Deadpool, est l’anti-héros le plus atypique de l’univers Marvel. A l’origine, il s’appelle Wade Wilson : un ancien militaire des Forces Spéciales devenu mercenaire. Après avoir subi une expérimentation hors norme qui va accélérer ses pouvoirs de guérison, il va devenir Deadpool. Armé de ses nouvelles capacités et d’un humour noir survolté, Deadpool va traquer l’homme qui a bien failli anéantir sa vie.
Avis de Manu
Après une genèse interminable, Deadpool prend enfin forme aux mains d’un quasi inconnu, Tim Miller, ayant fait ses premières armes dans le monde du jeu vidéo. Suite à plusieurs refus de monter un spin-off sur ce personnage Marvel, le film a finalement pû se monter suite à une séquence vidéo devenue virale sur internet et qui montrait toute l’étendu graphique que le film exploite d’ailleurs jusqu’à l’étouffement.
Avec un budget 3 fois moins important que les autres épisodes de l’écurie Disney-Marvel, 50 millions de dollars Deadpool semble parfois être fauché dans l’établissement de son univers graphique puisque la pauvreté de certains décors interpellent un peu. Mais ceci, conjugué à l’aspect cheap de l’ensemble, finit par inscrire le film dans la série B totalement décomplexée, un atout ici tant le ton voulu, trash, vulgaire et violent, s’y prête. Sur un rythme qui ne laisse que rarement le temps de reprendre son souffle, Deadpool s’agite dans tous les sens, au sens propre comme figuré. C’est acide et cela pique très fort. Bien sûr les références ont la part belle mais les répliques fusent également pour les plus novices de la franchise.
Le plus étrange est que Marvel est finalement donné le feu vert à tout ça et par répercussion le groupe Disney. Nous avons rarement vu aussi transgressif chez ces derniers et pour une fois on peut saluer l’effort malgré la sensation encore et toujours d’assister à une belle application d’un cahier des charges adapté cette fois à un public vraiment plus âgé. L’essai reste bienvenu et offre autre chose que les éternelles ressassées des films de super-héros de la franchise.
Tout ici est raboté, parodié, démantelé. La version du « surhomme » made in USA en prend pour son grade même si la répétition mécanique s’inscrit systématiquement dans la vulgarité, parfois grasse, du début à la fin du film.
Au-delà de cette impression Deadpool reste très fun, souvent drôle et visuellement réussi. Loin d’un académisme de mise en scène certes, plus proche du clip sur overdose, les scènes d’action imprègnent la rétine autant par leur réussite visuelle (les effets spéciaux sont de grande qualité) que par les idées de cadres tous plus « tordus » les uns que les autres. Les conventions visuelles, formelles et verbales explosent en plein ciel et Ryan Reynolds semble en être le parfait représentant (on regrette d’ailleurs une belle séquence d’autodérision disparue au montage final et pourtant présente dans la bande-annonce). Loin d’être fin, à des années de la subtilité, Deadpool n’en demeure pas moins un film déjanté qu’on n’attendait pas forcément à ce niveau même si les studios auraient pu lâcher un plus de laisse dans l’irrévérence et casser certaines barrières de la censure US. Son récent succès surprise Outre-Atlantique (175 millions de dollars…en un weekend) prouve que le genre prend un petit coup de jeune, mais sans pour autant tout révolutionner.
Deadpool est un joli pavé dans la marre d’eau claire de chez Marvel, une tentative maline et réussie, bien que calibrée, mais pour une fois ne faisons pas la fine bouche devant cette petite rébellion outrancière, nouvelle, qui s’avère être très plaisante et qui flirte du côté de Kick-Ass. Passé l’écœurement de certaines séquences un peu lourdes, reste un plaisir régressif de découvrir une autre version très fun du « super homme en latex ».