L’histoire héroïque d’un dictateur qui va jusqu’à risquer sa vie pour s’assurer que son cher pays oppressé ne devienne jamais une démocratie.
Avis de Manuel Yvernault :
Sasha Baron Cohen, devenu une référence quant au fait d’incarner des personnages extrêmes, s’attache cette fois à se transfigurer sous les traits d’un dictateur. Ce qui, en ces temps de révolutions des printemps arabes, aurait pu être bienvenue. Ceci étant pour le fond ; pour la forme, nous repasserons. The Dictator, même dans son discours extrême, n’arrive pas à trouver adhésion, ceci par une vulgarité exagérée et gratuite, très présente, qu’on apprécie parfois mais s’ajoute à cela une faiblesse d’écriture et de vannes en totale perdition.
Tout est d’une lourdeur profonde ressemblant plus à un manque d’inspiration qu’à un ton délibérément désiré. On flirt avec blagues scatos, outrancières et dénuées de sens, sans réelle originalité. Il manque dans cette même direction ce petit plus qui amène le rire et le coup de sniper osé qu’on adorait trouver dans Borat, une comédie aux galons de colonel. On flirt plus vers Brüno qu’on trouvait déjà bien vide en contre point.
Avec The Dictator nous sommes clairement dans une fiction alors que les précédents films avec Baron Cohen jouaient sur la carte de la caméra off. Nous attendions peut-être beaucoup plus du film qui pouvait s’offrir une liberté plus grande, une dimension complètement jouissive. Nous n’obtenons qu’un métrage à l’humour fadasse, à la blague facile et où la différence de culture n’est marquée que par des clichés convenus. On sent bel et bien ce que Cohen voulait atteindre, une critique acerbe et sévère de tous systèmes dictatoriaux mais la nonchalance, la gratuité des dialogues et des vannes ne permet jamais, ou rarement, de trouver cette direction.
Il est certain que de nombreux spectateurs sauront apprécier The Dictator mais nous passons clairement notre chemin. Seuls les fans de Baron Cohen s’éclateront par le côté osé et l’interprétation que le comédien fait de son personnage entre caricature et clichés. Loin, très loin de Borat car très proche d’une facilité et gratuité rendant le film relativement indigeste.