La couardise d’Albert au cours d’une fusillade donne à sa fiancée volage la bonne excuse pour le quitter et partir avec un autre. Une belle et mystérieuse inconnue arrive alors en ville et aide le pauvre Albert à enfin trouver du courage. Des sentiments s’immiscent entre ces deux nouveaux alliés, jusqu’au jour où le mari de la belle, un hors-la-loi célèbre, découvre le pot-aux-roses, et n’a plus qu’une idée en tête : se venger. Albert aura-t-il le courage nécessaire pour venir à bout du bandit ?
Avis de Manuel
Il y a eu Ted, son effet surprise, sa réussite critique et son succès public. Forcément, le projet suivant de Seth McFarlane, Albert à L’Ouest, était attendu.
Mais un grand nombre n’avait que cette unique référence de premier long métrage. Or, les méfaits de Seth McFarlane datent de plus longtemps et sont nombreux. Le réalisateur est avant tout le scénariste, producteur des séries comme Les Griffin (Family Guy), The Cleveland Show, American Dad et même la série documentaire, sérieuse, Cosmos. En gros, il touche un peu à tout surtout à l’embarrassant, mais jamais facile, toujours référencé et extrême. Très cinéphile dans l’âme comme l’attestent les nombreux clins d’oeil au cinéma de toutes ses séries, Seth McFarlane est avant tout un enfant, un trublion qui aime bousculer les conventions.
La cérémonie des Oscars qu’il avait présenté et que l’académie avait trouvé trop osée. C’était surtout une des plus intéressantes.
Ceci exposé, il faut donc voir son dernier film comme ce que Seth McFarlane est, un enfant qui aime jouer avec l’excessif, voire provoquer en flirtant avec le scabreux. Quitte à louper son effet plus que choquer au final. C’est gratuit et gras mais quand la pilule passe c’est souvent très drôle, car osé.
Albert à L’Ouest se différencie surtout de son prédécesseur sur ce point. Ici place au scato et au trash, pas tout le long du film mais assez régulièrement pour provoquer une certaine gêne pas moments. Gêne d’un effet loupé comme celle d’un gag qui va trop loin, sinon qui n’a vraiment pas sa place dans l’action même de la séquence.
C’est dit, le film se définit principalement par ça. Au-delà que reste t-il ?
Des acteurs plutôt à l’aise et souvent drôles (Giovanni Ribisi et Sarah Silverman s’en sortent d’ailleurs très bien dans leur rôle respectif), pas forcément avantagés par des dialogues parfois limite (petite pensée pour Charlize Theron) et des guests qui viennent faire quelques clins d’œil au spectateur (les habituels référence de McFarlane au 7ème art). Comme une réalisation ZAZ dans les gags visuels les plus tordus. Seth McFarlane c’est un peu de tout ça. Un film qui se veut autant être un western qu’une comédie (trash). On hésite alors à tirer sur l’ambulance comique d’un scénariste/producteur/acteur/réalisateur qui aurait trop faim et un égo démesuré. Mais ce dernier semble uniquement être un rejeton du nouvel Hollywood comique qui est donc d’abord « né » à la télé, comme beaucoup d’autres et qui dans un esprit de réinvention casse tout sur son passage, quitte à aller hors des limites déjà posées, ici le scato-trash. Provoc ou autre axe à explorer ? c’est selon.
C’est donc avec un peu de clémence, mais surtout un gros affect pour Seth McFarlane sur ses productions passées, qu’on pourra largement sourire durant le film. Pour les autres, l’hommage bancal au western, la comédie en mode montagne russe et/ou la romance effleurée ne suffiront pas.
Albert à L’Ouest n’est pas raté comme pourrait le suggérer l’échec du film aux Etats-Unis, c’est simplement une proposition de son réalisateur à ses fans. Dans sa proposition de viser plus large, on peut penser qu’il est un peu passé à côté. Surtout que la majorité du temps le film flirte avec le pipi-caca et dans cette répétition de gags certains moments frisent l’outrance.
Ce qui est étrange c’est que dans cette case de la vulgarité où certains n’arrivent même pas à provoquer le rire, McFarlane, propose autre chose, un ensemble très étrange qui fonctionne par moments et qui suffit à voir en Albert à L’Ouest un divertissement plein d’humour mais uniquement régressif. La subtilité s’étant définitivement perdue dans Monument Valley, restent les clins d’œil du metteur en scène au cinéma qu’il affectionne.
Avis de Fabien
Après le carton de Ted Seth McFarlane s’est fait plaisir, armé d’un budget à la hausse et d’un casting quatre étoiles, pour son nouveau délire, mix de comédie romantique et de western.
C’est donc dans de magnifiques décors naturels comme Monument Valley que Mc Farlane a entraîné ses acteurs pour Albert à l’ouest où il s’amuse des codes du western et de la romcom, avec une efficacité moins percutante que dans son précédent film.
Comme dans Ted, armé d’un humour régressif, McFarlane s’amuse à questionner la virilité du mâle américain. Ici l’anti-héros interprété par l’artiste multi-cartes ne cesse de remettre en cause la violence de ses congénères qui ne pensent qu’à se mettre sur la gueule dans d’homériques bagarres de saloon, se provoquer en duel ou massacrer les indiens : « L’ouest ça craint! » déclare-t-il au personnage de Charlize Theron. Albert, couard au grand coeur vivant chez ses parents, va apprendre au contact de cette belle inconnue à devenir un homme de l’Ouest tout en conservant sa singulière sensibilité. La signature McFarlane, de la comédie potache souvent trash agrémentée de romantisme, prend moins bien que dans Ted où la recette était plus inspirée.
Le mélange entre l’hommage au western avec tous les ingrédients inhérents au genre (bagarres de saloon, duels dans la rue principale, évasion grâce au train, rencontre avec les indiens…), l’humour potache avec situations absurdes (le mouton sur le toit, la prostituée chrétienne qui ne veut pas coucher avec son Jules avant le mariage!) et gags scatos (le duel avec Neil Patrick Harris), les préoccupations romantiques ne prend pas aussi bien qu’espéré; en effet se font ressentir de nombreuses baisses de rythme (1h57 pour une comédie c’est long!) dues à des gags inégaux et une histoire d’amour peu crédible où l’inexpressif McFarlane s’accorde difficilement à la talentueuse et sexy Charlize Theron.
Toutefois les acteurs amusent (Giovanni Ribisi excellent une fois de plus en mec louche, des caméos sympathiques), les références ciné pleuvent pour le bonheur des cinéphiles (Mary à tout prix, Retour vers le futur sans parler des westerns classiques à la John Ford) et l’ensemble a de la gueule (photographie très soignée), assez d’atouts pour une divertissante virée dans l’ouest américain.
Test blu-ray
Technique
La photo très travaillée est une merveille en HD avec une définition exemplaire, une colorimétrie riche et des contrastes solides. Les deux pistes sonores avec une préférence pour la vo offrent un beau dynamisme entre effets percutants et musique ample.
Bonus
Les suppléments de cette édition blu-ray Universal comprennent tout d’abord une ouverture alternative (3′), plus bavarde, une fin alternative (1′) avec le duo Amanda Seyfried et Neil Patrick Harris, un bêtisier (6′) puis des scènes coupées, alternatives, longues (10′) soit 7 scènes avec des dialogues additionnels et une séquence de rêve alternative.
Sont proposés également deux modules complémentaires : « Il était une fois, dans un Ouest différent » (10′) est un making-of promo avec images du tournage au Nouveau-Mexique, interviews du casting et concert de louanges pour Seth McFarlane qui déclare avoir voulu réaliser une « western-comédie », « avec l’apparence d’un western classique ».
« Une poignée de saleté dans ta bouche » (11′) zoome sur les décors riches et authentiques du film comme Old Stump, une ville décor trouvée à Santa Fe, au Nouveau-Mexique, les costumes, les conditions climatiques parfois difficiles (pluie torrentielle, chaleur accablante, poussière) et la musique signée Joel Mc Neely.