On retrouve immédiatement l’empreinte McG dans une scène d’intro que le réalisateur aime faire. Décor de studio que l’on fait passer pour un intérieur/extérieur nuit du plus mauvais esthétisme. Sans doute désiré. Cela crée cependant les plus grands doutes sur l’ensemble à venir. Réalisation ensuite pop et acidulée comme un bonbon. Couleurs comprises. Parfois du plus mauvais goût. Le reste n’a pas d’importance.
Et puis avec une certaine retenue, le film bascule doucement vers la simple comédie romantique, boostée de temps à autre, par de rares scènes d’actions. Le film déroule alors un rythme agréable parsemé de dialogues que les moins exigeants trouveront corrects.
Tout ceci soutenu par le jeu des comédiens principaux essayant de se sortir de ce piège (film de commande) comme ils peuvent. Bien sûr Tom Hardy avec le panache et le talent qu’on lui connaît réussi au mieux l’épreuve. Il en arrive presque à être touchant par moments, au pire ne devient pas ridicule au fil des séquences. Quant à Chris Pine, on l’a connu dans de meilleures conditions et fait ce qu’il peut pour jouer au mieux, n’ayant pas démontré un énorme talent jusqu’ici, Target ne sera pas le film qui mettra en avant son travail de composition. A la limite de l’auto-parodie. Reese Witherspoon elle, oscille fréquemment et paradoxalement entre le jeu charmant qu’on lui connaît sur ce genre de « produit » et l’énervement le plus total lors de certaines scènes indigentes au possible.
On évitera de parler de facilité mais le dernier McG ne sera pas la carte de visite que le réalisateur cherchait pour mettre en scène un genre auquel il ne nous a pas habitué. On a connu pire comme rendu de copie (Mr. & Mrs. Smith) mais on a surtout le souvenir d’avoir déjà-vu mieux. Seul résiste le plaisir coupable de retrouver Tom Hardy et quelques (rares) scènes d’un humour classique mais efficace. Target ou comment un film vendu comme une comédie d’action prend presque de la valeur en reclassant le film dans comédie romantique…pour public avisé et peu exigeant dans les deux cas.
L’avis de Fabien
Avec son casting glamour composé du capitaine Kirk version JJAbrams Chris Pine, la spécialiste des rom-coms Reese Witherspoon et la star montante Tom Hardy le réalisateur de Terminator renaissance tente de mixer dans Target (This means war) comédie, action et romantisme dans ce blockbuster lorgant autant du côté de Sérénade à trois et Mr & Mrs Smith.
L’ouverture, une scène d’infiltration agitée, fait redouter le pire avec son style clippesque: la mise en scène tape-à-l’oeil n’offre aucune lisibilité à l’action brouillonne, handicapée par des couleurs acidulées et des fonds verts du plus mauvais effet.
MCG abandonne ensuite son intrigue d’espionnage et met en douce son style survolté qu’il retrouvera à la fin avec une poursuite automobile bâclée pour une comédie de marivaudage où les deux stars masculines se disputent le coeur de la blonde Reese Witherspoon. Très vite tous les coups sont permis pour s’attirer les faveurs de la belle : détournant l’arsenal technologique de la CIA pour leur affaire de coeur, ils se livrent à une guerre sans merci où drone, micros espions, fléchette anesthésiante sont mobilisés pour épier, discréditer l’adversaire. Les situations comiques et de séduction s’enchaînent agréablement entre une partie de paintball filmée comme une offensive guerrière et un dîner calamiteux avec une famillle de location.
C’est souvent improbable, filmé avec une certaine désinvolture et monté comme un clip MTV mais l’ensemble reste plaisant grâce au charisme et au talent de Tom Hardy qui met littéralement k.o son partenaire de jeu, le fâlot Chris Pine, face à la craquante Reese Witherspoon. L’intérêt du film réside dans l’illustration énergique des questionnements et des inconséquences des personnages précipités dans un triangle amoureux à l’issue bien sage.
La version longue ajoute quelques dialogues épicés à cette comédie d’action plaisante et divertissante qui tient à la route, malgré un manque d’originalité certain et une direction artistique peu inspirée, grâce à ses sympathiques situations de marivaudage qui sont orchestrées comme autant de micro-guerres tactiques pour enlever la belle Reese.
Test blu-ray
L’image est superbe avec ses couleurs éclatantes (trop?, voir le prologue avec des peaux un peu trop orangées!), sa définition acérée pour une multitude de détails.
Le DTS HD Master Audio de la piste originale est percutant : un déluge d’explosions, de coups de feu et de bons morceaux de musique envahissent l’espace sonore. La piste vf assure également le spectacle.
Bonus