Après une sortie dématérialisée au format épisodique qui aura fait couler beaucoup d’encre, Hitman version 2016 est enfin sorti début 2017 dans une édition physique rassemblant l’ensemble des contenus sortis jusqu’ici. L’occasion de nous plonger dans ce nouvel opus des aventures de l’agent 47 en forme de retour aux fondamentaux de la licence.
Si Hitman Absolution, sorti en 2012, ne manquait pas de qualités, son gameplay hybride laissant le choix entre approche discrète ou bourrine n’avait pas fait que des heureux parmi les joueurs, notamment auprès des fans de la première heure qui regrettaient le gameplay d’antan, axé uniquement sur la tactique, l’observation et l’infiltration pure. Ainsi, c’est sans doute face à ce constat, et malgré l’indéniable succès de Absolution, que les développeurs ont décidé de revenir à leurs fondamentaux pour ce nouvel opus, sobrement baptisé Hitman pour l’occasion.
Dans ce cru 2016, oubliez les fusillades et explosions à tout-va. Ici, la discrétion et la patience sont plus que jamais de mise, et il vous faudra impérativement contrôler vos instincts de Michael Bay en puissance si vous voulez espérer voir le bout de chaque mission sans finir truffé de plomb. Car oui, dans Hitman 2016, votre héros retrouve enfin sa faiblesse face aux balles ennemis, et il ne faudra guère plus de deux ou trois dragées dans le corps pour vous retrouver en Game Over. Sachant qu’un rien, depuis un simple regard de travers jusqu’à une arme non autorisée, peut suffire à déclencher l’alerte, inutile de dire que le moindre détail a son importance. Si cet aspect du jeu donnera le sentiment d’évoluer en marchant sur des œufs, il s’accompagne également d’un tel frisson de tous les instants que vous vous surprendrez à rapidement chercher la façon la plus improbable, la plus vicieuse pour venir à bout de votre cible. En effet, et c’est la marque de fabrique d’Hitman depuis ses débuts, chacune de vos cibles peut être éliminée de bien des façons. Une balle dans la tête, un câble électrique trafiqué près d’une flaque d’eau, un treuil qui lâche au bon moment, un verre empoisonné, une opération chirurgicale qui tourne mal… Les possibilités sont nombreuses, souvent très drôles – dans le registre humour noir, bien sûr – et on veut bien parier que le résultat de certaines de vos actions ne manquera pas de vous surprendre (mention au siège éjectable, cartoonesque à souhait).
Bien sûr, avant d’en arriver là, il vous faudra analyser le terrain, repérer les allées et venues, récupérer les objets nécessaires à votre méfait et surtout savoir saisir les différentes « opportunités ». Sortes de mini-quêtes scénarisées au sein du niveau, les opportunités s’activeront au gré de votre exploration et de la découverte d’un élément d’importance – ressemblance de 47 avec un autre personnage présent, discussion entre deux PNJ dévoilant une faiblesse potentielle de votre cible… Une fois l’opportunité découverte, il ne tient qu’à vous de la suivre ou non, sachant que celle-ci restera malgré tout accessible via le menu de jeu, du moins tant que vous ne ferez pas l’erreur d’éliminer ou manquer un élément-clé à sa réussite. Ceci dit, pas de panique si vous faites une erreur ou vous faites repérer, les développeurs ont eu la bonne idée d’intégrer un système de sauvegardes – automatiques et manuelles – qui vous permettra d’expérimenter sur le terrain sans devoir craindre d’avoir à refaire toute la mission.
Des missions, parlons-en. Au nombre de six, sans compter les trois niveaux tutos et les missions bonus, chacune d’elles vous emmènera dans un pays différent (dépaysement garanti) et vous demandera facilement une bonne heure pour être bouclée dans les règles de l’art. Bien sûr, si vous tentez malgré tout de la jouer bourrin, cette durée sera moindre, et vous passerez en prime à côté du cœur du jeu. A l’inverse, si vous voulez remplir les défis liés à chaque mission ainsi que les contrats en ligne, ce chiffre grimpera très vite. Bref, côté durée de vie, si les développeurs promettent une centaine d’heure pour venir à bout de tout le contenu du jeu, comptez facilement une bonne dizaine d’heures rien que pour la quête principale en ligne droite en remplissant quelques défis au passage.
Une quête principale qui, scénaristiquement parlant, pourra décevoir un peu. Après un Hitman Absolution très réussi sur ce plan et qui remettait 47 au centre de l’intrigue, le cru 2016 fait de notre tueur un simple pion sur un échiquier qui voit s’affronter deux organisations. Certes, l’ambiance est très réussie, mais côté scénario, le générique de fin arrive en nous laissant le goût amer d’avoir assisté à un enchainement de missions lambda reliées par un vague fil rouge. Même 47, pourtant très bien développé dans Absolution, prend ici des allures de simple homme de main. Dommage, mais on se consolera avec une cinématique finale en forme de cliffhanger laissant espérer un prochain volet plus approfondi de ce côté.
Le comparatif avec Absolution est également valable sur un plan plus technique. Visuellement, là où ce dernier nous offrait de très beaux effets de couleurs et de lumières, la version 2016 peine à atteindre le même niveau. Après, soyons clair : Hitman 2016 est très joli et n’a pas à rougir des niveaux de qualité à actuels. Seulement, là où Absolution s’offrait une identité visuelle avec une dimension cinématographique très marquée, faisant la part belle aux filtres, aux couleurs et aux jeux d’ombre/lumière, Hitman 2016 prend le parti d’une atmosphère un peu plus sobre, jusque dans ses effets visuels (oubliez les grosses explosions hollywoodiennes). Le côté sonore, lui, peut s’enorgueillir de compositions musicales très sympathiques et s’adaptant parfaitement aux différents moments du jeu. Si les bruitages manquent parfois d’impact (on rejoint ce qui a été dit sur la sobriété), on saluera le soin apporté aux dialogues qui contribuent énormément à l’ambiance de chaque mission. En prime, l’éditeur a conservé la version originale, un très bon point.
Au final, Hitman confirme la volonté de retour aux sources des développeurs. Revenant aux fondamentaux du gameplay axé sur l’observation et l’infiltration propre à la saga Hitman, cette version 2016 devrait séduire sans mal ceux que le côté hybride de Absolution avait déçu. En revanche, on regrettera l’aspect scénaristique de ce nouvel opus, très anecdotique jusque dans le développement de 47, mais gageons que la suite devrait corriger le tir. Dans tous les cas, on attend cette dernière avec impatience !