Après l’ouvrage dédié à Death Stranding, Hideo Kojima et Third Editions sont de retour sur nos étagères avec « Metal Gear Solid : une œuvre culte de Hideo Kojima », qui profite enfin d’une réédition après être longtemps tombé en rupture après sa parution fin 2015. L’occasion de partager nos impressions sur ce véritable tour d’horizon des aventures de Snake, Big Boss et Kojima.
En effet, « Metal Gear Solid : une œuvre de Hideo Kojima » est sorti initialement en 2015, dans la foulée des premiers ouvrages de Third Editions créée en 2014, avant de tomber rapidement en rupture. Il aura donc fallu patienter quelques années pour que les retardataires puissent enfin poser les mains sur ce livre ambitionnant rien de moins que retracer et analyser l’ensemble de Metal Gear Solid, véritable œuvre-fleuve de Hideo Kojima qui se sera étendue sur près de 30 ans, plusieurs générations de consoles et encore plus de jeux, sans compter les autres médiums (livres, récits audio, un film en préparation depuis des années…). Sur le papier, la tâche semble évidemment ardue. Autant que de comprendre quelque chose aux scénarios de la saga de Kojima pour un lecteur qui n’y aurait jamais touché (et même pour ceux s’y étant frottés, cela n’est pas si simple de s’y retrouver). Et pourtant, force est d’avouer que les trois auteurs Mehdi El Kanafi, Nicolas Courcier (par ailleurs fondateurs de Third Editions) et Denis Brusseaux s’en sortis avec les honneurs.
Tout comme l’ouvrage Entre les mondes de Death Stranding dont vous pouvez retrouver ici nos impressions, Metal Gear Solid : une œuvre de Hideo Kojima s’articule majoritairement autour de trois aspect : la présentation de Kojima (évidemment redondante avec l’ouvrage sur Death Stranding, mais de tout aussi bonne facture et n’hésitant pas à détailler le divorce Konami/Kojima, encore très frais dans les esprits à l’époque de la sortie du livre et de Metal Gear Solid V), la chronologie des événements des différents Metal Gear (sans trop détailler autant que l’ouvrage Death Stranding, ni préciser à quels jeux les événements correspondent – les néophytes apprécieront, les fans s’y retrouveront) et bien évidemment l’analyse des auteurs.
Si la première partie reste très intéressante, il est impossible de ne pas saluer l’énorme travail abattu autour de la deuxième partie qui, sous couvert d’un « simple » récit des événements majeurs de la saga, permet de mieux saisir l’ampleur du travail abattu par Kojima et ses équipes durant une trentaine d’années. Car oui, pour faire simple, ce n’est pas un seul, mais près d’une dizaine de jeux (sans compter les opus hors-chronologie) qui partagent ce même univers et ces mêmes personnages, permettant au joueur d’assister à leur évolution sur une durée de plusieurs décennies (l’histoire débute dans les années 60 et se conclut dans les années 2010). Retracer tous ces éléments et les condenser pour permettre au lecteur de comprendre avec clarté l’histoire de Big Boss et de Solid Snake relevait de l’impossible. Mais, bien conscients de leur impératif d’offrir de véritables repères au lecteur avant d’entrer dans l’analyse, les auteurs ont réussi à relever le défi haut-la-main, transformant cette mission impossible en mission vertueuse.
C’est ainsi que, fort des présentations de Kojima dans la première partie et de l’univers des jeux dans la seconde, et sans jamais céder à la difficulté de l’incertitude (le devenir de Kojima et la saga MGS vis-à-vis de Konami était à l’époque totalement incertain), la troisième partie peut nous offrir une analyse en règle n’omettant presque aucun point, depuis les tics et ambitions avortées de son créateur en passant par les faiblesses et incohérences d’un opus donné, jusqu’à l’évolution du gameplay au gré des nouvelles possibilités offertes par les nouvelles générations de machines, ou simplement la maitrise de l’une d’elles (les progrès entre MGS 2 et 3, sortis tous deux sur PS2). En somme, tout ce que l’on pourrait attendre d’être abordé dans un ouvrage sur cette saga est bel et bien présent, d’une manière ou d’une autre. De quoi largement recommander cet ouvrage aux fans, et sans doute même aux néophytes qui, outre une présentation des qualités qui ont amené cette saga à entrer au panthéon des jeux vidéo, trouveront assurément ici l’envie de prendre à leur tour la manette entre les mains et se plonger dans les aventures de Big Boss et Solid Snake.