Alice, prostituée indépendante, ne supporte plus ses clients. Xavier, psychanalyste, est las d’écouter les soliloques du divan. Alice veut entreprendre une analyse pour trouver la force de changer de vie. Xavier, que sa femme vient de quitter, fait appel à une professionnelle pour tromper sa solitude. Alice et Xavier se rencontrent.
Ce qui pourrait être le début d’une romance devient l’heure de vérité et peut-être la première étape d’un nouveau départ…
Avis de Stéphane :
La réalisatrice Jeanne Labrune aborde avec Sans queue ni tête le sujet délicat de la prostitution tout en faisant le parallélisme avec la psychanalyse. C’est en mélangeant ces deux métiers qui, a priori, sont loin de se ressembler qu’elle réussit à faire réfléchir le spectateur.
En effet, si l’on analyse ce que l’on voit à l’écran, le rôle d’une prostituée est de louer ses services sexuels. Mais, si un homme a besoin de payer pour faire l’amour c’est qu’il a un manque peut être de quelque chose d’autre. La prostituée joue le rôle de la femme qui n’est pas présente dans l’existence de ces individus. On pourrait même dire qu’elle comble un manque, qu’elle aide ces personnes (d’une certaine façon) et qu’elle permet aussi d’assouvir les fantasmes. Ces clients s’ouvrent alors à elle…. Mais n’oublions pas que le paiement se fait selon la durée de la « consultation ».
Si l’on compare cela avec le travail d’un psychanalyste, lui aussi est payé pour rendre des services. Il est là pour écouter les « besoins » et les « problèmes » de ses patients qui s’ouvrent à lui. Il aide ces individus qui peuvent avoir différents troubles à s’en sortir. Bien entendu, cette consultation rémunérée est faite selon le temps d’écoute …
C’est en jouant sur ces similitudes que la réalisatrice mélange les rôles. On se rend compte que le psychanalyste aide la prostituée et vice versa. Et l’entraide se fait aussi vers des malades … Pour symboliser cela, c’est la religion qui sera mis en avant.
Mais pour bien réussir un long métrage, il faut des acteurs de talent. Le spectateur ne pourra être que conquis par le jeu d’Isabelle Huppert. A elle seule, elle domine le film et séduit le public. Elle arrive à nous emmener facilement dans l’histoire et nous guide à travers les images. Alors que l’on est sur la retenue au début, on ne peut que s’émouvoir sur le personnage qu’elle interprète magistralement.
Sans queue ni tête est un film à voir de part son histoire très intéressante et surtout par le formidable jeu d’acteur d’Isabelle Huppert.