Tout va pour le mieux pour Samuel et Nadia : lui est bientôt infirmier et elle, attend son premier enfant. Mais tout bascule lorsque Nadia se fait kidnapper sous l’oeil impuissant de Samuel. A son réveil, son portable retentit : il a trois heures pour sortir de l’hôpital dans lequel il travaille un homme sous surveillance policière. Le destin de Samuel est désormais lié à celui de Sartet, une figure du banditisme activement recherchée par tous les services de police. S’il veut revoir sa femme vivante, Samuel doit faire vite…
L’avis de Fabien
Après son très bon premier film, le polar Pour elle avec Vincent Lindon et Diane Kruger, le réalisateur Fred Cavayé plonge à nouveau dans A bout portant une personne ordinaire, un aide soignant joué par l’acteur qui monte Gilles Lelouche, dans une situation périlleuse, sous extrême tension.
On retrouve dans ce second film mais à la puissance 10 la prédilection pour cet amoureux du cinéma américain de l’action trépidante, de l’urgence grisante dans une réalisation précise aux plans soigneusement composés. La psychologie des personnages est réduite au stricte minimum pour laisser la place à une fuite haletante qui vire à la chasse à l’homme implacable entre Meurtre en suspens et Le Fugitif : contraint en un temps limité de faire évader un malfrat en échange de la liberté de sa femme le héros de A bout portant va très vite devoir également prouver son innocence dans une affaire de meurtre impliquant le dit malfrat.
La mise en scène nerveuse est un shoot d’adrénaline dont les effets s’étendent sur 1h25, où les séquences d’anthologie se succèdent, la poursuite dans le métro et l’affrontement dans un commissariat en ébullition étant à ce titre de grands blocs de tension comme on n’en avait pas vu depuis La vengeance dans la peau dont le style documentaire avec caméra portée et le score dynamique de John Powell ont visiblement inspiré Fred Cavayé et le compositeur Klaus Badelt. Mais au coeur de cette agitation permanente mais toujours lisible à l’image Cavayé n’oublie pas de raconter l’histoire de personnages en quête de liberté et de vérité (retrouver sa femme kidnappée, prouver son innocence, laver son honneur), glissant, après la rapide exposition centrée sur le quotidien radieux du héros et de sa femme avant le drame, de manière sporadique au détour d’un plan un peu d’émotion pour éviter le pur effet de style.
Ainsi le réalisateur a choisi des acteurs charismatiques assez talentueux pour asseoir en quelques plans, par un travail subtil de suggestion, la crédibilité de leur personnage et leur parcours. Roschdy Zem et Gilles Lelouche dont l’intensité de la relation kidnappeur/otage n’est pas sans rappeler celle de Tom Cruise et Jamie Fox dans cet autre grand polar urbain qu’est Collateral sont formidables comme Gérard Lanvin en flic ambigu.
Les bons polars français sont suffisament rares pour ne pas être soutenus. A bout portant qui devrait, à n’en pas douter, faire comme le précédent l’objet d’un remake us (The Next Three Days de Paul Haggis avec Russell Crowe), en est un remarquable représentant.