Inspiré d’une histoire vraie, JOY décrit le fascinant et émouvant parcours, sur 40 ans, d’une femme farouchement déterminée à réussir, en dépit de son excentrique et dysfonctionnelle famille, et à fonder un empire d’un milliard de dollars. Au-delà de la femme d’exception, Joy incarne le rêve américain dans cette comédie dramatique, mêlant portrait de famille, trahisons, déraison et sentiments.
Avis de Fabien
David O.Russell retrouve après l’électrisant Happiness Therapy et le sympathique American Bluff son actrice fétiche Jennifer Lawrence pour Joy, hommage aux femmes audacieuses dont cette superbe héroïne du quotidien dévouée à sa famille qui a réussi, en partant de rien, d’une idée géniale (penser une serpillère magique), dans le monde des affaires.
Comme souvent chez David O.Russell le personnage principal doit composer et évoluer au sein d’une famille dysfonctionnelle, originale, décalée. Véritable chef de famille, Joy vit avec ses deux enfants, sa mère cloîtrée dans sa chambre devant un soap inspide, un ex-mari chanteur fan de Tom Jones habitant au sous-sol sans oublier le retour du père fraîchement séparé de sa nouvelle femme. Bref une famille envahissante pour laquelle elle fait des sacrifices et a mis ses rêves en parenthèse mais tarde à lui rendre la pareille. Heureusement elle peut compter sur sa grand-mère, la seule (avec l’ex-mari et meilleur ami) parmi une belle brochettes d’agités du bocal et de névrosés (les parents et la demi-soeur sont grâtinés) à croire sans réserves en ses capacités à s’élever et réussir. Le cercle familial décrit comme à la fois anxiogène et réconfortant, une constante chez Russell où les scènes tragi-comiques de tensions familiales sont mémorables, verra éclore une petite entreprise florissante puis un empire.
Joy est une success history à l’américaine où une personne ordinaire accomplit l’extraordinaire, un conte moderne avec narrateur omniscient, adujvants et rivaux, flocons de neige et happy end centré sur une femme remarquable. Des coquetteries narratives (recours à la voix-off, au rêve) ne ternissent pas la réussite de ce portrait d’une femme combative magnifiquement interprétée par Jennifer Lawrence. Bien entourée par d’excellents acteurs, outre les habitués Robert DeNiro et Bradley Cooper les actrices estampillées 80’s Virginia Madsen, Isabella Rossellini et Diane Ladd, Jennifer Lawrence est filmé avec amour et joie par David O.Russell, conscient et à la hauteur du privilège de mettre en image une telle perle à la riche palette de jeu, une actrice en or que l’on devrait retrouver récompensée aux prochains Oscar.
Avis de Manu
On prend les mêmes et on recommence. Troisième film pour le trio David O. Russell, Jennifer Lawrence et Bradley Cooper.
Si la formule fonctionne toujours et encore c’est probablement parce que l’envie et la sincérité des principaux intéressés ne sont plus à prouver. Ces derniers ne semblent travailler ensemble que par simple plaisir et non par nécessité. Si Joy s’avère minimaliste par rapport aux deux précédents films, Happiness Therapy et American Bluff c’est uniquement sous ses contours scénaristiques car l’american dream que tente de dépeindre et surtout dynamiter le cinéaste est le sujet principal de son film. Si tout semble avoir été fait sur le sujet, porteur cinématographiquement, David O. Russell réussit le pari de renouveler le genre. Mais cette « histoire vraie » est avant tout un film profondément féministe en même temps qu’une peinture de la société américaine et de certaines de ses fondations, ici encore familiales. Le réalisateur prouve une fois de plus qu’il sait réaliser des films qui semblent minimes au premier abord mais qui dans leur arches s’appuient sur les archétypes sociaux d’une Amérique, qui véhiculent le rêve et soutiennent la force d’y croire afin d’accéder au succès, contre toutes embûches. Afin de ne pas érafler l’ensemble de segments trop sirupeux, le cinéaste lâche son talent, superbe découpage à l’appui, appuie son style d’une mise en scène éclectique (entre réalisme rêverie) et laisse voir entre les lignes un conte post moderne tiré d’une histoire vraie. C’est simple mais fin, et bien pensé.
On s’aperçoit alors que dans cette catégorie, David O. Russell, toujours proche de la direction envisagée lors de ses premiers films (période pré-Fighter), s’avère un conteur hors pair doublé d’un cinéaste talentueux. Toujours à démanteler les codes d’un genre ; démystifier l’american dream et en faire un conte de Noël (sorti en fin d’année) n’est pas si simple ; et pose encore un regard intelligent, comme toujours attiré, sur les familles dysfonctionnelles.
Tête d’affiche, héroïne anonyme, muse du cinéaste depuis 3 films, Jennifer Lawrence semble pouvoir tout jouer et fait preuve d’une maturité effarante qui rend aveugle le spectateur quant à son âge réel. Elle ne fait pas partie d’un grand tout d’actrices surdouées puisqu’elle semble seule à Hollywood dans cette catégorie, à ce niveau tout du moins. Elle donne ainsi plus que vie à son personnage et se l’approprie avec toute la force de caractère nécessaire. De brillant à fulgurant, son talent n’est plus à confirmer et fait désormais partie des grandes comédiennes d’Hollywood.
Joy semble nous être offert comme un petit film, pour ensuite être déballé comme un cadeau de Noël avec tous les sentiments qui peuvent accompagner un tel film. Sous le papier cadeau d’un film où les bons sentiments affleureraient, se cache finalement un film très fin et plus subtil qu’il n’y paraît dans la filmographie généreuse et unique de David O. Russell.
Test blu-ray
L’image superbe offre des couleurs variées, des contrastes solides et un piqué très précis avec une belle mise en valeur des visages des comédiens.
Les ambiances sonores et la musique sont bien réparties sur les deux pistes audios, avec la vo en DTS-HD Master Audio 5.1 comme souvent au dessus avec un meilleur équilibre notamment pour la restitution des dialogues.
Bonus
Les deux suppléments de cette éditon blu-ray Fox comprennent un making-of (21′) avec interviews du réalisateur et des comédiens ainsi qu’une sympathique rencontre publique (68′) menée par Maureen Dowd, éditorialiste au quotidien américain The New York Times, avec Jennifer Lawrence et David O’Russell.