À Cold Rock, petite ville minière isolée des Etats-Unis, de nombreux enfants ont disparu sans laisser de traces au fil des années, et n’ont jamais été retrouvés. Chaque habitant semble avoir sa théorie sur le sujet mais pour Julia (Jessica Biel), le médecin dans cette ville sinistrée, ce ne sont que des légendes urbaines. Une nuit, son fils de 6 ans est enlevé sous ses yeux par un individu mystérieux. Elle se lance à sa poursuite sachant que si elle le perd de vue, elle ne reverra jamais son enfant.
Film en avant première au 38ème édition du Festival du Cinéma Américain de Deauville
L’avis de Manuel Yvernault :
Si le précédent film de Pascal Laugier, Martyrs, avait divisé critiques et public, The Secret devrait, à défaut d’unir les troupes, être plus accessible. S’aventurant sur un terrain narratif différent mais qui rend toujours un hommage indirect au cinéma de genre, à la frontière du fantastique, cette fois.
Si le titre d’exploitation français semble inapproprié (The Tall Man en VO semblait plus judicieux) il ne doit pas donner trop vite au film un goût d’aussi vite vu, très vite oublié.
Pascal Laugier, fort de l’expérience acquise sur ses deux premiers longs métrages, s’aventure au pays de l’oncle Sam pour donner avant tout une forme assurée à son film. Le décorum, entre un versant white trash US et redneck, inscrit le film dans la moiteur d’une ville minière et des personnages afférant à ce milieu; l’atmosphère une fois posée laisse une place importante à la crédibilité du récit.
Pour trouver toute l’âme du film de Laugier il convient d’en oublier les enjeux premiers et de se laisser porter par un récit en forme de rebondissements répétés qui, sans perdre le spectateur, l’immisce encore plus dans l’histoire. Le metteur en scène joue alors tout au long de son film sur le questionnement du spectateur à inscrire son histoire dans un genre précis, thriller, fantastique, horreur…cela fonctionne et même si le manque de repères est présent, le « changement de cap » à défaut d’être révolutionnaire est surprenant et intelligent.
L’autre force du film est l’interprétation surprenante de Jessica Biel, qui dévoile ici un jeu beaucoup plus subtil et tout en émotion, qu’on ne lui connaissait pas.
Difficile d’en dévoiler plus, tant le film fonctionne à même de son processus. Ce qui en fait autant sa qualité que son défaut puisque, les arches qui tiennent le film ont cette fragilité de forme. Ce qui n’empêche pas Pascal Laugier d’essayer de coller un discours à son film, point de vue qui fera débat sans nul doute, puisque là aussi, comme son cinéma, Laugier traverse la frontière des sujets propre à divergences. The Secret tout comme Martyrs tient de l’affect que l’on peut projeter sur les films de genre et dont Pascal Laugier tente à chaque nouvel essai d’en être un auteur. Si la tentative n’est pas totalement réussit, le film à le mérite d’être d’une maturité et d’un renouveau prononcés au moins sur le fond.