1958, alors que la révolution gronde à Beyrouth, trois sœurs passent l’été en villégiature dans un village reculé de la montagne libanaise. Il y a Nada, la rebelle, Eva, la romantique et surtout Layla, l’aînée, bien sous tous rapports et appréciée de tous. Mais cet été là, le danger de la guerre qui approche et l’arrivée de deux estivants français, poussent Layla, la mère et l’épouse parfaite, à envoyer valser les apparences et à se révolter contre cette société patriarcale qui la tient sous contrôle.
Vu pendant les rencontres du cinéma de Gérardmer 2023
La bande annonce La nuit du verre d’eau
Notre avis :
La nuit du verre d’eau réalisé par Carlos Chahine, est un drame poignant qui plonge les spectateurs dans le Liban de 1958, période à laquelle la révolution éclate à Beyrouth.
Le film dépeint l’histoire de trois sœurs, Nada, Eva, et Layla. Layla, interprétée par Marilyne Naaman, est l’aînée des sœurs, une femme respectée et aimée de tous, dont la vie a été, à première vue, parfaitement tracée par la tradition. Elle est mariée et a un fils.
Deux touristes français, la mère, Hélène (Nathalie Baye) et son fils, René (Pierre Rochefort), arrivent dans leur village tranquille. Marilyne Naaman dépeint admirablement le conflit intérieur de Layla, une femme contrainte à un mariage non désiré mais qui, malgré tout, apprécie son mari et son fils. Sa rencontre avec René sert de catalyseur à son désir de liberté et à son insoumission contre les normes de la société libanaise.
Le film n’est pas seulement une histoire d’amour clandestine. C’est une exploration de l’émancipation de la femme dans une société contrainte par des traditions patriarcales strictes. Les scènes intimes entre Layla et René sont filmées avec une délicatesse qui les rend à la fois viscéralement réelles et touchantes, soulignant l’aspect physique de leur liaison. Le film n’est pas une simple histoire d’amour mais aussi l’histoire d’une femme qui prend les rênes de sa vie. C’est d’ailleurs elle qui ira vers René.
Le Liban de 1958 est montré à travers les paysages somptueux. Les contrastes des paysages libanais et de ce village isolé accentuent les tensions du film. On ne voit jamais le conflit pendant le film. On sait qu’il est présent et que les hommes doivent y faire fasse.
Le film dépeint la lutte silencieuse d’un homme du village confronté à son homosexualité. Dans une société où l’expression de l’homosexualité est taboue, ce personnage est contraint de dissimuler sa véritable identité. Chaque personne du village le sait et se moque de lui notamment avec la scène des tirs au fusils. Sa vérité n’est dévoilée qu’à Layla, une femme elle-même en pleine rébellion contre le statu quo. Le traitement de l’homosexualité par Chahine est juste avec l’expression de la douleur du personnage qui ne peut vivre pleinement sa vérité, tout en soulignant la force de caractère dont il fait preuve en restant fidèle à lui-même dans un environnement hostile.
Marilyne Naaman, dans le rôle de Layla, offre une performance nuancée et convaincante, dépeignant avec émotion le conflit intérieur de son personnage. Nathalie Baye livre une interprétation subtile et touchante de femme libérée aux nombreux amants, tandis que Pierre Rochefort est parfait dans le rôle de René, le jeune homme français qui réveille en Layla un désir refoulé.
En conclusion, La nuit du verre d’eau est un film passionnant qui transcende la barrière de la langue, de l’époque et de la culture grâce à son histoire universelle d’amour, de rébellion et d’émancipation. C’est un regard brut et authentique sur le combat de la femme pour sa liberté dans une société patriarcale. J’ai été complètement conquis par cette passionnante histoire que je recommande fortement.
