L’homme d’affaires Grant Grant est un des citoyens les plus fortunés de la paisible bourgade de Wheelsy, mais son luxueux train de vie et son opulente résidence ne suffisent pas à compenser l’indifférence croissante de sa jeune et belle épouse, Starla, qu’il aime d’un amour sans retour. A part cela, tout baigne pour lui, ou plutôt tout baignait avant une certaine balade nocturne…
Au cours d’une virée dans les bois, Grant et sa consolatrice d’un soir, Brenda, découvrent une masse gélatineuse d’origine extraterrestre à proximité d’un cratère creusé de fraîche date. Soudain, un puissant tentacule jaillit de la masse informe, enserrant Grant avant de lui inoculer un germe mortel…
Starla constate bientôt chez son mari les symptômes d’une insidieuse et troublante métamorphose…
James Gunn, nom désormais incontournable au coeur de la cinéphilie mondiale, réputé pour avoir réalisé Les Gardiens De La Galaxie 1 et 2, a un parcours pour le moins atypique : il est venu tout droit de la merveilleuse ignominie qu’est Troma (The Toxic Avenger, Tromeo et Juliet). Venu des recoins les plus suants et baveux du cinéma d’horreur underground, le cinéaste a, pour premier film en tant que réalisateur, créé l’entité Horribilis, également bien connu sous son titre original Slither.
Bien que relativement récent dans l’histoire du cinéma d’horreur, ESC se penche sur le cas de ce premier film pour éditer le film en Blu-ray sous plusieurs éditions : une luxueuse, uniquement disponible sur leur site regroupant le DVD et Blu-ray du film, un livret, un jeu de cinq photos ainsi qu’un poster, et une édition simple se présentant sous la forme d’un combo Blu-ray/DVD.
L’article autour du format Blu-ray d’Horribilis s’organisera en deux temps :
I) La critique d’Horribilis
II) Les caractéristiques techniques de l’édition Blu-ray
I) La critique D’Horribilis
Avec Horribilis, James Gunn signe son premier film en tant que réalisateur. Il a déjà signé les scénarios de L’armée Des Morts ainsi que des deux live-actions Scooby-Doo mais a aussi été très présent en tant que scénariste dans les rouages de la bête Troma de Lloyd Kaufman. Il a une connaissance aiguisée du cinéma d’horreur et plus particulièrement dans la manière d’implanter le comique au coeur de l’immondice mais également dans le traitement de la matière, de la chair.
Horribilis est une oeuvre qui avance tambour battant, cherchant à explorer le cinéma gore dans ses moindres recoins tout en enchaînant les clins d’oeil à un cinéma définitivement marqué par les années 80. Cette oeuvre introductrice au cinéma de James Gunn est, à la manière de Gremlins pour Joe Dante, une façon de saluer toutes les réalisations l’ayant nourri, bercé.
Du Frissons de David Cronenberg jusqu’à Society de Brian Yuzna en passant par l’incontournable The Blob de Chuck Russel ou encore les films de zombies à la George Romero, le long-métrage déroule son intrigue en jouant avec les mécaniques et idées de ces comparses du cinéma fantastique.
Cependant, Horribilis ne se réduit pas seulement à un cinéma de nostalgie. Le film ne cesse de surprendre le spectateur dans sa conception visuelle mélangeant images de synthèse aux costumes et maquillages. Un des derniers témoignages de la puissance du réel face au caractère péremptoire des technologies numériques.
Le film prend la même trame introductive que The Blob, avec une comète s’écrasant sur Terre, recelant une entité extraterrestre apparentée à un virus, virus prêt à exterminer toute vie de planète en planète.
Ici, la plaie venue de l’espèce trouve un premier porteur dont elle va copier et décupler l’identité dans chaque infecté, divisant la population entre chasseurs et porteurs. Le nouveau porteur perd toute sa conscience et devient un clone mental du premier infecté. Le caractère individuel disparaît au profit d’une infection liant les êtres autour d’un seul et unique individu, l’addition des êtres devient une somme indivisible. Une approche qui attaque directement nos modèles de vie occidentaux tournés vers l »individualisme et le capitalisme. Ici, tous les efforts ne se concentrent qu’en un sens, développer le cataclysme jusqu’à détruire toute forme de vie autre que celle du virus puis coloniser de nouvelles terres.
Une histoire de la colonisation et du pillage des ressources premières tout simplement, et nous sommes le carburant.
James Gunn introduit son film avec la théorie de Darwin et la nécessité perpétuelle d’évolution des êtres. Dès les premières scènes du film, il fait succéder à cette séquence scolaire, au coeur d’une salle de classe, la réalité de la situation évolutive de l’espèce humaine. Les corps jonchent les villes, individus décérébrés qui n’ont plus de but à l’exception de chasser, s’accoupler et se réunir autour d’un verre pour une soirée country consanguine. Après un tel portrait de l’humain, on ne croit plus au hasard de cette météorite venue s’écraser sur notre belle planète mais plutôt à un nettoyage en règle d’une planète infestée par un parasite bipède qui n’attend plus que la mort, abandonnant tout instinct de vie.
Pour mettre en image son propos, le cinéaste américain n’y va pas avec le dos de la cuillère et inonde nos rétines d’hémoglobine et autres atrocités, qu’il saupoudre d’une bonne tranche de cynisme. L’humour noir est roi sur les territoires crasses de James Gunn.
La caméra du réalisateur ne cesse de rendre hommages aux réalisateurs qu’il affectionne de Sam Raimi à David Cronenberg, tout en implantant le pari risqué de donner à son film un caractère à la lisière du TV film dans son approche formelle.
Avec ce premier film, le cinéaste connu désormais aux quatre coins de la galaxie place ses pions, sa manière de penser le cinéma entre bande-son ultra populaire et dynamique, singularité dans le design de son bestiaire et comique virulent. On y retrouve avec plaisir des acteurs désormais cultes dans sa filmographie comme par exemple Michael Rooker, Gregg Henry ou encore une apparition éclair de Lloyd Kaufman.
Horribilis est une proposition fun, explosive et assez jouissive. Cette ressortie permet aux spectateurs l’ayant manqué il y a quatorze ans, de se baigner dans cette oeuvre symbole de la transition de James Gunn de la comédie horrifique jusque-boutiste de Troma à son cinéma de science-fiction humoristique hollywoodien contemporain.
Sans pour autant être un incontournable du genre, Horribilis est cette friandise acidulée qui ruisselle de références cultes du cinéma d’horreur des années 80, un plaisir certain pour tous les passionnés du genre et une porte d’entrée stimulante pour les néophytes.
II) Les caractéristiques techniques de l’édition Blu-ray
Image :
Le transfert HD d’Horribilis est réussi, laissant néanmoins peu de recul tant le film semble encore tout jeune et n’avait pas souffert de mauvaise distribution de manière qualitative depuis sa sortie. Le contraste, le niveau de détails et les couleurs sont au point et offre une très jolie version renforçant l’aspect organique de l’oeuvre de James Gunn. Cependant le passage à la HD renforce l’atmosphère de série TV qui se dégage de l’oeuvre et donne, à de nombreuses reprises, des airs de Twin Peaks recouvert du fluide de la Troma, les amateurs du genre seront ravis, les autres seront surpris.
Note Image : 4/5
Son :
Le film est disponible quatre versions :
- Version Française 2.0 : La version française bien que pas toujours équilibrée entre les ambiances et les voix, ces dernières trop mises en avant, reste la version la plus agréable d’un point de vue nostalgique. On retrouve les souvenirs de la découverte de l’oeuvre dans les salles obscurs hexagonales. La version 2.0 est plus compressée au niveau des canaux et laisse les ambiances moins respirer.
- Version Française 5.1 : Même constat que pour la piste 2.0, nous retrouvons cette piste bien connue, qui ravira les fans de l’oeuvre. La piste 5.1 offre une spatialisation agréable lors des scènes horrifiques et se fait assez discrète en dehors de ces dernières.
- Version Originale 2.0 : Cette version offre au film une lecture nouvelle pour tout ceux qui avaient pausé les oreilles uniquement sur la version française. Elle est plus nuancée sur les scènes comiques et offre un relief plus pertinent au film. L’équilibre entre voix et bande sonore, est assez réussi mais manque d’amplitude pour certaines scènes.
- Version Originale 5.1 : La version 5.1 offre le plus grand confort de lecture possible pour découvrir Horribilis, l’équilibre entre toutes les sources qu’elles soient vocales, musicales ou ambiantes, trouve un juste milieu et saura surprendre le spectateur à certains moments clés de l’oeuvre, de par sa spatialisation.
Note son : 4/5
Suppléments :
Horribilis se présente sous deux formats avec une édition Blu-ray DVD simple et une édition très limitée au design réalisé par Olivier Cartheret.
ESC a eu la main généreuse sur cette édition et nous couvre de contenus :
- ENTRETIEN AUTOUR DU FILM avec Gilles Penso
- LA GENÈSE D’HORRIBILIS (30 min) Entretien avec le réalisateur James Gunn
- Entretien avec le comédien Gregg Henry (8 min)
- DONNER VIE AUX CREATURE D’HORRIBILIS (18 min)
- ESPRITS MALADES ET JOURS GLUANTS (10 min)
- LE ROI DU CULT (9 min) entretien avec Lloyd Kaufman
- EFFETS SPÉCIAUX (5 min)
- QUI EST BILL PARDY ? (5 min)
- UNE VISITE GUIDÉE HORRIBILIS (4 min)
- THE GOREHOUND GRILL : BRASSER LE SANG (4 min) Entretien avec Kurt Jackson
- SCÈNES COUPÉES (18 min)
- BÊTISIER (8 min)
- BANDE-ANNONCE
Une édition pleine de suppléments que l’on pouvait retrouver sur d’autres éditions du titre qui ne creusent jamais beaucoup autour du film. Cependant un entretien particulièrement prenant avec Gilles Penso et inédit à l’édition réussit à nous séduire, ficelant cette bien belle sortie d’Horribilis avec honneur.
Note Suppléments : 4/5