Ellison est un auteur de romans policiers inspirés de faits réels. Dans l’espoir d’écrire un nouveau livre à succès, il emménage avec sa famille dans une maison où les anciens propriétaires ont été retrouvés inexplicablement pendus. Ellison y découvre dans le grenier des bobines 8mm contenant les images de meurtres d’autres familles. Qui a filmé ces tueries et pour quelle raison ? Ellison va tenter de répondre à ces questions tandis que le tueur présumé, une entité surnaturelle présente sur les films, menace de plus en plus sa famille.
Avis de Manuel Yvernault :
Scott Derrickson n’a pas la meilleure réputation dans la catégorie des films de genre. A son passif, l’Exorcisme d’Emily Rose, un thriller horrifique assez fade même si révélateur d’un certain savoir faire, perdait ses quelques grammes de qualité quand le réalisateur s’acharnait ensuite sur le remake inutile et niais, Le jour où la terre s’arrêta.
Ce n’est pas avec ce désolant Sinister où Derickson perd pied dans un océan de clichés qu’il se démarquera dans un genre de plus en plus phagocyté.
Pour l’ambiance, le décorum était pourtant posé et plutôt maîtrisé; on avait presque envie d’y croire, ce sont les 10 premières minutes, la suite s’avère beaucoup plus délicate. La faute à un parti pris de mise en scène discutable et des lacunes de mise en scène (et scénaristique) que le réalisateur tente de combler par des effets copiés/collés de films référents.
Passé cette première intention, on s’ennuie donc fermement devant Sinister, à tel point que le rire (hélas) prend parfois le pas sur l’effet escompté. Au mieux le spectateur s’amusera à noter tous les effets présents à l’écran, porte qui claque, « bouh » de conséquence, montage son à l’unisson, quand ce dernier n’est pas ridicule, le réalisateur ayant également décidé d’illustrer chaque passage filmé en super 8 d’une musique, avec point in, point out à l’image. Non pas que celle-ci soit insupportable, au contraire, un des rares éléments positifs du film mais parti pris risqué car non justifié et soulignant le vide constant de la mise en scène. Les producteurs ont sans doute pensé que surligner les effets sonores serait de bonne augure.
Reste tout de même quelques séquences bien orchestrées mais totalement décousues dans l’ensemble.
En lieu et place d’une tension crescendo nous avons l’exemple d’un boogie man qui apparaît parfois furtivement à l’écran, fixe le spectateur, apporte une délicieuse touche de fête foraine au film (ironie, quand tu nous tiens). En somme pour un thriller horrifique, on a déjà vu mieux, voire déjà-vu l’ensemble tout court.
Seul, surnage dans ses élans de plaisanteries Ethan Hawke dont on peut difficilement pardonner l’écart quant au choix de ses derniers films, depuis Before the devil knows you’re dead mais dont on saluera la prestation dans Sinister, ce qui permet, au mieux de ne pas trouver le temps long et encore.
L’avis de Krismery :
8 à la maison…
Il serait facile de qualifier Sinister de sinistre tant les multiples sens de cet adjectif pourrais très bien définir à lui tout seul ses qualités et défauts. Son réalisateur, Scott Derickson s’était déjà aventuré non sans mal avec L’exorcisme d’Emily Rose après avoir dénaturé une œuvre de sci fi culte.
C’est donc avec prudence que l’on se prépare à vivre cette expérience et les craintes s’avèrent fondées. Si cette nouvelle incursion affiche de louables intentions, elle n’en reste pas moins une aventure aux tétanisantes promesses mais à l’exécution engourdie par des choix antithétiques.
De cette histoire de « maison hantée » on retient surtout celle d’un homme qui, aveuglé par son égoïsme et son ambition, ne parvient pas à protéger son cocon familial de la menace malgré les visibles incidents qui en écorchent l’armature. On perçoit dès l’introduction l’aboutissement d’une telle mise en place.
Cet état de déchirement auquel on nous prépare est brillamment introduit et parvient aisément à nous affecter. La mise en scène, soignée, réussit habilement l’immersion dans cette terreur urbaine palpable. Une imagerie morbide est matérialisée par des vidéos amateurs dont le réalisme outré intensifie la portée des horreurs qu’elles projettent tout en invoquant avec malaise, nos prédispositions inconscientes au voyeurisme.
C’est justement l’ascension de ce sentiment, que va subir le personnage incarné par Ethan Hawke. Son état, décrit avec minutie par une caméra qui n’hésite pas à s’attarder sur son inquiétude grandissante en oublie finalement le reste de la famille. On brode grossièrement les liens aux détours de quelques dialogues mais le portrait reste au stade de croquis. Ce point noir, à lui seul, suffit à priver la suite d’une dramaturgie nécessaire à légitimer la conclusion, erreur problématique si on se réfère à la thématique annoncée.
D’autant plus que la seconde partie élargit subitement le point de vue, jusqu’ici restreint à l’écrivain et démystifie en trois plans, la raison principale nous permettant de spéculer maladroitement sur la suite des évènements. Parallèlement, l’expression devient plus théâtrale et le schéma d’épouvante tourne en rond dans le but de mieux spiraler la psychose du personnage mais ne fera que plomber le final.
A ce stade, il ne reste plus qu’à dévoiler sa pseudo révélation, conclusion téléphonée grotesque au discours moraliste que les séquences d’angoisses, habilement valorisées, ne feront oublier. Au mieux, elles prouvent juste qu’elles auraient eu leur place dans un épisode de programme télé ou un court métrage, voire, plus naturellement sur du super 8.