En 1975, Gerry Conlon, jeune délinquant originaire de Belfast, est arrêté par la police londonienne qui l’accuse d’être l’instigateur des attentats terroristes à Guildford pour le compte de l’IRA. Sous la pression des policiers, Gerry signe des aveux fabriqués de toutes pièces qui non seulement le mettent en cause mais également Pau Hill son ami d’enfance, un couple d’amis hippies, ainsi que plusieurs membres de sa famille dont son propre père.
Adaptation de l’ouvrage autobiographique, Proved Innocent: The Story of Gerry Conlon of the Guildford Four, publié en 1990 par Gerry Conlon, Au nom du père (1993) est la deuxième collaboration de Jim Sheridan avec Daniel Day-Lewis, après My Left Foot, biopic sorti en 1989 qui fallu à l’acteur britannique son premier Oscar. Pour son troisième long métrage l’irlandais Sheridan frappe fort avec un sujet puissant, l’histoire édifiante des « 4 de Guilford » et un duo d’acteurs remarquables Pete Postlethwaite/Daniel Day-Lewis.
D’après l’histoire vraie d’un jeune irlandais et d’une partie de sa famille et amis condamnés à tort en octobre 1974 au Royaume-Uni pour l’attentat des pubs de Guildford commis par l’IRA, Au nom du père déploie la thématique de l’innocent injustement accusé et broyé par la machine judiciaire, entre film de prison et film de procès.
La mise en scène avec cadre dans le cadre, lignes verticales et horizontales, enferme dès le début Gerry : labyrinthe de rues dans Belfast, planches du squat à Londres, barrière de policiers lors des violents interrogatoires. Très vite Gerry est condamné à la prison à vie et doit partager sa cellule avec son père envoyé en détention pour complicité, un père avec qui il n’a jamais su communiquer. Le coeur du film est cette belle relation père/fils qui vont apprendre à se connaitre, s’aimer. Les scènes partagées par Pete Postlethwaite/Daniel Day-Lewis sont superbes, donnent au film ses moments les plus intenses; les deux acteurs d’une grande justesse délivrent par petites touches de beaux moments d’émotion qui accompagnera le spectateur jusqu’à la révision du procès.
Film politique avec une engagée dénonciation d’une erreur judiciaire délibérée mais avant tout intense drame familial, avec une poignante relation père/fils, Au nom du père a remporté un très mérité Ours d’or au festival de Berlin en 1994.
Belfast. Danny Flynn avait l’étoffe d’un champion de boxe et rêvait d’un avenir heureux avec sa fiancée Maggie. Entré dans les rangs de l’IRA, jeté malgré lui dans l’action violente et condamné à quatorze ans de prison pour un attentat dont il n’était pas coupable, Danny garda le silence. Il ne livra aucun de ses compagnons de lutte, mais prit des distances avec eux comme avec son passé, et rendit sa liberté à Maggie en acceptant qu’elle épouse son meilleur copain. Aujourd’hui Danny est libre. Dans son ancien quartier, devasté par la guerre, le boxeur remonte la pente…
Avec The Boxer (1997) Jim Sheridan met en scène le difficile retour à la vie de Danny après 14 ans de prison avec la même toile de fond qu’Au nom du père soit l’Irlande du Nord déchiré par les conflits armés avec l’Angleterre.
Inspiré par la vie du boxeur irlandais Barry McGuigan, champion du monde poids plume en 1985 et catholique mariée à une protestante, le récit de ce nouveau film de Sheridan est axé sur un amour impossible, celui d’un boxeur pacifiste et son ex-fiancée Maggie, désormais mariée à un prisonnier de guerre. Leurs retrouvailles sont mises à mal par un environnement toxique où des activistes extrémistes de l’IRA mettent à mal un traité de paix entre les deux pays en présence et les tentatives de réunion des catholiques et des protestants autour d’un match de boxe.
Sheridan réussit l’empilement délicat des trois genres cinématographiques, mélo, film de boxe et manifeste politique grâce à l’interprétation une nouvelle fois magistrale de Daniel Day-Lewis, toujours très investi en amont et pendant le tournage pour être le personnage, associé à Emily Watson, très juste après Breaking the Waves (1996).
Goya du meilleur film européen en 1998, The Boxer marque la fin de la fructueuse collaboration entre Jim Sheridan et Daniel Day-Lewis.
Ces deux films majeurs du réalisateur Jim Sheridan centré sur sur le conflit nord-irlandais et ses différentes victimes, portés par l’un des meilleurs acteurs au monde, l’immense Daniel Day-Lewis, sont édités ce mois par L’Atelier d’images. Les films sont dispos à l’unité en combo brd/dvd ou en coffret exclu enseigne avec de belles copies et pleins de bonus intéressants.
Technique
Les deux copies sont propres avec un piqué acéré, des noirs solides et de belles scènes lumineuses dans The Boxer signées du chef op Chris Menges. Pour les deux films sont déployées des ambiances sonores très détaillées, avec une vo plus percutante dans les scènes agitées d’Au nom du père (combats de rue dans Belfast, scènes carcérales…) comme celles de The Boxer (explosions, rotors d’hélicoptères survolant Belfast, les coups assénés et reçus dans les trois séquences de boxe…).
Bonus
Les deux disques sont garnis de suppléments de qualité dont des entretiens avec le réalisateur et des présentations du film par le journaliste du Point Pop Philippe Guedj :
Au nom du père :
- Entretien exclusif avec le réalisateur Jim Sheridan (17′)
- Jim Sheridan et Daniel Day Lewis: Au nom de l’Irlande par Philippe Guedj (30′)
- Analyse d’une séquence par Philippe Guedj (5′)
The Boxer
- Entretien exclusif avec le réalisateur Jim Sheridan (14′)
- Présentation du film par Philippe Guedj, journaliste cinéma (27′)
- Analyse d’une séquence par Philippe Guedj (4′)
- Documentaire Combat pour la paix : making-of (23′)
- Scènes coupées (16′)
- Fin alternative (1′)
- Commentaires audio du réalisateur et du producteur non sous-titrés
- Bande-annonce