Une équipe d’explorateurs découvre un indice sur l’origine de l’humanité sur Terre. Cette découverte les entraîne dans un voyage fascinant jusqu’aux recoins les plus sombres de l’univers. Là-bas, un affrontement terrifiant qui décidera de l’avenir de l’humanité les attend.
Avis de Manuel Yvernault :
Prometheus, LE film reflet d’un mode de production actuel. Précédé d’un buzz planétaire avec démentis et confirmations qui l’entourent, le petit nouveau de Sir Ridley Scott était un des films les plus attendus cette année, poussé par un studio qui survendait le film à grands coups de marketing promotionnel calculé.
Forcément, le résultat est décevant, sur le fond tout du moins.
Afin de donner une valeur plus ample au film, il est impératif de ne pas le voir comme un prequel, ni même de le relier (complètement) à la saga Alien. Dans ces dernières minutes Prometheus se dessine plus comme une nouvelle franchise SF que comme un volet supplémentaire. Hélas à ne pas vouloir se détacher plus de son sujet le film se perd entre deux univers, celui d’une création totale et d’une mutation du premier volet. Etrange.
Malgré l’affection que l’on porte à la saga originale, le premier volet faisant figure de chef d’œuvre copié et recopié, aux multiples niveaux de lecture, il convient d’être objectif quant aux résultats affichés de Prometheus qui n’est pas de la même teneur.
Débutons par les points imprenables de l’oeuvre (car toutes proportions gardées, s’en est une), l’esthétique, le décor et l’univers impeccables du film. Prometheus est visuellement loin des copies passées et du numérique bâclé. Nous sommes ici en face d’un chef d’œuvre du genre, éblouissant devant nos yeux où le moindre décor SF (vaisseau, ustensiles, costumes, décor intérieur) et les extérieurs sont soignés et mis en valeur par la mise en scène de Sir Ridley Scott. Le réalisateur étant loin de rendre un travail ingrat dans la majorité de sa filmographie, à bon faiseur, film de grande ampleur.
C’est sur le plan scénaristique que le film acquiert ses plus mauvais points. Après une bonne heure d’exposition, délicate, efficace et parfaite de mesure, un second souffle semble prendre le film dans ses bras. Hélas le rythme ne tiendra pas le choc d’un scénario parfois trop calqué sur l’original (Alien), la magie et le rythme de certaines scènes (d’actions ou non) ne peuvent trouver une linéarité tant les choses semblent aller trop vite. De là à affirmer que Scott n’a pas eu le director’s cut il n’y a qu’un pas, quand on s’aperçoit du faible traitement de certains personnages, forts à la base lors de l’exposition ; lorsque certains protagonistes débarquent carrément en plein milieu d’une scène d’actions, personnages à peine aperçus auparavant. Sentiment mitigé donc, une fois la deuxième partie du film amorcée.
Ceci confirmé lors de dialogues, parfois légers, dignes de blockbuster faciles et grand public. On appréciait plus le metteur en scène face à des non-dits et qui ne doutait aucunement de l’intelligence du spectateur quant à l’explication de rapports entre les personnages et/ou de faits. Ici ce qui est montré (tout du moins), est expliqué. Heureusement, Michael Fassbender réduit ce défaut par l’existence même de son personnage quand, autant par son jeu que par la justesse de ses répliques, le comédien apporte une saveur supérieure au film et fait de David une nouvelle icône SF. En cela il reste presque seul, avec Noomi Rapace comme rôles en relief du casting, les autres n’ayant de toute façon que peu de choses à défendre.
Prometheus est un peu le pêché originel de son auteur, flirte trop auprès d’un Blade Runner pour le fond humaniste, danse avec des répliques plus proches de Gladiator que d’Alien ; à force de ne pas choisir, Scott offre un melting-pot de ses précédents films en prenant les défauts et qualité de chacun. Ne se détachant réellement de ses œuvres précédentes, il réalise un film embryonnaire dont le spectateur de la saga ne sait que faire.
Alors, une fois digéré, le recul en main, Prometheus offre cependant une belle œuvre, (certes, ici, la subjectivité présente n’aide pas), parfaite esthétiquement, soigné dans sa mise en scène mais qui pêche par un fond alambiqué et non clairement défini. En outre, avec le désir de prendre ce film comme prémice d’une nouvelle anthologie, Prometheus peut être dans les hautes sphères. Pour cela, se détacher clairement de certaines scènes et aspects métaphysiques d’Alien aurait été essentiels, tant plusieurs idées présentes ici sont intéressantes et amenées à être développées.
Prometheus, par une philosophie et une théologie poussées jusqu’au bout aurait été un chef d’œuvre. A défaut d’une vraie director’s cut (?) et d’une suite, le film n’est qu’un avant-goût d’une franchise intéressante à développer, qui ne prendra sens que dans un ensemble. D’ici là, le voir isolé d’un tout est essentiel pour en apprécier les nombreuses qualités et rares défauts, quand dans ses dernières minutes le film nous offre ses plus belles images et dialogues.