Bruce Willis est de retour dans son rôle le plus mythique : John McClane, le « vrai héros » par excellence, qui a le talent et la trempe de celui qui résiste jusqu’au bout. Cette fois-ci, le flic qui ne fait pas dans la demi-mesure, est vraiment au mauvais endroit au mauvais moment après s’être rendu à Moscou pour aider son fils Jack, qu’il avait perdu de vue. Ce qu’il ignore, c’est que Jack est en réalité un agent hautement qualifié de la CIA en mission pour empêcher un vol d’armes nucléaires. Avec la mafia russe à leur poursuite et la menace d’une guerre imminente, les deux McClane vont découvrir que leurs méthodes radicalement différentes vont aussi faire d’eux des héros que rien ne peut arrêter.
L’avis de Manu Yvernault :
Que les réjouissances commencent. Die Hard « 4.0 » était plutôt affligeant, faisant honte à une franchise de grande qualité. Alors que le premier du nom avait su réécrire le cinéma d’action (tout comme l’épisode 3), merci Monsieur McTiernan.
5ème opus donc, des aventures de John McClane, et c’est sans surprise que cet énième volet atteint le nirvana de l’infâme faisant un joli bras d’honneur aux fans de la première heure. C’est simple, Good day to die hard (le titre est déjà risible) ferait passer l’épisode 4 pour un film regardable.
On sait à peine par quoi commencer tant tout est risible (au mieux) dans ce film.
D’abord la réalisation par le tâcheron John Moore (Max Payne), qui confirme son inaptitude à mettre en scène ne serait-ce que 2 minutes regardables dans un film. On peut dès lors associer son nom à un style beauf, lourd et idiot.
Mais si la réalisation n’est pas l’unique note de mauvais goût du film, elle contribue grandement à son échec. Des ralentis tous plus ridicules les uns que les autres, des scènes d’actions d’une indigence rarement vu, tout comme l’invincibilité d’un McLane en fin de vie parsèment le film. Car oui, l’icône McClane, personnage cinématographique si cher aux fans est devenu la parodie de lui-même. Des punchlines qui n’ont plus aucun sens, mitraillées à tout bout de champ, comme si le film devait au moins prendre un peu de gêne de la franchise. On aurait préféré un film qui se démarque totalement des 3 premiers opus, ce qui aurait au moins pu émettre un peu d’indulgence à l’égard de cette purge. Non, Hollywood a préféré se vautrer dans le spectacle du jeu vidéo, car c’est ce qu’est devenu la franchise Die Hard. Une immondice de scènes d’action, toutes plus bêtes les unes que les autres, où le fait de « bourriner », mitrailler à tout va, avec le « gros » son qui résonne tel un refrain (tout est calibré), pourrait donner un semblant de plaisir à une jeune génération. Malheureusement on ne fait pas du cinéma sans un sens du cadre et encore moins du découpage, oublions ici la notion de montage, il semblerait que le mot ait disparu au moment de la post-production.
Tout est à jeter dans ce film, hormis sa durée, 1h30, qui réduit un peu le calvaire s’affichant devant nos yeux et nos oreilles. Si le fait de subir cet ersatz de film d’action est déjà plus que délicat, l’infâme se produit quant à la destruction massive dans la mort d’une icône (amorcée l’épisode précédent). Bruce Willis ne semble en outre pas du tout embarrassé par ce fait, il est venu cachetonner, et contribue à la mise en bière de son personnage. Grimaces, jeu caricatural tout est là.
Et comme pour mieux enterrer le spectateur déjà assommé devant tant d’idioties, on l’achève définitivement dans un dernier quart d’heure catastrophique. Même le supposé gros bras de l’histoire, après les présentations d’usage, meurt dans une scène défiant toute concurrence en terme de non crédibilité.
Voilà, McClane a encore sauvé le monde (enfin, une partie, on vous laisse le plaisir de découvrir la trame proche du néant) et la relève s’avère prête, surlignée la dernière minute du film, parodie d’un film de Michael Bay. Et rien n’a été oublié puisque le spectateur a au moins le droit à la marque verbale de la franchise, mais au moment de l’entendre, ce « The things we do for our kids. Yippie-kai-yay, motherfucker. » est clairement destiné au spectateur qui a payé sa place ! Joli doigt d’honneur pour un retour en farce. Comme dirait Argyle dans le premier opus « Just remember that when you sign for the tip. ».
L’avis de Fabien
Après un quatrième épisode faiblard, la saga Die Hard intègre une nouvelle aventure de John McClane en territoire russe, un cinquième volet qui tient plus du jeu vidéo que du film d’action old school d’où une certaine déception, un euphémisme au vu des faibles résultats enregistrés au box-office us et français pour une aussi grosse production, pour les puristes d’un genre que John McTiernan a sublimé avec les chefs d’oeuvre Piège de cristal (1988) puis Une journée en enfer (1995).
Die Hard : belle journée pour mourir démarre pourtant bien avec une exposition efficace en montage alterné suivie d’une grosse séquence de poursuite automobile à Moscou mobilisant trois véhicules, un tout terrain, une camionnette et un camion blindé dont la force de destruction est assez impressionnante. Cette séquence d’action à l’ancienne (des cascades exécutées en live, rehaussées par des effets visuels discrets), furieuse, avec une belle énergie cinétique, s’impose, par son découpage précis, son rythme frénétique et l’ampleur du chaos généré par les nombreuses collisions et autres impacts sur l’environnement, comme une poursuite d’anthologie.
Mais par la suite la mise en scène de John Moore, peu connu pour faire dans la dentelle (En territoire ennemi, Max Payne), abandonne ce style pris sur le vif, à la facture documentaire, pour développer une esthétique proche du jeu vidéo avec ralentis, cascades improbables, décors saturés d’effets numériques. Die hard 5 prend alors des allures de buddy-movie, l’inspecteur associé à son fils rebelle, aux scènes d’action hypertrophiées. L’anti-héros badass John McClane qui n’a pas son pareil pour s’attirer les emmerdes est devenu un super-héros flingueur dont les acrobaties aériennes se rapprochent plus de la chute d’un corps digital que celle d’un acteur intrépide.
Sur ce sujet il est intéressant de mettre en regard, à 25 ans d’intervalles, les chutes de McClane du toit de la Nakatomi Plaza et de l’hôtel russe de ce Die hard : maintenu par une lance à incendie dans Piège de cristal, McClane saute désormais à travers une vitre vers un espace vertigineux sans aucune protection, amorti dans sa chute par des échafaudages. Les prises de vues de cette cascade périlleuse comme celle de la fin semblent tirées d’un jeu vidéo à la Uncharted 3, univers vidéo-ludique que Moore connait bien pour avoir adapter Max Payne au cinéma et dont il reproduit les codes esthétiques et narratifs : filtres colorés, niveaux à passer avec des différents boss à affronter, armes et engins variés, extrême jouabilité du personnage principal qui s’affranchit de la loi de la gravité…Enfin la dernière séquence d’action située sur le site de Tchernobyl s’affranchit de toute crédibilité au profit d’un déluge pyrotechnique que traverse père et fils pour s’en aller vers le soleil levant!
Avec sa mise en scène écartelée entre recherche de réalisme, mouvements caméra à l’épaule du premier tiers pour plonger le spectateur dans l’action et surenchère dans le spectaculaire explosif pour contenter la nouvelle génération friante de films de super-héros et de jeux vidéos, Die hard 5 tient plus du délire cartonesque, les acrobaties aériennes des McClane, que du film d’action brut eighties à la McTiernan. John Moore a beau rajouter des punchlines et des clins d’oeil à la saga (le plan de la chute du méchant rappelle les derniers instants de Hans Gruber dans le mythique Piège de cristal) l’esprit de la saga, les mésaventures d’un anti-héros plongé dans un océan de problèmes pour sauver sa famille et ses congénères où le récit accorde une attention particulière à la topographie des lieux (le principe du huis-clos dans les trois premiers volets), semble bien loin.
Toutefois la durée compacte du long-métrage permet d’éviter l’ennui, le rythme soutenu assurant un spectacle plaisant à défaut d’être passionnant. Les aficionados de la série pourront néanmoins apprécier le premier tiers avec son impressionnante poursuite automobile et trouver satisfaction à revoir ce personnage iconique, entré avec ce Die hard dans une nouvelle ère, celle du divertissement numérique.
Test blu-ray
L’ensemble est de haute volée avec un piqué acéré et une riche palette colorimétrique où un grain cinéma discret accompagne les péripéties de John McClane. Les pistes sonores, surtout la VO en DTS HD, mettront à rude épreuve votre installation sonore!
Bonus
Inclus dans un beau boitier Steelbook, la version longue (102′ contre 98′ pour la version cinéma) n’apporte pas grand chose par rapport à l’expérience salles : le personnage de Lucy McClane a disparu au profit d’une ouverture encore plus dynamique, quelques plans rajoutés ici et là…
Au niveau de l’interactivité cette édition hd FPE sort l’artillerie lourde avec plus de plus de 2h de bonus très intéressants.
Le commentaire du réalisateur John Moore et du 1er assistant Mark Cotone s’avère bien dynamique, précis, les échanges entre les deux hommes portant sur l’aspect technique du tournage des scènes d’action, les armes et véhicules utilisés ou bien l’aspect visuel du film.
Dur de mourir, le making-of copieux (60′), passe en revue toutes les étapes de la création du film, avec des interventions face caméra de l’équipe : les cascades, les effets spéciaux, le tournage en Budapest (seuls quelques plans ont été tournés en Russie), l’étalonnage, la musique.
Parmi les 7 scènes coupées (14′) proposées retiennent l’attention une intro différente pour le personnage de McClane et une scène amusante dans une boutique chic d’armes de guerre.
Le module Anatomie d’une poursuite en voiture (26′) détaille la conception de la meilleure séquence d’action du film qui aura nécessité l’utilisation du plus grand fond vert de l’histoire et de 130 véhicules promis à la destruction!
Les deux font la paire (8′) et Les méchants de Die Hard 5 (7′) sont respectivement consacrés au duo père/fils et aux méchants de ce 5ème opus.
Le module Prévisualisations avant le tournage (11′) présente 3 séquences de prévisualisation dont deux pour des séquences abandonnées au tournage.
Les séquences avec effets spéciaux (5′) offrent un aperçu de quelques séquences avec intégrations des effets spéciaux.
Puis Retour à l’action (7′), sur le retour de McClane et McClane au maximum (3′), compilation des moments emblématiques de la saga, viennent compléter l’interactivité qui se poursuit par deux galeries, une galerie de croquis (130) et une galerie de storyboards (87) sans oublier 2 bandes-annonces.
Enfin le DVD du film est inclus dans le boitier.