Tony Stark, l’industriel flamboyant qui est aussi Iron Man, est confronté cette fois à un ennemi qui va attaquer sur tous les fronts. Lorsque son univers personnel est détruit, Stark se lance dans une quête acharnée pour retrouver les coupables. Plus que jamais, son courage va être mis à l’épreuve, à chaque instant. Dos au mur, il ne peut plus compter que sur ses inventions, son ingéniosité, et son instinct pour protéger ses proches. Alors qu’il se jette dans la bataille, Stark va enfin découvrir la réponse à la question qui le hante secrètement depuis si longtemps : est-ce l’homme qui fait le costume ou bien le costume qui fait l’homme ?
L’avis de Manuel Yvernault :
Si dans la trilogie Iron Man (qui n’en restera de toute façon pas à ce 3ème chapitre) le premier opus délivrait un univers intéressant et mettait enfin en avant le talent de Robert Downey Jr. aux yeux du grand public, tout s’écroulait presque dans une suite beaucoup trop légère, à l’humour ridicule et au scénario bancal, voire paresseux.
On attendait donc beaucoup d’Iron Man 3, Shane Black à la manœuvre (scénariste convaincant d’une autre époque (L’arme fatale, Last Action Hero, Le dernier samaritain, Kiss kiss bang bang) et le choix bienvenu de Disney de rendre les héros Marvel, période post Avengers, premier du nom, plus sérieux et l’ensemble de leur univers plus noir (en gros on copie Warner et Batman). Or, nous avons fait l’erreur d’oublier le facteur « reaganien » de l’Usine Disney. Le cinéma on s’en fout un peu, nous sommes là pour prendre le cash et vendre des produits dérivés, petite tape sur l’épaule de Lucas au passage.
Dans la case cinéma grand spectacle, la donne a changé. On ne s’embarrasse pas pour filmer les scènes d’actions, on cut, car le cut (petite tape sur l’épaule de Bay), c’est fun, on ne voit pas grand chose de l’action mais ça fait son petit effet. Shane Black n’est pas un grand réalisateur certes, malgré un très correct premier long. De là à rendre une telle copie, c’est plus délicat. Non pas que le film soit mis en scène dans un fatras prononcé mais de nombreuses séquences auraient vraiment méritées plus de grandeur. On va nous dire « qu’on s’en fout car ça bastonne »…bon oui, si on veut, rien n’empêche d’apporter un tant soit peu de soin à la mise en scène cependant. Passons. En résumé, c’est du cinéma d’action 2.0, qui en met plein la vue, défit les lois de la gravité de tout ensemble de mise en scène pensée et découpée mais Iron Man 3 n’est pas le premier, ni le dernier, à subir cette mutation. C’est agréable, en met plein les yeux mais à répétition devient assez lourd de films en films, par cette efficacité indissociable d’une lourdeur visuelle.
On se dit alors qu’au fur et à mesure le scénario de Shane Black va enfin prendre son envol. Pas du tout, les pieds et poings liés par le studio de Mickey, le réalisateur ne s’autorise que quelques séquences où on reconnaît bien sa patte. Autant dans la noirceur que dans l’humour noir propre à son savoir faire. C’est peu, trop peu pour offrir au spectateur ce que l’attente avait laissé suggérer depuis l’annonce de Black comme scénariste et réalisateur de ce troisième chapitre.
Iron Man 3 n’est pas mauvais, tout a fait regardable, mieux que le précédent même mais on hésite à affirmer son jugement entre la déception liée à l’attente qu’on avait et le film livré clé en mains pour des financiers (le mot producteurs dans ce genre d’usine mercantile tend à disparaître) désireux de remplir les salles à tout prix.
Exemple en est, la fameuse séquence d’après générique de fin qui finalement n’a que peu d’intérêt si ce n’est surfer sur le charisme de son comédien principal, l’humour de son héros enjolivé par Robert Downey Jr. Si on le retrouve avec plaisir on est ici aussi à la limite de l’overdose de cabotinage en bonne et due forme. C’est carré, propre, fait pour plaire aux plus grands nombres, sans réelles prises de risque.
On finit par vouloir se précipiter sur les films période pré Iron Man où le comédien plus en retrait d’un star-system donnait le meilleur de lui-même, pour un public plus restreint certes, mais probablement plus séduit par ses compositions éclectiques, à l’époque.
Si en toute simplicité Iron Man 3 est un bon produit marketé, parfois drôle, avec de l’action à profusion, soumis de temps en temps à quelques lenteurs mais bardé de nombreuses scènes très efficaces, ce 3ème acte a au moins la bonne tenue de ne pas s’effondrer et redore un peu l’image de son héros écornée dans le film précédent. On ne peut cependant s’empêcher de penser que nous sommes passés à côté de quelque chose de plus enlevé, d’une dimension beaucoup plus grande avec un Shane Black en très petite forme. On ne lui en veut pas quand on sait ce que l’usine au logo du château de Bavière garde le total contrôle de ses « jouets ». Après Burton, Raimi and co…nous sommes pris de la plus grande frayeur quand on sait que David Fincher s’apprête à réaliser 20000 lieues sous les mers pour eux. Le seul héros à réussir à mettre à genoux les vrais « bads guys » ? Osons encore y croire.
L’avis de NicoH :
Après un premier volet marquant le retour en grâce des adaptations Marvel (Spider-Man de Raimi et X-Men de Singer mis à part) et de son interprète principal Robert Downey Jr, le personnage d’Iron Man avait perdu une part de l’estime des spectateurs avec un deuxième volet mou du genou. Heureusement, les Avengers sont passés par là, et avec eux leur lot de nouveaux traumas à exploiter pour un personnage qui se cherche encore, entre fun pur et côté sombre.
Pour mettre les chances de leur côté (et au passage permettre à Downey Jr de renvoyer la balle à l’un de ceux à qui il doit son retour), Disney/Marvel a eu la bonne idée d’embaucher le roi du scénario des années 90 (l’Arme Fatale, Last Action Hero, Le Dernier Samaritain, et le premier soldat à se faire dépecer dans Predator, c’était lui !) : Shane Black. Autrement dit, en terme de fun et de côté obscur, Iron Man 3 partait sur de bons rails.
Las. Sans être un mauvais film (ce troisième volet finit d’enterrer Iron Man 2), Iron Man 3 se révèle assez rapidement comme un Iron Man 1,5. Un film de plus pour explorer les rapports de Tony Stark envers lui-même et le monde qui l’entoure, posant ici et là d’excellentes idées de scénario et de mise en scène, mais sans jamais réussir à les transcender.
Pourtant, la patte Shane Black est bien présente, notamment dans l’intrigue (digne d’un film d’action/SF des 80-90’s, et donc ne se prenant jamais au sérieux) et le renouveau des rapports entre Tony et Rhodey qui, secondés par des répliques bien senties, ne sont pas sans rappeler certains Riggs et Murthaugh en plus barrés et moins « vieux pour ces conneries ». Pepper et Happy Hogan également en profitent pour prendre du galon, tandis que les nouveaux venus incarnés par Guy Pearce et Ben Kingsley sauront réserver leur lot de surprises (surtout le second, totalement réapproprié par son scénariste – les fans grinceront sans doute des dents, mais l’idée reste sacrément couillue). Bref, côté casting, si l’on excepte des seconds couteaux un peu foireux (Rebecca Hall en mode potiche, James Badge Dale assez présent, mais totalement sous-exploité), Shane Black reste fidèle à sa réputation sur le traitement des personnages, même si, Iron Man oblige, l’effet « Robert Downey Jr Show » aura tendance à persister.
Le point où Black était attendu au tournant, c’est surtout sur la mise en scène pure. Il faut dire que le bonhomme n’a qu’un film à son actif (Kiss Kiss Bang Bang, petit bijou de scénario et d’interprétation fun, mais loin d’un blockbuster tout feu tout flamme). De ce côté, la différence avec Jon Favreau se fait réellement sentir. Non pas sur la qualité (Favreau était aussi très bon dans ce domaine), mais sur le style. Pour quiconque connait les œuvres et les influences de Black, Iron Man 3 est un véritable hommage aux buddy movies des années 80 et 90. Des films où l’accent est mis sur les petits instants entre les personnages, sur leurs moments de doute et de solitude, tant dramatique que comique (les défaillances de l’armure sont assez hilarantes, même si souvent redondantes). Malheureusement si l’intention est bien là, on a le sentiment que Black est bridé. Par lui-même ou par Disney, difficile à dire, mais le résultat est là, mitigé, hésitant à s’assumer et à aller aux bout de ses idées, et l’on se demande encore ce qu’auraient pu donner ces éléments avec un Black des années 90 aux commandes.
Bien sûr, on reste dans Iron Man, et Black sait très bien que c’est par l’action « over the top » qu’il pourra emporter le morceau. De ce côté, il faut l’avouer, le quota de baston est bien rempli et l’argent se voit vraiment à l’écran (la destruction de la maison et le grand final qui n’est pas sans rappeler le film L’Agence Tous Risques). Las, on ressent également l’inexpérience de Black dans le domaine, et si les séquences assurent le spectacle syndical, il leur manque un véritable souffle dramatique et fun à la fois, comme Iron Man 1 avait su le distiller dans l’évasion de Stark avec sa toute première armure. On aurait également accepté un fun pur et dur, façon final de Avengers, mais là aussi, Iron Man 3 se retrouve souvent l’armure entre deux chaises.
En résumé, Iron Man 3 remplit sa mission principale : redorer le blason de la licence après un second volet scénaristiquement foiré, en tenant compte d’Avengers qui a redéfini l’approche « réaliste » initiée par les films de la Phase 1. Mais alors qu’on espérait que Shane Black saurait transcender le potentiel scénaristique de la saga, on devra se contenter d’un divertissement qui envoie du lourd. Un peu déçu certes, mais ce n’est pas une raison pour renier un petit plaisir.