2077 : Jack Harper, en station sur la planète Terre dont toute la population a été évacuée, est en charge de la sécurité et de la réparation des drones. Suite à des décennies de guerre contre une force extra-terrestre terrifiante qui a ravagé la Terre, Jack fait partie d’une gigantesque opération d’extraction des dernières ressources nécessaires à la survie des siens. Sa mission touche à sa fin. Dans à peine deux semaines, il rejoindra le reste des survivants dans une colonie spatiale à des milliers de kilomètres de cette planète dévastée qu’il considère néanmoins comme son chez-lui.
L’avis de Manuel Yvernault :
Le cinéma de Joseph Kosinski est avant tout graphique. Réalisateur de publicités pour jeux vidéos, spécialiste des effets spéciaux, il a fait ses premiers pas dans le long-métrage avec Tron : Legacy. Le voilà donc à la tête de l’adaptation de son propre roman graphique, co-créé avec Arvid Nelson, Oblivion.
Si le film porte la lourde étiquette de blockbuster de studio avec, selon certains avis, la valise que peut-être Tom Cruise et son image un peu écornée, le melting-pot de talents à différents postes finit pas remporter l’adhésion au bout de deux heures.
Commençons par Tom Cruise, star de la fin des années 80, début 90, d’un cinéma entertainment, l’acteur à vue son image de comédien un peu égratignée par sa vie personnelle ainsi que par une carrière cinématographique en dents de scie ces dernières années.
Et puis, il y a aussi, ceux, dont nous faisons partie, qui force de courage, de nostalgie, voire de goût assumé, apprécie réellement les prestations du comédien, icône déchue mais icône d’une époque tout de même.
Un film avec Tom Cruise se découvre toujours avec cette note lourde de souvenirs d’ado.
Contrat encore une fois mené à son terme puisque la prestation du comédien, qui n’a plus besoin de prouver qu’il sait jouer (Magnolia, Né un 4 juillet), livre une de ses prestations les plus connues, les moins originales, mais des plus efficaces, du Tom Cruise « pur jus », là on aime ou pas, forcément.
Alors que certains de ses derniers films passaient allégrement de passable à mauvais (Lions et agneaux, Night and Day, Rock Forever) le retour amorcé avec Jack Reacher est bel et bien validé. Rictus « présent », œil plissé « présent », colère Cruisesque « présente », émotion et partitions romantiques « présentes ».
Quant à Olga Kurylenko, malgré le charme dispersé tout au long du film, fera regretter Jessica Chastain, longtemps pressentie pour le rôle, avant un problème d’emploi du temps.
Ok, tout le monde est là on peut lancer la Red (caméra).
Mais le film, que vaut-il ? Il semblerait que Joseph Kosinski en peu de temps est appris à cadrer et à découper un film. Là, c’est plutôt intéressant. Il est vrai, bien aidé par Richard Francis-Bruce son monteur (Seven, Les Evadés, Rock). Sur le plan de la réalisation, c’est relativement correct mais cela ne suffit pas, alors on ajoute une bonne dose d’effets spéciaux très convaincants et même parfois bluffants, car paradoxalement, dans l’économie de certaines séquences, visuellement Oblivion est très prenant.
On nappe le tout avec la photo de Claudio Miranda, directeur de la photo (oscarisé récemment sur Pi, déjà de l’aventure sur Tron), en somme, un chef op. de l’image numérique, il faut aimer, et on classe le tout dans une catégorie spéciale de cinéma ; mais cela produit un bel effet.
Alors comme tout se situe plutôt dans la moyenne haute des productions du genre, on continue dans la même direction, un scénario, basique dans le genre SF, bien qu’original par moments. Il s’avère finalement rythmé mais plutôt convenu surtout dans son final qu’on sent vraiment venir.
On a presque oublié de parler d’un autre élément du film, la musique, de M83 (made in France). Dilemme. Souvent assez bien composée, on sent tout de même les influences de Hans Zimmer, Jerry Goldsmith, Silvestri, Newton-Howard, bref c’est du connu mais relativement bien fait.
Si le score s’avère donc séduisant il prend hélas parfois l’ascendant sur l’image, là où un silence aurait été plus judicieux, les nappes musicales envahissent jusqu’à l’espace visuel du spectateur.
Oblivion est donc par la conjugaison d’éléments corrects sans être parfaits, un petit renouveau visuel du cinéma de science-fiction, là où le scénario échoue à toucher l’originalité, les comédiens (Cruise, Kurylenko, Morgan Freeman, Andrea Riseborough), la réalisation très graphique et l’univers sonore du film (musique et un montage son impeccable) contribuent à créer une œuvre relativement remarquable dans sa modernité visuelle, et touchant par son scénario simple mais efficace.
L’avis de NicoH :
Sous ce titre qui fera grincer des dents bon nombre de joueurs, se cache en fait la nouvelle incursion de Tom Cruise dans le registre SF (après notamment Minority Report ou la Guerre des Mondes). Mis en boite par Joseph Kosinski, « responsable » de Tron l’Héritage, Oblivion n’est en soi pas un mauvais film, mais souffre de trop nombreuses lacunes qui en empêcheront beaucoup de le considérer comme un bon film. Explications :
– 1 : L’histoire : Prometteuse, l’intrigue l’est assurément, brassant de nombreux thèmes chers à la SF et au post-apocalyptique : la fin de l’espèce humaine, la « mort » de la planète Terre, les envahisseurs aliens, la quête de l’identité (il y en a bien d’autres, mais on les passera sous silence pour éviter de spoiler)… Le potentiel était réellement là, mais à l’image de ce que Kosinski avait fait de l’univers de Tron dans « L’Héritage », il se trouve ici totalement amoindri, voire gâché par des choix d’écriture, de mise en scène et de montage. Résultat : au bout d’une heure, le spectateur est encore dans le brouillard, et les révélations pourtant intéressantes (quoique fichtrement téléphonées – l’auteur de ces lignes était quasi-vierge de tout extrait ou spoiler, et pourtant les moindres révélations ou surprises se devinent largement à l’avance) de perdre tout leur potentiel émotionnel et scénaristique.
– 2 : la mise en scène : on fera simple, on a parfois l’impression d’être dans la suite de Tron l’Héritage (qui d’ailleurs devrait se dérouler dans notre monde). On aime ou on aime pas.
3 – La durée : à l’heure où les blockbusters dits « sérieux » se doivent d’approcher ou dépasser les deux heures, force est d’avouer qu’Oblivion aurait gagné à condenser son contenu sur vingt minutes de moins.
4 – les références : LE point qui risque d’en faire rager plus d’un, parmi ceux dont la culture mêle autant cinéma que jeu vidéo. C’est bien simple, entre l’histoire et la mise en scène, on a parfois l’impression de se retrouver dans un maelstrom de (en vrac) Matrix, The Island, The One ou encore Portal 2. On pense même par moments à l’univers de Démolition Man, c’est dire… Certains appelleront à l’hommage ou au clin d’œil, on leur répondra qu’il y a des limites à toute chose…
Ceci dit, tout n’est pas noir en ce royaume, et malgré ses défauts, Oblivion pourra plaire, notamment grâce à ses effets spéciaux (les décors ont une sacré gueule, il faut l’avouer) et surtout son casting. Tom Cruise a beau nous faire du Tom Cruise, il reste le meilleur à ce jeu, tout en laissant aux autres personnages leurs petits moments (mention à Andrea Riseborough). On sera également content de voir la bouille de Nikolaj Coster-Waldau, même si il ne sera jamais aussi bon que dans la peau d’un Lannister.
Au final, Oblivion est un pur blockbuster hollywoodien. Porté par ses stars, sans réelle originalité, mais sans réel déplaisir non plus, il se savoure comme un produit pop-corn et s’oubliera sûrement tout aussi vite.