À Milan, au milieu des années 1970, un mystérieux tueur, vêtu d’une combinaison noire, le visage dissimulé sous un casque de moto, s’est mis en tête d’occire le personnel du Studio Albatros, une agence de mannequins. Deux photographes, Magda Cortis et Carlo Gunter, mènent l’enquête, ignorant que cette vague de meurtres sauvages est liée à la mort récente d’une jeune femme, suite à un avortement clandestin.
Après quelques films dont L’île au trésor en 1972 (avec Orson Welles au casting) auquel il participera en tant que premier assistant de réalisation, Andrea Bianchi signe le giallo Nue pour l’assassin (Nude per l’assassino) en 1975.
Tout comme un certain Mario Bava et son Six femmes pour l’assassin (1968), Bianchi pose les bases de son intrigue dans l’univers de la mode. Malgré quelques bonnes idées, le film ne sera pas aussi marquant et inventif que son prédécesseur. On retrouve certes tous les ingrédients d’un bon giallo, mais Bianchi exploite visiblement un peu trop celui de l’érotisme. Il suffit simplement de voir la scène d’ouverture pour s’en rendre compte (quoique le titre étant déjà un bon indice). En effet, le film enchaîne les scènes de nudités parfois un peu trop gratuites, on a l’impression que tout est prétexte à voir. C’est finalement là un des intérêts du film : la question du regard.
La mise en scène place le spectateur dans une position de voyeuriste, un thème cher au genre. La caméra est même présente physiquement dans une scène : une des jeunes femmes jette un de ses vêtements qui vient recouvrir l’objectif. On assiste aussi, de manière assez frontale, à une série de meurtres violents perpétrés à l’arme blanche par un tueur masqué. Le meurtrier dissimule son identité derrière un casque de moto et une combinaison de cuir, une variation plutôt sympathique du tueur type aux mains gantées. Quant au dénouement on reste assez perplexe, la clé de l’énigme est finalement peu (voir pas du tout) convaincante. La motivation du tueur rappelle d’ailleurs celle de l’assassin de l’excellent Mais qu’avez-vous fait à Solange ?, paru également chez Le Chat qui fume, (un titre à ne pas rater).
Un autre point positif du film réside dans son casting. On retrouve la sublime Edwige Fenech (L’Étrange vice de Madame Wardh) qui commençait peu à peu à s’éloigner du giallo. A ses côtés Nino Castelnuovo, connu pour son rôle dans Les Parapluies de Cherbourg (1964) de Jacques Demy, incarne ici Carlo un photographe assez imbuvable avec les femmes. On se serait d’ailleurs bien volontiers passé de sa dernière réplique (on vous laisse le plaisir de la découvrir).
En résumé, Nue pour l’assassin n’est pas l’une des meilleures productions que le giallo ait porté mais possède des qualités de mise en scène qui plairont aux amateurs du genre. La restauration du Chat qui fume aura le mérite de le (re)découvrir dans une très belle version haute définition.
Technique
Nue pour l’assassin est un bel objet signé Le Chat qui fume, le design du digipack à trois volets est particulièrement beau. Côté image, le travail de restauration est tout à fait réussi, l’image est parfois instable à quelques moment mais n’entrave aucunement le plaisir de la haute définition. Les couleurs sont tout à fait respectées (voire même sublimées) et les détails très bien restitués. Côté acoustique : aucun défaut, le mixage italien en DTS-HD MA2.0 est tout à fait agréable à l’écoute, les dialogues sont clairs et trouvent un bon équilibre avec la musique.
Bonus
Pour les supplément, une interview avec l’actrice Erna Schurer est proposée, elle incarne Doris dans le film. Elle revient sur les débuts de sa carrière, sa collaboration avec Andrea Bianchi et l’expérience qu’elle a vécu durant le tournage. Nous avons ensuite un entretien d’archive avec Nino Castelnuovo retraçant plus sa carrière que son expérience du film qu’il avoue avoir un peu oublié.
