Benghazi (Libye), 11 septembre 2012. Face à des assaillants sur-armés et bien supérieurs en nombre, six hommes ont eu le courage de tenter l’impossible. Leur combat a duré 13 heures. Ceci est une histoire vraie.
Avis de Manu
Michael Bay, c’est un peu une marque de fabrique, une patte moquée, un cinéma de divertissement devenu cinéma industriel (l’usine Transformers livre régulièrement son nouveau model avec options superflues). Mais Michael Bay peut aussi être, de manière assumée et totalement festive, un bon faiseur de divertissement outrancier, Bad Boys 2, action porn démesuré et parodique d’une industrie cinématographique dans tout ce qu’elle a de factorielle dans le genre. The Rock avait ses qualités quand Pearl Harbor, comme souvent chez Bay, dégoulinait de patriotisme nauséeux. Et pourtant, son cinéma a quelque chose d’attractif, sinon d’indépassable dans le genre destruction massive sur image iconique et léchée (jeu de lumières, ralentis has been…)
Bref, Michael Bay a presque créer un genre, qu’on l’aime ou non. C’est souvent insupportable à regarder sur la longueur mais à jeter un œil plus précis, son cinéma est la formule parfaite d’un cinéma caricatural d’une époque, sauf que lui l’assume et à un savoir faire indéniable, une recette appliquée à la lettre.
Mais Michael Bay c’est aussi quelques échappées, The Island, brillant film d’anticipation dans ses 2 premiers tiers et plus récemment Pain & Gain, son film le plus réussi à ce jour, brillant comedy actioner.
On va dire que pour une fois, Michael Bay trouve un fond intéressant à son film, basé sur les faits réels de 2012 à Benghazi. Si, dans le développement, les racines du script s’avèrent limitées, le fait de lier l’ensemble à un fait historique donne de l’ampleur à son film.
Bien sûr, le metteur en scène n’a pas changé, ses détracteurs, nombreux, ne verront probablement aucun changement mais à regarder de plus près, le soin apporter à la photo de Dion Beebe conforte le cinéma de Bay dans un esthétisme qui rappelle les films de Tony Scott dans les années 80/90. Tout comme sa mise en scène, plus propre dans sa déferlante à soigner le thème qu’elle aborde. Le film de guerre est un genre et Bay le propose avec une patte fidèle à son époque, qu’on apprécie ou non. Aucun académisme des règles du 7ème art ici, c’est vrai, mais l’espace d’un terrain de jeu utilisé au mieux par un enfant de 51 ans qui assume tout ce qu’il fait. Peu de psychologie ici, certains auraient réussi cette partie, mais un chaos organisé de ce qu’on pu vivre les vrais protagonistes du film ; et c’est finalement dans ce classicisme et ce réalisme que 13 hours trouve ses forces. Une sorte de cinéma vérité outrancier sans être putassier car Bay s’assume comme un faiseur de scènes de guerre hallucinantes, d’un réalisme saisissant et très graphiques. A défaut d’apprécier, on peut saluer la démarche artistique.
13 hours, western moderne rappelant Fort Alamo où chacun se serait rapprocher de l’œuvre visuelle reflet de son époque. Rayon réflexion on repassera mais ce n’est pas (plus) ce qu’on attend de Michael Bay, et dans sa gamme il est probablement le meilleur faiseur d’un cinéma qui dans le démesuré s’attache toujours à l’assumer. Insuffisant pour beaucoup mais à défaut de tirer sur l’ambulance…
Avis de Fabien
Entre deux Transformers abrutissants, Michael Bay peut livrer des propositions cinématographiques intéressantes : Pain & Gain (2013), comédie bodybuildée sur l’American dream avec le duo The Rock/Mark Walhberg et présentement 13 Hours, récit guerrier consacré à l’attentat de Benghazi sur une ambassade US en septembre 2012.
Le récit avec ses vagues successive d’assaut (la villa de l’ambassadeur, l’annexe de la CIA) est une variation forcément furieuse, avec échanges lourdement armés et pyrotechnie de rigueur, de Alamo et La chute du faucon noir, deux excellents récits cités ouvertement par les protagonistes du film en plein affrontement. Bay met la pédale douce sur les élans patriotiques et l’héroïsme pompier comme modère ses tics esthétiques (ralentis) qui alourdissaient ses précédents films comme Pearl Harbor et Armageddon pour proposer un film d’action viscéral avec une atmosphère trouble et tendue dûe autant à l’obscurité qu’à la nature non identifiée des amis et ennemis locaux. Bref on ne fait pas dans la dentelle mais c’est quand même plus digeste que la plupart des Bay habituels.
Les combats de rue en territoire ennemi n’ont certes pas l’intensité dramatique de ceux du film de Ridley Scott la faute en partie à une caractérisation des personnages principaux insuffisante (seul John Krasinski s’en sort plutôt bien) mais 13 Hours s’avère prenant dans le genre actioner à grand spectacle.
Technique
Les images très détaillées au piqué affûté couplées à une piste sonore en vo au mixage d’enfer nous plongent idéalement dans le chaos orchestré par Michael Bay.
Bonus
Cette édition blu-ray Paramount propose un disque dédié aux suppléments avec :
« Consigner l’histoire : trouver la vérité au milieu du chaos » (8′) nous raconte ce qui s’est passée à Benghazi les 11 et 12 septembre 2012, un retour sur les faits avec images d’archives, témoignages des survivants et contenu du livre du journaliste Mitchell Zuckoff puis de son adaptation par Chuck Hogan.
« À la découverte des soldats secrets de Benghazi » (27′) est le recueil des témoignages des véritables protagonistes qui ont appartenu au GRS soit un personnel d’intervention mondiale qui assure la sécurité de la CIA et la protection de leurs espions à l’étranger. La production en a enrôlé certains sur le plateau comme consultants.
« Préparation au combat : les coulisses de 13 Hours »(26′) montre les acteurs à l’entraînement dans un boot camp avec des SEAL puis lors du tournage à Malte.
« Opération : L’avant-première de 13 Hours » (3′) est un court module présentant l’avant-première du film dans un stade à Dallas au Texas.
Enfin cette section bonus se termine par un « Hommage » aux disparus (3′).