Lors d’une journée particulièrement chargée, Sandra, gérante d’un fast-food d’une banlieue de l’Ohio reçoit l’appel d’un policier accusant l’une de ses employées d’avoir volé un client. Le croyant sur parole, Sandra place Becky sous surveillance, entrant ainsi dans une situation qui va bientôt tous les dépasser.
Film en compétition au 38ème édition du Festival du Cinéma Américain de Deauville
Avis de Stéphane :
Compliance est tiré d’une histoire vraie. Il est incroyable de voir la bêtise des personnes qui peuvent croire à l’improbable si c’est une certaine forme d’autorité qui leur en donne l’ordre.
Car ce film réalisé par Craig Zobel montre un peu ce que représente le social engineering qui est l’art d’utiliser les failles de l’être humain.. En persuadant une personne que l’on est une forme d’autorité, on ne leur laisse pas le choix afin qu’ils obéissent.
Le réalisateur montre jusqu’où on peut pousser des esprits faibles afin de leur faire réaliser l’impensable.
Le sujet est vraiment passionnant mais le réalisateur rend le film trop long qui en devient presque lassant car toute l’histoire se déroule dans un fast food. C’est vraiment dommage car les acteurs arrivent à nous faire croire à l’histoire. D’ailleurs on aimerait bien les réveiller dans leurs bêtises afin qu’ils ne suivent pas bêtement les instructions.
Compliance est vraiment trop long et le sujet ne s’y prête pas obligatoirement.
Avis de Manuel Yvernault :
Surfant sur la vague des films « inspiré de faits réels », Craig Zobel délivre une œuvre dérangeante, vouée au questionnement. Car elle pêche de manière cruciale par la crédibilité fragile de certains passages, la manipulation, dans ce contexte précis, à ses limites, quelle que soit l’autorité représentée, (ici les scènes du personnage de Van), autorité qui n’a aucune forme justifiée dans sa mise en scène, ni lieu d’être.
Passé outre cette barrière formelle et importante, Zobel par une réalisation quasi documentaire, parfaitement rythmée, découpée, faisant la part belle aux cadres, réussit à instaurer une ambiance nauséeuse de ce fait banal à la dérive impressionnante, si remis dans son contexte.
Dans quelle mesure un film prend du relief, lorsque ce dernier est enclin à une projection réelle, ici un fait divers, donc presque voyeur dans sa détermination à séduire le spectateur ? là est sans doute le sujet de Compliance.
Si l’écriture ne semble pas aboutie dans sa forme contextuelle, le sens affûté des dialogues conjugués à la précision de la mise en scène de Zobel donnent à Compliance cet air de film d’« après coup ».
Une fois le problème narratif effacé, ressort en filigrane le propos même du long métrage, comment l’ordre, l’autorité sur un plan moral et hiérarchique peut établir un droit de manipulation sur autrui ? Loin d’être inintéressant le film manque de très peu son effet le plus entier lors de certaines scènes invraisemblables qui font sortir le spectateur de ce climat malsain et oppressant. Sans pour autant oublier, comme souvent, de montrer le visage humain et commun dont la perversité peut s’habiller.
A ce titre, l’intégralité de la distribution offre un jeu tout en saveur et d’une crédibilité appuyée. Si Craig Zobel devra confirmer sur un scénario plus solide, Compliance est l’exemple même du film à méditer avant de trop vite le refuser.