Ce coffret édité par Elephant Films contient trois films produits par Judd Apatow, dans leurs versions longues inédites : Sans Sarah, rien ne va ! (2008), Mes meilleures amies (2011), 5 ans de réflexion (2012) (Forgetting Sarah Marshall Extended Cut, Bridesmaids Unrated, The Five Year Engagement Extended Cut).
Roi de la comédie US dans les années 2000 avec ses réalisations, les excellents 40 ans, toujours puceau (The 40 Year-Old Virgin, 2005), En cloque mode d’emploi (Knocked Up, 2007) et productions comme Présentateur vedette : la légende de Ron Burgundy (Anchorman, 2004, pépite comique réalisée par Adam McKay avec la dream team de la comédie US moderne, Will Ferrell, Steve Carrell, Paul Rudd) et Frangins malgré eux (2008), Judd Apatow a révélé un grand nombre d’acteurs et actrices devenus incontournables comme Steve Carrell, Jonah Hill, Seth Rogen, Paul Rudd, Kristen Wigg ou bien encore Melissa McCarthy. Sa signature : un comique naturaliste, verbeux, mélancolique, moins porté sur le burlesque que les Farrelly, autres kings of comedy dans les années 90’s. Il perdra un peu son mojo à la fin des années 2000 avec l’échec commercial d’un de ses films les plus personnels, la comédie introspective Funny People (à l’affiche en 2009 face à Very Bad Trip), suivi trois ans après par celui de 40 ans : mode d’emploi (2012), avec la famille Apatow à l’écran. Heureusement, dans les années 2010, ses productions confiées à des fidèles comme Nicholas Stoller et Paul Feig, avec ses protégés devant la caméra ou bien mettant en lumière de nouveaux talents féminins comme Lena Dunham (la série Girls, 2012) et Amy Schumer (Crazy Amy, 2015) continueront à faire briller la belle galaxie Apatow.
Peter Bretter va de galère en galère… Non seulement, il n’arrive pas à percer comme musicien, mais sa petite amie Sarah Marshall, star du petit écran, vient de le larguer. Désespéré, il décide de se rendre à Hawaï pour se changer les idées. Mais une fois sur place, il est plongé en plein cauchemar : son ex est descendue dans le même hôtel que lui… accompagnée de son nouveau petit ami, chanteur de rock à succès. Peter tentera de noyer son chagrin dans les cocktails et de se consoler auprès de Rachel, une ravissante employée de l’hôtel…
Pour son premier long métrage, Sans Sarah rien ne va ! (2008), le réalisateur Nicholas Stoller s’associe à l’acteur Jason Segel au scénario et à Judd Apatow pour la production. Jason Segel, alors en plein hype avec la sitcom How I met your mother, s’inspire de ses ruptures amoureuses dont celle avec Linda Cardenelli rencontrée sur la série culte Freaks and Geeks (2019) pour cette comédie romantique où on retrouve la signature des Apatow Productions, un mélange subtil entre débilité et sensibilité, trash et finesse, irrévérence et mélancolie. Stoller et Segel dose parfaitement comédie et mélancolie dans ce Sans Sarah rien ne va ! qui s’ouvre sur une scène de rupture amoureuse d’anthologie avec un Jason Segel nu comme un ver face à Kirsten Bell dont le personnage Rachel, une actrice de série TV, est venue casser Paul, ce compagnon présenté comme un grand enfant. Le malaise de la situation provoque le rire chez le spectateur. Comme dans les autres titres de cet âge d’or de la comédie hollywoodienne réalisés et/ou produites par Apatow comédie et pathétique font un pas de deux au sein de la même scène gaguesque. Dans Sans Sarah rien ne va ! et dans 5 ans de réflexion, le scénariste Segel met le personnage principal, interprété par ses soins, en crise, conjugale, existentielle puis se délecte à le voir galérer pour remonter la pente. Le reste du film, Peter n’aura de cesse d’essayer d’oublier son ex (le programme contenu dans le titre original Forgetting Sarah Marshall) qui a eu la bonne idée de descendre dans le même hôtel à Hawaï où l’on va croiser une galerie de personnages singuliers. Comme toujours chez Apatow, les seconds rôles sont soignés : Russell Brand en rocker anglais prétentieux, Johah Hill en serveur collant, Paul Rudd en prof de surf débutant sont géniaux. Le couple du film, Jason Segel en grand dadais romantique et Mina Kunis en réceptionniste au grand coeur, fonctionne très bien. In fine Peter réalise son rêve d’enfant, jouer avec des peluches géantes (il monte un opéra-rock avec des Muppets) assumant ainsi son côté enfantin, à l’inverse des films réalisés par Apatow et certaines de ses productions comme Supergrave (2007) qui racontent le besoin, la nécessité des personnages à passer à l’âge adulte, d’assumer des responsabilités d’adulte (être en couple, parent). Enfin Peter trouve une compagne qui accepte son idéal de vie et sa personnalité singulière de post-ado dans un beau happy end de pure comédie.
Annie a la poisse. Son fiancé l’a quittée et son nouvel amant est un goujat. Lillian, sa meilleure amie, file quant à elle le parfait amour. Lorsqu’elle lui annonce son futur mariage, Annie oublie ses soucis pour se consacrer à son rôle de témoin et transformer les préparatifs en un moment magique et privilégié. Mais c’est sans compter sur les autres amies de Lillian, l’insatiable et athlétique dragueuse Megan, la candide Becca,l’ex-beauté Rita et l’ultra-snob Helen… toutes incontrôlables et décidées à donner de la voix pour imposer leurs choix dans l’organisation de l’enterrement de vie de jeune fille. Débute alors une délirante aventure…!
Réalisé par Paul Feig, un fidèle de la galaxie Apatow (de l’aventure Freaks and Geeks) avec un scénario co-signé par Kristen Wiig, un des piliers du Saturday Night Live, Mes meilleures amies (Bridesmaids) est une comédie culte, un Very Bad Trip au féminin irrésistible. Comme toujours chez Apatow nous avons des weirdos magnifiques, ici Megan interprétée par la tornade comique Melissa McCarthy, la révélation du film. Mes meilleures amies est célèbre pour la scène scatologique de l’essayage des robes, une des nombreuses scènes dingues d’une comédie qui va loin dans l’humour irrévérencieux et trash. On rit énormément devant cette comédie phénomène, la surprise de l’été 2011 et le plus gros succès commercial des productions Apatow.
De l’avis général, Tom et Violet sont faits l’un pour l’autre et pourraient constituer le couple marié idéal. Lui, star de la haute cuisine de San Francisco, est prêt à rejoindre le gotha de la gastronomie californienne ; elle est une brillante doctorante en psychologie sociale à Berkeley. Deux «winners»… mais voilà que ce mariage imminent devient soudain un problème. Violet, rejetée par l’université dont elle rêvait, se rabat sur celle d’Ann Arbor, dans le Michigan. Tom se sacrifie pour la suivre, pensant que la «noce parfaite» peut attendre quelques mois. Puis d’autres obstacles, inattendus, se profilent, s’enchaînent. Le couple diffère, hésite, tergiverse… les mois passent, puis les années. Promesses en cascade, toujours remises en question… Cinq ans de réflexion…
Après Sans Sarah rien ne va ! Nicolas Stoller retrouve Jason Segel pour 5 ans de réflexion (The Five-Year Engagement), une comédie romantique au ton doux-amer. Inspirés par la comédie de remariage des années 30/40 comme par des histoires vraies vécues par des proches, les auteurs ont centré leur histoire sur un couple parfait qui ne cesse de repousser leur mariage pendant cinq longues années. En effet le couple Tom/Violet, interprété par Segel et Emily Blunt (parfaite, très à l’aise dans le registre de la comédie comme du drame), n’arrive pas à se marier, le récit débute par une demande en mariage qui foire puis le reste du long métrage est constitué de tentatives avortées d’union devant témoins pour des raisons variées (la soeur jouée par Alison Brie qui lui vole la vedette avec son mariage surprise, l’exil du couple pour raisons professionnelles dans le Michigan…). 5 ans de réflexion avance par petites touches, pastilles, d’humour burlesque et potache (Chris Pratt fait le show) mais aussi de scènes mélancoliques voire dramatiques quand Tom, en plein désarroi existentiel dans son nouveau rôle d’homme au foyer, perd pied psychologiquement et physiquement. Devenu un freak un peu sauvage (il se découvre une passion pour la chasse avec arbalète et les pulls moches faits main) il s’éloigne progressivement, au fil de ce cinq années qui filent trop vite, de l’objet de son affection. Redevenir un homme moderne et un potentiel époux est, dans le dernier quart du film, l’objectif de Tom. N’ayant plus le temps de tergiverser, de trouver des excuses pour ne pas organiser leur cérémonie, un des deux amoureux va alors lancer un mariage-marathon, géniale idée de conclusion pour cette comédie savoureuse et touchante.
Technique
Les masters propres sont ceux utilisés par Universal dans les précédentes éditions blu-ray de Mes meilleures amies et 5 ans de réflexion sorties il y a une douzaine d’années : le piqué est assez précis, le rendu des couleurs et des contrastes est très satisfaisant. Quant à Sans Sarah rien ne va ! quel plaisir de voir éditer cette géniale comédie au format blu-ray (jusque là dispo dans un DVD édité par Universal en 2008) ! Le piqué est détaillé et les couleurs des beaux extérieurs hawaïens ressortent bien. Le grain cinéma est présent avec discrétion.
Les pistes VO DTS-HD Master Audio 5.1 sont, comme d’habitude, plus dynamiques que les pistes VF et présentent un mixage plus équilibré, avec une idéale répartition entre les différentes ambiances sonores et le placement des voix.
Bonus
Ce coffret indispensable édité par Elephant Films contient un passionnant livret collector de 52 pages, Melancomiques par Nicolas Tellop et de très nombreux suppléments sur chaque disque soit une présentation du film par l’excellent Jacky Golberg, un making-of, un florilège de scènes coupées et inédites, un bêtisier et bien plus encore.