Un agent secret traque le serial killer qui a sauvagement tué sa fiancée…
Prix du Public, de la Critique et du Jury Jeunes
au 18ème Festival International du Film Fantastique de Gérardmer
(26-30 janvier 2011)
L’avis d’Alex :
Sixième long-métrage de l’éclectique Kim Jee-woon, J’AI RENCONTRE LE DIABLE était attendu par beaucoup avant cette projection en compétition à Gérardmer : d’abord parce qu’il réunit en tête d’affiche deux acteurs-vedettes (Lee Byung-hun, fidèle du cinéaste, se frottant à Choi « Old Boy » Min-sik), ensuite parce qu’il a déchainé les foudres de la censure lors de sa sortie dans son pays d’origine… La Corée du Sud n’étant pourtant pas réputée pour son extrême rigueur en la matière !
Quid du choc attendu au final ?
J’ai rencontré le diable (« I saw the Devil » à l’international) tient effectivement ses promesses côté séquences ultra-violentes et gores, et diffuse bel et bien un malaise palpable à travers sa vision toute personnelle de la vengeance : un proche d’une victime de psychopathe doit-il devenir à son tour un monstre pour étancher sa soif de haine ? Vaste débat…
En tout cas, à partir d’un sujet ARCHI-rebattu de l’histoire du 7ème Art (voir le cas Tarantino par exemple), Kim Jee-woon semble s’attacher à aller encore plus loin que ses prédécesseurs, que ce soit en matière de brutalité, mais également en décuplant l’aspect profondément malsain de cette démarche vindicative : le « héros » va peu à peu franchir le point de non retour qui va faire basculer sa quête obsessionnelle et calculatrice en odyssée de plus en plus absurde.
Aussi louable soit-elle, cette réflexion sur le non-sens de la vengeance et la perte d’humanité est-elle bien révolutionnaire ? Bien sûr que non…
D’ailleurs, le cinéaste a déjà montré son penchant avoué pour l’hommage plutôt que l’originalité : pour s’en convaincre, souvenons-nous de l’utilisation du tube « Don’t let me be misunderstood » dans une longue séquence du Bon, la brute et le cinglé… 5 ans à peine après sa remise au goût du jour par le sieur « Q.T » dans Kill Bill !
Ici encore, Kim laisse clairement transparaître ses références, à commencer par le monumental Seven pour le coté désespérément sombre de son métrage (à sa décharge, il semble aujourd’hui encore bien difficile d’échapper à l’influence du mètre-étalon de Fincher… si l’on excepte une pépite noir comme le Memories of Murder de Bong Joon-ho).
Dès lors, que retient-on de la vision de J’ai rencontré le diable ?
Tout d’abord, des séquences d’action sidérantes et « esthétisantes » à l’extrême qui confèrent aux assauts à main nue de notre agent secret une efficacité redoutable (on voit d’ailleurs mal ce qui peut l’arrêter tant il semble invulnérable !)
Ensuite, la présence de deux comédiens ultra-charismatiques au sommet de leur popularité.
Je nuancerai toutefois (très subjectivement) : si Lee Bynug-hun s’avère être un choix impeccable, Choi Min-sik (que j’adore !!!) semble un peu refaire ses gammes d’ordure finie acquise sur Lady Vengeance. Pas très grave en soi et toujours aussi jouissif à admirer, mais il serait fort regrettable que cet immense acteur ne soit systématiquement étiqueté dans des rôles « borderline » par la suite… Choi, une comédie, vite !
Au final, le film de Kim Jee-woon s’adresse indubitablement à un public adulte et mature qu’une œuvre sombre et immorale ne risque pas de (trop) traumatiser…
L’avis de Yanick « Wolverine » Ruf :
On ne tue pas un monstre en devenant un monstre….
Une fois de plus, l’immense acteur coréen qu’est Choi Min-sik se retrouve dans la peau d’un tueur en série. Une fois de plus, le film est ultra violent, donc à réserver à un public très averti !! Mais une fois de plus, le pays du « matin calme » nous montre ce que les réalisateurs de cette contrée sont capables de faire. Comme d’habitude, le polar coréen est époustouflant et tient en haleine. Du début à la fin, on suit donc ce jeune flic qui ne pense qu’à une chose : se venger. Ou plutôt venger la mort de sa compagne, promesse qu’il lui a fait et qu’il veut tenir à tout prix.
Un film qui virevolte donc entre les scènes gores, d’actions et de réflexion (oui, il en est question aussi…), pour au final nous donner un résultat extrêmement complet, même si le sujet risque d’en perturber plus d’un au final. Mais bon, cela étant dit, tout un chacun est libre d’adhérer, ou pas, à ce genre. Choi nous prouve une fois de plus son talent pour le film de genre. Son personnage parait très sympathique, sans agressivité, même quand il commet les pires meurtres et tortures. Incroyable de jouer avec ce flegme quasi-british !
Le réalisateur Kim Jee-woon change donc radicalement de style avec son nouveau film. Rappelez-vous, c’est lui qui nous avait offert le génial Le bon, la brute et le cinglé en 2007. Il nous prouve donc qu’il est capable de faire aussi bien de l’horreur que de la comédie, tout en restant dans l’action bien entendu…. Vivement son prochain film !
Bonus DVD :
– Un making-of de 18 minutes
– Des bandes annonces des films distribués par ARP
Caractéristiques techniques :
– Version Originale Sous-Titrée en Français 5.1
– Version Française 5.1