A.C.A.B (All Cops are bastards)

Réalisateur
Acteurs
Pays
Genre
Drame
Durée
112
Titre Original
A.C.A.B (All Cops are bastards)
Notre score
5
A.C.A.B (All Cops are bastards)

ACAB, ou “All Cops are Bastards”, était un slogan initialement utilisé en Angleterre dans les années 1970 par les skinheads. Rapidement il s’est propagé dans les rues et les stades, propices aux guérillas urbaines. Cobra, Nero et Mazinga sont 3 « flics bâtards» qui, à force d’affronter le mépris quotidien, ont pris l’habitude d’être les cibles de cette violence, reflet d’une société chaotique dictée par la haine. Leur unique but est de rétablir l’ordre et de faire appliquer les lois, même s’il faut utiliser la force…







Avis de Manuel Yvernault :



S’étant fait la main sur de nombreuses séries italiennes à résonance policière, Stefano Sollima (ancien caméraman de documentaires en zone de guerre) signe ses débuts cinématographiques avec un film prenant, au discours impliqué, à la frontière où l’ambivalence prend parfois place. En restant toujours à la frontière qui départage propos sociaux et histoires d’hommes, A.C.A.B reste un film puissant.


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Difficile exercice donc, que celui d’animer un discours politique et social en narrant le parcours de CRS italiens et d’insuffler la force de rapports humains.

Stefano Sollima, réussit ce challenge, non sans débordements, de parler du fascisme dans un pays où la haine est de plus en plus présente, ainsi que de poser un regard sur ces « flics bâtards » en nous parlant autant de leurs convictions que de leurs valeurs « fraternels ». Des histoires d’hommes avant tout donc.

Lorgnant à la frontière ambivalente de la dénonciation et de la justification, le film est le parfait pendant d’un cinéma italien à la mise en scène moderne, dans la droite lignée de Romanzo Crimanale ou encore Arrevedreci amore ciao.


Dès sa séquence d’ouverture, Sollima brouille les pistes, au petit jeu du qui est qui, comme pour séparer les convictions personnelles et professionnelles de ces trois flics. A ce titre chacun pourrait représenter, sans tomber dans le cliché, un pendant et un point de vue de la société italienne. Il n’y a pas de héros, uniquement des hommes avec leurs qualités et leurs défauts, décryptés autant sur un le plan privé que dans leur métier, devant gérer des faits divers (pour la plupart tirés de vrais faits) dramatiques quand ils ne sont pas d’un noir burlesque.


Si le film flirte souvent avec des notions de fascisme, c’est pour mieux en démonter et désamorcer son fonctionnement.

A.C.A.B permet à Stefano Sollima d’apporter un regard distancé sur les CRS et évite le mode critique futile que le regard cinématographique aurait pu apporter au film. En lieu et place de cela, sa mise en scène réaliste, brute et une interprétation équilibrée et soignée, fournissent au film son ton très réaliste presque documenté.


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La force de la mise en scène ne relève que le bien fondé d’un récit n’allant jamais dans une rhétorique pro ou anti CRS. Sollima offre assez de liberté et de souffle à son film pour laisser le spectateur lire entre les lignes. Les rares échappées sont immédiatement rattrapées par une séquence forte de sens (on pensera par exemple à la scène nocturne en bas d’un immeuble et son petit jeu de l’interphone).


A.C.A.B est donc le fruit d’un agréable mélange, celui d’une intelligence de narration, l’efficacité d’une mise en scène et la dénonciation de faits propres à mener des avis divergents. Sollima se sort avec force de cet exercice difficile et prouve que le cinéma de nos jours peut servir intelligemment un sujet délicat et propre à de nombreuses critiques. S’il n’est pas parfait, A.C.A.B ouvre pleinement la voie à ce réalisateur qui a su se mettre en danger en nous parlant avant tout d’hommes sans mettre à couvert les dangers de la haine aveugle qui prend trop souvent de place et nuit à toute société.

A.C.A.B (All Cops are bastards)
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