Film en compétition dans la Séléction Officielle au Festival de Cannes 2012
L’avis de Fabien
Ecrit en 3 semaines sur un rouleau de papier après 7 ans passés sur les routes, le mythique On the road de Jack Kerouac, emblème de la Beat Generation, a fait l’objet de nombreuses tentatives d’adaptation : Marlon Brando et Francis Ford Coppola entre autres n’ont pas réussi à porter à l’écran ce roman culte réputé inadaptable en raison de la structure même du texte, des allers-retour incessants entre l’Est et l’Ouest des Etats-Unis, un récit alternant pauses introspectives et moments pleins d’énergie débridée avec une écriture foisonnante épousant le flux de la conscience.
Le réalisateur brésilien Walter Salles, auteur d’un beau road-movie sur le Che, Carnets de voyage, s’est vu confié en 2004 par American Zoetrope, la société de Coppola, l’adaptation du texte de Kerouac dont il a reproduit le parcours de la Californie à l’Argentine en passant par le Mexique accumulant une importante documentation.
Si le départ pour les grands espaces se fait un peu attendre, l’aventure progresse agréablement au gré de rencontres, des lieux marquants rejoints au volant d’une Hudson, lieu de tensions, de désirs exprimés avec une fureur de vivre contagieuse.
La version de Salles multiplie les qualités en terme d’esthétique avec de magnifiques décors naturels photographiés par Eric Gautier, un casting sexy très convaincant (Garrett Hedlund, Kirsten Stewart, Kirsten Dunst, Viggo Mortensen) carburant au cocktail sexe, be-bop, benzédrine.
Garrett Hedlund réussit à traduire par intermittences la fougue incontrôlable du charismatique et insaisissable Dean Moriarty ; Sam Riley (Control) est un peu fade dans le rôle du narrateur. Mais ce sont les actrices qui emportent l’adhésion, avec deux représentations de la femme : Kirsten Stewart est la sensuelle et passionnée maîtresse de Dean et et Kirsten Dunst, l’épouse courageuse et raisonnée du volage Dean.
Mais le film ressemble trop in fine à une succession de rencontres dans des paysages très cinématographiques et une compilation de scènes de complicité et d’amour libertaire, une ode à la liberté à laquelle il manque lyrisme et émotion pour lier l’ensemble. Sur la route n’est pas vraiment le grand récit attendu sur l’errance et le voyage comme l’est l’intense Into the wild mais l’adaptation appliquée à défaut d’être renversante d’un texte foisonnant difficile à transposer.