En raison d’une épidémie de grippe canine, le maire de Megasaki ordonne la mise en quarantaine de tous les chiens de la ville, envoyés sur une île qui devient alors l’Ile aux Chiens. Le jeune Atari, 12 ans, vole un avion et se rend sur l’île pour rechercher son fidèle compagnon, Spots. Aidé par une bande de cinq chiens intrépides et attachants, il découvre une conspiration qui menace la ville.
L’avis de Manu
Découvert avec le brillant Rushmore, Wes Anderson avait imprimé son style tout au long de sa filmographie. Créant un univers et une marque dont son cinéma était dès lors imprimé. Après un passage réussi à l’animation, Fantastic Mr. Fox, ont suivi, hors courts et pubs, Moonrise Kingdom et The Grand Budapest Hotel.
C’est donc par le biais du stop motion qu’il fait son retour à l’animation, technique qui lui avait si bien réussi avec Fantastic Mr. Fox. L’île aux chiens semble être avant tout un très bel hommage au Japon dans un écrin visuel totalement enjoué et imprégné d’idées à la minute. Et pourtant nous sommes toujours et encore en plein univers « andersonien ». Si la fibre cinématographique du metteur en scène est moins présente, support oblige, les idées et le mode de narration (micro-ellipses, très découpé…) sont celles que l’on retrouve dans tous les films du cinéaste. Autant dire qu’il ne pourra sans doute par conquérir un nouveau public ici mais il continue de valider tout le talent que ses fans (ou moins fans) lui trouvent. L’île aux chiens est un petit bijou de stop motion, et c’est son principal argument face à ce qui gâche un peu (vraiment un peu) l’ensemble du film. C’est le manque de fluidité du récit qui interpelle un peu, trop découpé, passe d’armes d’une séquence à une autre sans réelle continuité, avec cette sensation de chaos « organisé ». Mais c’est aussi ça la patte Anderson, un univers barré, parfois baroque, où la folie prend toujours des contours poétiques et son nouveau terrain de jeu de marionnettes à quatre pattes est parfait pour exécuter et mettre en scène son récit. Entre douce rêverie et folie moderne, avec un accent critique de certaines sociétés modernes sans doute plus « dingues » que son film dans leur aspect premier, L’île aux chiens permet donc de s’évader un long moment, à travers une plastique éblouissante dans une mise en scène aux trouvailles visuelles constamment surprenante et renouvelée.
Moins objectivement on restera sur la version originale et non doublée tant le casting français composé de comédiens trop connus font de l’ombre aux personnages qu’ils doublent, un détail, mais bon.
L’île aux chiens est sans surprise un pur film de Wes Anderson qui s’il ne retrouve pas pleinement le génie de The Grand Budapest Hotel s’avère une excellente réussite d’un metteur en scène unique et inclassable comme pouvait l’être Tati à son époque.