L’histoire d’un homme qui osa braver la puissance de tout un empire.
Ridley Scott nous offre une nouvelle vision de l’histoire de Moïse, leader insoumis qui défia le pharaon Ramsès, entraînant 600 000 esclaves dans un périple grandiose pour fuir l’Egypte et échapper au terrible cycle des dix plaies.
Avis de Fabien
Après le Noé de Darren Aronofsky (sorti en mars dernier), une autre figure biblique, Moïse, a droit à une relecture hollywoodienne dans Exodus : gods and kings réalisé par Ridley Scott.
Le réalisateur de Gladiator nous propose un grand spectacle épique où, aidé par des effets visuels impressionnants, il tente de raconter en 2h30 l’épopée incroyable de Moïse de sa position confortable de roi d’Egypte aux côtés de son frère Ramsès à son exil vers la terre du pays de Canaan.
Si plastiquement le résultat est à la hauteur de ce qu’on pouvait attendre d’un esthète comme Ridley Scott avec des morceaux de bravoure indiscutables (la bataille d’ouverture, les dix plaies d’Egypte, le déchaînement de la mer Rouge) le film pêche par une narration bancale où les ellipses souvent brutales et les seconds rôles comme Sigourney Weaver et Ben Kingsley sacrifiés produisent un sentiment d’inachevé. On sent les coupes consentis pour ramener le métrage à une durée raisonnable, exploitable en salles. La relation complexe entre Ramsès II et Moïse a ainsi du mal à s’incarner, privant le récit de solides enjeux émotionnels.
En revanche en se concentrant sur le voyage intérieur de Moïse, un général brutal et athée devenu un prophète concerné mû par une foi puissante qui vient parfois se heurter à sa morale, et son exil vers la terre Promise, Ridley Scott rend alors son film exaltant bien aidé par la composition très juste de Christian Bale. Le choix de matérialiser Dieu par un petit garçon donne lieu à des échanges intenses avec l’acteur gallois. Avec cette volonté d’ancrer son récit dans un réalisme magique (l’ouverture de la mer Rouge semble être le résultat d’un phénomène météorologique), Ridley Scott produit des images fortes qui devraient interpeller les spectateurs.
En l’état, Exodus: Gods And Kings s’avère satisfaisant : un péplum souvent impressionnant comme peu de réalisateurs peuvent en proposer; toutefois on ne pourra qu’être déçu, vu les forces en présence, à cause d’une narration déséquilibrée et d’un manque d’émotions. En attendant une probable version longue en vidéo (bien souvent chez Ridley Scott elles sont formidables, en témoignent celles de Cartel et surtout Kingdom of heaven bien meilleures que les versions cinéma) on se contentera aisément de celle de ce blockbuster biblique présentée en cette fin d’année.
Sortir un film en fin d’année (le 24) sur Moïse, remake du film de Cecil B. DeMille, peut être intéressant avec l’avènement du tout numérique. Et si ce dépoussiérage est dirigé par Ridley Scott qui voit bien au-delà du simple remake on peut se permettre de poser un œil dessus.
Mais le sir anglais n’a plus le talent qu’on lui connaissait, du moins dans la continuité. Il reste et restera un des plus talentueux metteur en scène du 7ème art (combien de chefs d’œuvres à son actif !) mais ces dernières années on le sent moins concerné par les histoires qu’il met en scène que par la réalisation.
Dernier chef d’œuvre-détesté-en date, Cartel, film talentueux, conceptuel qui laisse sur le carreau par les risques qu’il prend. Probablement un de ses meilleurs ces dix dernières années.
Mais Exodus est tout autre, flirtant avec son plus grand succès Gladiator; Ridley Scott tente l’impossible, offrir aux spectateurs une relecture de la Bible, essai raté il y a quelques mois par Darren Aronofsky et son Noé.
Le problème n’est pas tant de savoir si le film est fidèle aux idées reçues mais si le postulat de départ est préservé. A savoir, rendre épique un fait biblique. Chose impossible apparemment puisque chacun à sa propre construction imagée du « récit » origina(e)l, selon les écrits,.
Il est donc plus convenable de prendre Exodus pour ce qu’il est, un péplum, plutôt réussi mais sans surprises.
Tout y est, des tragédies familiales aux résonnances shakespeariennes, aux morceaux de bravoures visuelles (les Sept Plaies d’Egypte, l’ouverture de la Mer Rouge…) dans des effets numériques soignés et parfois bluffants (oubliez cependant une 3D sans aucun intérêt). La patte de Ridley Scott embrasse elle aussi l’ensemble du film.
Mais ce qui marque le plus c’est cette (désagréable) habitude de ne pas voir un montage final afin de préserver, on imagine tout du moins, un plus grand nombre de séances par une durée réduite du film. Il est en effet bien difficile de penser que ce montage serait définitif quand plus de la moitié du long métrage semble amputé de séquences nécessaires pour lier l’ensemble. On passe d’une étape à une autre sans une évolution ascendante de la psychologie des personnages. A ce titre, le personnage de Moïse, joué par Christian Bale, une fois de plus très bon, semble être issu des temps modernes par son évolution personnelle, ses réactions et positions agnostiques. Tout va très vite, trop vite. Et cela perturbe grandement l’implication du spectateur. Heureusement quelques idées, en plus d’une solide mise en scène, viennent parsemer l’ensemble (la représentation de Dieu et son profil «diablotin» s’avère intéressante).
Exodus n’est ni plus ni moins que ce qu’il tend à être, apparemment du moins, un divertissement version XXL, bluffant visuellement, sortie en fin d’année pour un public venu chercher du grand spectacle. Sur ce point, c’est plutôt réussi. Pour le fond, c’est englouti par la Mer Rouge qui reprend sa place initiale juste avant le clap de fin et emporte avec elle toutes idées subversives, émotions et prises de risque. Un spectacle honnête, sinon bluffant mais parfois caricatural dans ses personnages.
Test blu-ray
Ce grand spectacle se savoure en haute définition : les images royales sont d’une constante précision, avec une colorimétrie d’une grande richesse, des contrastes saisissants et une profondeur de champ déjà efficace en 2D (voir la séquence de la chevauchée à flanc de falaise). La piste anglaise DTS-HD Master Audio 7.1 est d’une amplitude de tonnerre!
Technique
Bonus
Cette édition blu-ray Fox comprend tout d’abord un commentaire audio de Ridley Scott et Jeffrey Caine, une écoute toujours aussi passionnante des propos du réalisateur de Gladiator qui s’explique sur ses choix scénaristiques comme techniques.
Parmi les 9 scènes coupées et intégrales (15′) retenons une intervention intense de Moïse, interprété avec son engagement coutumier par Christian Bale.
Le guide historique : informations sur Moïse et l’Exode en cours de visionnage : sont incrustées durant le visionnage des vignettes informatives très intéressantes, à réserver aux amateurs de ce genre de lecture pédagogique.
Pour des bonus plus conséquents direction l’édition limitée Blu-ray 3D + Blu-ray + DVD + Digital HD avec notamment un copieux making of de 150′ et un documentaire « Moïse à travers l’histoire ».