !
Car oui, que ce soit dit, Ratchet & Clank PS4 est vraiment beau, un pur plaisir pour les mirettes. Personnages, décors, effets visuels divers… Absolument rien n’est laissé au hasard, si bien que la limite entre jeu vidéo et film d’animation n’a jamais semblé aussi fine. Pour preuve, la différence de qualité visuelle entre le jeu et les extraits du film qui jalonnent la progression sont quasiment imperceptibles. Autant dire que l’univers coloré du jeu en ressort sublimé, bien aidé par la multitude de différentes planètes à visiter.
Côté gameplay, si les héros répondent au doigt et à l’œil, on appréciera qu’Insomniac Games ait conservé une approche old-school avec ce que cela implique de sauts millimitrés, d’absence de murs invisibles (attention à ne pas tomber dans le vide par mégarde) et d’ennemis parfois ardus à terrasser. A ce titre, la difficulté de certains boss nous renvoie illico à tous ces jeux ayant cédé aux sirènes de la casualisation depuis quelques années, endormant nos réflexes avec le temps. Autant vous y préparer, les boss de Ratchet & Clank sont parfois vraiment ardus à terrasser et vous n’aurez pas trop de votre immense arsenal pour en venir à bout. A ce sujet, les fans devraient être heureux de retrouver plusieurs armes des précédents jeux (y compris postérieures au premier Ratchet & Clank) ainsi que quelques nouveautés comme le Pixelizer. Quant aux néophytes, préparez-vous à franchement vous éclater en découvrant cet arsenal totalement barré allant des classiques pistolets et lance-missiles jusqu’au Moutonator (qui transforme vos ennemis en moutons) en passant par le cultissime Groovitron qui contamine vos ennemis à la Fièvre du Samedi Soir pour un résultat juste hilarant ! Fin du fin, toutes les armes sont achetables et personnalisables dans les stands Gadgetron qui parsèment le jeu. Et pour varier les plaisirs, saluons le retour des séquences aériennes, des courses d’Overboard et des phases de Glissorail.
Scénaristiquement, Ratchet & Clank PS4 se pose entre la trame du premier opus PS2 et du film récemment sorti, reprenant des éléments des deux œuvres (scénario, cinématiques, extraits de film…) tout en y ajoutant quelques nouveautés (Qwark narrant l’histoire depuis sa prison) pour aboutir à un résultat sympathique et à peu près cohérent, mais malheureusement un peu en-deça de ce que l’on aurait pu espérer. La narration ne sert finalement ici que de prétexte, mais si l’on repense aux jeux de l’époque, disons qu’on reste dans la même veine old-school. On regrettera juste que Insomniac Games n’ait pas davantage poussé l’aspect narratif tant, avec le développement simultanée du film et du jeu, le potentiel était là pour offrir quelques chose de vraiment original et mémorable dans la catégorie transmédia.
Enfin, un mot sur le doublage : alors que les fans se déchainent sur le doublage du film et notamment la présence de Squeezie dans le rôle de Ratchet, le jeu redonne ce rôle à Cyrille Artaux, doubleur de Ratchet depuis Opération Destruction. Si les fans apprécieront, il faut bien avouer que les néophytes risquent de tiquer. Non pas que Artaux joue mal, au contraire. Mais la voix de Saul Goodman (Breaking Bad/Better Call Saul) ou Deutch (The Shield) sur le corps d’un jeune Lombax, ça fait franchement bizarre. Idem pour Qwark avec la voix du 2e doubleur de Bender dans Futurama, là où le film accueillait Patrick Poivey (VF de Bruce Willis) dans le même rôle. Le reste du doublage est correct, mais ne devrait pas vraiment marquer les esprits, à l’exception du toujours excellent Philippe Peythieu (Homer Simpson, Danny DeVito) dans le rôle du Dr Nefarious. Ironiquement, là où le film faisait hurler les puristes, ce sont donc les néophytes qui risquent de s’interroger sur la qualité du doublage du jeu. Quitte à reprendre la saga à ses débuts pour le film et le jeu, on en viendrait même à se dire qu’il aurait presque été plus sage de prendre un tout nouveau casting vocal qui soit commun aux deux œuvres. Ou au moins de laisser le choix de la VOST dans le jeu. Quant au reste de l’univers sonore (musiques, effets), il est dans la droite lignée de l’univers visuel : excellent.
Au final, si Ratchet & Clank décevra un chouia sur le plan narratif et sur celui du doublage, il n’en reste pas moins le jeu de plates-formes déjanté qui manquait cruellement à la PS4. Visuellement superbe, son gameplay old-school est également un vrai bonheur qui nous donnera une seule envie, après la douzaine d’heures que devrait vous demander l’aventure : relancer ces bons vieux Crash Bandicoot, Jak & Daxter et évidemment les précédents Ratchet & Clank. Dans tous les cas, on attend qu’une chose désormais : la suite !