Alors qu’elle prend des clichés de ruines dans la campagne anglaise, la photographe américaine Jill Trevers s’introduit dans un caveau ouvert où elle trouve un micro. Entendant parler de Robert Miles, un homme qui vit en reclus et enregistre les morts dans le but de communiquer avec eux, elle le rencontrer, et découvre la relation étrange qui le lie à son chat noir, chat dont les villageois ne soupçonnent pas qu’il est la cause de bien des morts « accidentelles » survenues récemment. L’inspecteur Gorley de Scotland Yard est bientôt dépêché sur les lieux pour éclaircir les faits.
Véritable artisan du cinéma italien, Lucio Fulci se base pour ce film sur la nouvelle éponyme d’Edgar Allan Poe. Forcément, tous les ingrédients sont là pour inspirer le cinéaste : de la présence d’un être maléfique à la séquence finale d’une emmurée vivante, tout est là. Dans Le Chat Noir, Fulci situe son intrigue en Angleterre dans une ambiance gothique et parvient à créer une très belle atmosphère. Le réalisateur transalpin est en effet un maître en la matière et pour meilleur exemple, voyez simplement L’Au delà (1981).
Le Chat Noir raconte l’étrange rapport entre un vieux professeur au don de voyance et son chat. L’intrigue ne décolle pas vraiment, mais le film parvient à accrocher l’œil par sa mise en scène qui insuffle, tout au long du film, un parfum de fantastique. On pense à ce travelling réussi au ras du sol dans une ruelle sombre la nuit. Les gros plans sur les yeux, un leitmotiv dans sa filmographie, sont bien utilisés : tantôt sur les protagonistes, tantôt sur le chat, ces regards agissent sur le spectateur comme de véritables passerelles vers un monde inquiétant. Le regard et le point de vue sont effectivement des aspects essentiels et des enjeux majeurs de son travail.
La musique de Pino Donnaggio, célèbre également pour sa collaboration avec Brian De Palma sur Body Double ou encore Blow Out, participe à cette atmosphère planante. Le thème, qui accompagne principalement les scènes avec le chat, est particulièrement réussi.
L’horreur n’est cependant pas laissée de côté, certains plans et séquences parviennent à marquer les esprits : le jeune couple enfermé dans une pièce hermétique suffoquant peu à peu jusqu’à mourir d’asphyxie pour ensuite être retrouvé en putréfaction en est un bon exemple.
Malgré de très bonnes idées de mise en scène, et un véritable travail sur l’atmosphère, le film reste quand même en deçà de ce qu’il a pu faire auparavant (Frayeurs, 1980) ou même juste après (L’Au-delà, 1981). L’intrigue met du temps à se mettre en place et on ne comprend pas vraiment sa direction, mais finalement l’enjeu du film est peut être ailleurs dans l’énergie créée par une mise en scène affirmée. En bref, les fans seront ravis.
Technique
Voilà un beau master proposé par Le Chat qui fume. La colorimétrie est bien respectée, l’image offre de beaux détails et un beau contraste qui sublime cette ambiance à la limite de l’onirisme. Deux pistes sonores sont proposées, (français et italien DTS-HD MA 2.0), chacune bien équilibrée entre musique et dialogues. Un petit regret qu’il n’y ait pas de version anglaise. Et n’oublions pas ce sublime étui, un fourreau en trois volets qui fait, avec cette magnifique illustration de chat menaçant, honneur à son éditeur.
Bonus
Côté bonus, c’est généreux et passionnant ! L’édition propose tout d’abord un entretien avec le scénariste Biagio Proietti qui revient sur le film et nous parle de sa fascination pour Edgar Allan Poe. Il est aussi question de musique avec Pino Donnaggio qui raconte la genèse du projet. C’est ensuite le cameraman Roberto Forges Davanzati qui parle de sa rencontre avec Fulci mais aussi de son expérience sur le plateau. Aenigma : Fucli et les années 80, un documentaire de près d’une heure est également disponible en dans les suppléments.