Scott Henderson, un ingénieur de 32 ans, quitte le domicile conjugal après une violente dispute avec sa femme. Dans un bar, il fait la connaissance d’une belle et mysterieuse jeune femme. Cette rencontre sonne le début des ennuis pour Scott, pris dans un dangereux engrenage…
Après La clé de verre Elephant Films nous propose un autre excellent film noir, Les mains qui tuent (Phantom Lady), daté de 1944.
Réalisé par Robert Siodmak à qui on doit entre autres pépites noires le chef d’oeuvre Les Tueurs (The Killers, 1946) avec Burt Lancaster et Ava Gardner, Les mains qui tuent est structuré autour de la figure du faux coupable hitchcockien qu’une jeune femme va tenter d’innocenter. Loin du polar hard boiled et de ses flics et détectives dur à cuire c’est Carol / Miss Kansas, secrétaire amoureuse de son patron accusé du meurtre de sa femme qui mène l’enquête. Ce beau personnage féminin est à mettre au crédit de Joan Harrison, scénariste pour Alfred Hitchcock entre autres (La taverne de la Jamaïque, Rebecca…). La filature dans un New-York poisseux d’un témoin oculaire par l’enquêtrice en herbe est un beau moment de cinéma par son découpage, sa photo expressionniste avec ombres menaçantes et son utilisation du son. Autre morceau de bravoure, la fameuse scène du solo de batterie orgiaque dans une cave de swing où Carol se rend pour son enquête, un nouveau monde plein de danger, de perversion, de pulsions : successions de champs contre champs avec un batteur qui la dévore des yeux, décadrages, musique effrénée, la tension sexuelle et dramatique est à son comble. Le récit déploie une galerie de menteurs, de névrosés, de criminels vs le personnage pur de Kansas (« je l’ai fait de bon coeur »). Le personnage du tueur dont l’identité est révélée au 2/3 du film est réussi, dans la tradition du suspense hitchockien où le spectateur en sait plus que les personnages principaux.
La superbe mise en scène de Robert Siodmak et la belle performance d’Ella Raines en enquêtrice amoureuse coriace concurrent à la réussite de ce Phantom lady à (re)voir absolument pour les fans de film noir.
Technique
Ce master restauré nous offre une image de qualité avec un piqué solide, des contrastes remarquables et un grain préservé. On passera outre les quelques tâches, points blancs et rayures parfois à l’écran pour apprécier ce blu-ray indispensable pour les amateurs de film noir. Seule la VO est disponible soit une piste correcte avec des dialogues clairs.
Bonus
Deux courts suppléments figurent sur ce blu-ray de La collection des Maîtres (avec La clé de verre, La grande horloge et Les yeux de la nuit) :
-Le film par Eddy Moine (12′) : sont abordés les différences entre le roman de William Irish et son adaptation, la collaboration de Robert Siodmak avec sa scénariste Joan Harrison, la photographie signée Elwood Bredell, le casting, la réception critique du film sorti en 1946 en France.
-Entretien avec Stéphane du Mesnildot (10′) : le journaliste et essayiste analyse la séquence de la boîte de jazz avec un décorticage de la mise en scène de Siodmak et des références aux personnages d’Alice aux pays des merveilles et de Dorothy dans Le magicien d’Oz.