L'Enfer des Zombies
L'Enfer des Zombies

L’Enfer des Zombies

Réalisateur
Lucio Fulci
Acteurs
Ian McCullogh, Richard Johnson, et Tisa Farrow
Pays
Italie
Genre
Epouvante et Horreur
Durée
91 min
Titre Original
Zombie 2
Notre score
7

Un navire accoste au port de New York sans âme qui vive, à l’exception d’un zombie qui attaque deux des Gardes côtes. La fille du propriétaire du bateau, Anne Bowles, interroge les policiers présents sur la scène du crime afin d’obtenir des informations sur son père, qui se trouvait aux Antilles. Avec l’aide du journaliste Peter West, ils décident d’aller enquêter sur place. Ils se rendent sur l’île de Matu avec Brian Hull et Susan Barrett. Ils y rencontrent le docteur David Menard, qui tente d’inventer un remède contre une maladie qui ramène les morts à la vie, les changeant en zombies cannibales.

L’avis de Margaux

L’enfer des Zombies (Zombi 2) est un film marquant dans la filmographie de Lucio Fulci. Véritable tournant dans sa carrière, il acquiert au fil du temps le statut de film culte dans le genre. En effet, le film de zombie, très en vogue à l’époque, donne lieu à une flopée de productions. C’est donc, juste après l’immense succès du Zombie (1978) de George A. Romero, que Fulci est choisi pour mettre en image le scénario de Dardano Sacchetti (non crédité au générique). Le titre malicieux de Zombi 2 lui permet ainsi de surfer sur la vague des nombreux films de morts vivants. Mais Fulci ne signe pas ici un film insignifiant noyé dans la production de films d’horreur de l’époque. L’enfer des Zombies est un film réussi, marqué de la patte d’un auteur inventif et unique en son genre. Le film traverse le temps et ce n’est pas près de s’arrêter puisque l’éditeur français Artus Film sort une superbe version Blu-ray : l’occasion de (re)découvrir un grand film.

En plus de la figure du mort vivant, Lucio Fulci intègre la thématique du vaudou rappelant une certaine époque du cinéma d’horreur avec des réalisations comme Vaudou (1943) de Jacques Tourneur. L’enfer des Zombies situe lui aussi son intrigue dans les îles et ce lieu paradisiaque va rapidement se transformer en un lieu cauchemardesque et anxiogène. Lucio Fulci parvient à créer une atmosphère onirique à la fois poétique et macabre. La mise en scène engendre de magnifiques plans dont certains cadrages donnent une dimension inquiétante aux espaces. L’utilisation de la lumière délivre du sens aux images, c’est ainsi que la lutte entre la femme du docteur Ménard et le zombie qui tente de la dévorer se transforme en un combat de la lumière contre les ténèbres. La jeune femme essaie de retenir la porte derrière laquelle le monstre use de sa force pour entrer. La caméra, centrée sur la porte en train de s’ouvrir, se décale sur la droite pour se focaliser uniquement sur la lumière que laisse s’échapper l’ouverture. Ayant côtoyé beaucoup de genres différents (western, comique, aventure, giallo…), Fulci développe par le biais de ses expériences cinématographiques une mise en scène riche. L’une des principales forces du film tient justement à ce mélange des genres.

Chez Fulci, ce travail de la mise en scène et cette poésie de l’image côtoient l’horreur. La violence est indissociable du cinéma de Lucio Fulci et l’utilisation du gore n’est pas simplement gratuit. Le cinéaste a bien compris les enjeux du film d’horreur et apporte au spectateur ce qu’il désire voir au fond de lui. La vision est, en effet, un axe majeur de son cinéma, la présence des yeux à l’image est très caractéristique. Comme souvent dans ses gialli, il utilise la caméra subjective pour traduire la vision d’un personnage à l’écran. Le spectateur est ainsi placé dans la peau de l’assassin, ou ici du monstre. Propulsé dans une position de voyeuriste, il est à l’instant suivant forcé de voir l’horreur. La scène d’énucléation de la jeune femme sur une lame de bois est une épreuve que l’on oublie pas de si tôt.  Chez Fulci les zombies sont, à l’opposé des humains, des créatures non voyantes qui se déplacent pour la plupart les yeux fermés, guidés seulement par leurs pulsions meurtrières. La violence est aussi un témoignage, un constat sur le monde. Comme souvent chez Fulci, un désenchantement permanent plane sur ses films. Les zombies de L’Enfer des zombies représentent un passé enfoui qui resurgit pour faire payer les fautes commises. C’est ce qu’illustre si bien la scène du cimetière où reviennent à la vie les conquistadors qui avaient envahi autrefois les populations indigènes. Le superbe plan final marque ainsi la sentence.

L’Enfer des zombies est un film qui, malgré les années, perdure dans temps et continue de trouver une légitimité auprès du public. Les rares imperfections du film dues à certains jeux d’acteurs ou à certains effets sont très vite oubliées par le reste.

L'Enfer des Zombies

Technique

Visuellement, le rendu est magnifique. La colorimétrie est très bien équilibrée et l’image présente de beaux contrastes. La restauration 2K d’Artus redonne au travail de Sergio Salavati (directeur de la photographie) toute sa valeur. Certains détails sont révélés par la définition et le lissage de l’image, quant à lui, ne laisse peu de place au grain d’origine mais cet élément n’entrave pas le plaisir de (re)découvrir le film dans de si belles conditions. Le film est, bien évidemment, disponible dans sa version intégrale non censurée. Le combo Blu-ray/DVD est très réussi et, en plus de ses nombreux bonus, un livre passionnant de 80 pages rédigé par un collectif et supervisé par Lionel Grenier est proposé en complément.

Bonus

Côté bonus, Artus Film propose plusieurs entretiens pour prolonger l’expérience après le film. Quand les morts sortiront de leurs tombes est un entretien avec Lionel Grenier (luciofulci.fr), spécialiste français de Fulci. Il revient sur la carrière du cinéaste ainsi que sur le film et son contexte de production. Dans De sang et d’encre c’est Dardano Sacchetti, scénariste, qui parle du film et de ses expériences dans le cinéma en général. Par le biais de plusieurs anecdotes, il revient sur le lancement du film et l’arrivée à la réalisation de Lucio Fulci. Sacchetti évoque ensuite la postérité du film ainsi que ses autres collaborations avec le cinéaste (Frayeurs, L’au-delà…). Dans L’île des morts vivants, Maurizio Trani, maquilleur, raconte ses débuts dans le cinéma puis la rencontre avec Giannetto De Rossi qui l’a conduit sur le tournage de L’enfer des zombies. Après quelques anecdotes amusantes sur le tournage, il explique certains des trucages notamment celui de l’œil crevé. Pour finir Alain Petit, à l’époque programmateur au sein de Canal + dans l’émission Quartier Interdit, raconte le projet de diffusion du film sur la chaîne et les problèmes de censure qu’il a rencontré. Deux films annonce clôturent les suppléments : la version originale italienne ainsi que la version française d’époque.

 

L'Enfer des Zombies
L’Enfer des Zombies
7
Plugin WordPress Cookie par Real Cookie Banner