Alors qu’ils traversent une région isolée du pays de Galles, M. et Mme Waverton et leur ami Philip sont pris dans une terrible tempête. Ils trouvent refuge dans une vieille demeure tenue par Rebecca Femm et son frère Horace, secondés par Morgan, leur étrange majordome muet et défiguré. Alors que deux autres visiteurs sont également hébergés, leurs hôtes font preuve d’un comportement de plus en plus terrifiant…
Produit par Universal, le film La maison de la mort (The old dark house) est réalisé en 1932 par James Whale, un an après Frankenstein.
D’après un roman de J.B.Priestley écrit en 1928, La maison de la mort raconte les mésaventures de deux groupes d’adultes qui échouent successivement dans une demeure isolée du pays de Galles pour échapper à une tempête. Différences classes sociales doivent cohabiter et vont s’affronter : des citadins aisés, de la haute société britannique, doivent faire face à une famille de dingues, freaks dégénérés, le temps d’une nuit d’orage. Les hôtes inquiétants sont la vieille propriétaire à l’aspect de sorcière, son mari au teint cadavérique toujours inquiet, leur majordome décrit par son patron comme un animal, un vieillard de 102 ans qui parle de maison maudite et enfin le fils aîné des proprios dont on dit qu’il est enfermé dans sa chambre car très dangereux. A noter que ces hôtes génèrent leur propre électricité, écho de Frankenstein comme la présence du majordome muet bestial et ce cri « he’s alive! ».
La mise en scène brillante de James Whale fait des merveilles dans la présentation de ces personnages horrifiques : apparition frappante du majordome au visage scarifié interprété par le légendaire Boris Karloff (superbe maquillage de Jack Pierce) à travers la porte d’entrée entrebâillée, celle du fils aîné Saul dévoilée juste avec le gros plan de sa main accrochée à un escalier et précédée par le retentissement de son rire démoniaque à la Joker. Entre expressionnisme allemand et gothique US, Whale pose les jalons du genre de la maison hantée; il déploie une imagerie horrifique saisissante avec cette maison inquiétante, ses miroirs déformants, ses ombres menaçantes et un environnement sonore glaçant, le sifflement permanent du vent, une voix d’enfant qui appelle aide derrière une porte fermée.
Comme la plupart des films de Whale, La Maison de la mort mêle la comédie de moeurs et l’horreur gothique, la théâtralité et la terreur. Y est injecté beaucoup d’humour (« Nous allons passer une soirée pitoyable » se lamente un hôte qui commence à s’ennuyer; la jeune Margaret lance devant la porte fermée de la demeure : « Ne serait-ce pas dramatique : imaginez que les habitants soient morts étendus dans la pénombre, des lampes jetant une lumière paisible alentour… »!). Parmi les grands moments du film citons l’affrontement de la belle et la bête, la blonde poursuivie par le bestial majordome ivre.
Cette petite pépite d’horreur gothique produite par Universal est à découvrir grâce à Carlotta dans une splendide remasterisation 4K.
Technique
Nous est proposée une très belle restauration 4K avec une définition assez incroyable et un superbe N&B. L’unique piste sonore est la VO en mono 1.0 DTS HD MA, claire.
Bonus
2 petits suppléments intéressants au programme de cette édition blu-ray Carlotta :
–Discussion avec la fille de Karloff (15′) : le film et la carrière de son père sont évoqués par Sara Karloff. Elle nous rappelle qu’en 1932 sont sortis 4 classiques interprétés par son père : Scarface, La maison de la mort, Le masque de la mort, La momie.
–Sauvetage d’un classique (7′) : court module sur la restauration de ce film longtemps invisible (les droits d’adaptation du studio ont expiré en 58).