Furieux d’apprendre que les deux royaumes se sont alliés, Cao Cao envoie une force de 800 000 soldats et 2 000 bateaux pour les écraser. L’armée campe dans la Forêt du Corbeau, de l’autre côté du fleuve Yangtze qui borde la Falaise Rouge où sont installés les alliés. Face à l’écrasante supériorité logistique de Cao Cao, le combat semble joué d’avance, mais Zhou Yu et Zhuge Liang ne sont pas décidés à se laisser faire…
Dans un déluge de puissance et de génie tactique, la bataille de la Falaise Rouge va rester comme la plus célèbre de l’Histoire et changer le destin de la Chine pour toujours.
L’avis de Fabien
Il aura fallu tout le talent et le savoir-faire de John Woo qui revient, après des années d’exil en demi-teinte à Hollywood, sur ses terres pour porter à l’écran ce roman réputé inadaptable, équivalent chinois de L’Odyssée ou de L’Iliade.
Dans son film John Woo s’est focalisé sur un des évènements majeurs de cette oeuvre littéraire : la bataille de la falaise rouge (Red Cliff). Point d’orgue de ce projet épique démesuré, cette bataille sur terre et sur eau qui vit s’opposer l’armée impériale de Cao Cao (plus d’1M d’hommes) et les troupes associées de Liu Bei et Sun Quan (100000 hommes) occupe pas moins de la moitié de ce long métrage dans sa version longue : des préparatifs avec moults détails passionnants sur les stratégies militaires au clash brutal des deux armées s’affrontant à bords de navires ou à terre.
Sorti en Occident dans une version courte de 2h30, Les 3 Royaumes fut exploité en Chine en 2 parties de 2h20 chacune. Cette version intégrale permet d’approfondir les caractères des nombreux acteurs de ce récit guerrier, notamment de développer les 2 personnages féminins (un traitement faible en général chez Woo) qui sont en fait des pièces centrales de la partie qui se joue entre les hommes. Plus foisonnante, plus ample, cette version donne également la part belle au romanesque, avec quelques touches d’humour, pour contrebalancer le chaos et la violence des affrontements filmés avec la virtuosité habituelle de Woo qui orchestrent d’imposantes scènes d’action avec toujours un souci de fluidité et de lisibilité pour le spectateur. La mise en scène propose plans larges, plans serrés, travellings rapides, ralentis dans ces séquences épiques qui exaltent la force, la bravoure, la stratégie militaire des combattants qui savent aussi bien utiliser les éléments que le sabre.
Depuis Ran de Kurosawa on n’avait pas un tel mélange réussi de combats virtuoses, de poésie romantique, de beauté plastique. Les 3 royaumes tient à fois de l’art de la guerre, de la chanson de geste, du poème romantique.
L’épopée flamboyante, royale de John Woo est à voir absolument dans sa version intégrale de 4h30.
Test DVD
Tiré d’un master haute définition la copie DVD propose une définition, des couleurs, une compression de haute tenue. Le support s’en tire très bien nonobstant un manque de détails dans les plans larges impliquant des milliers de figurants et les ambiances à problèmes (fumée, obscurité). Les limites techniques de l’image DVD, comparativement à une édition HD plus précise en terme de détails et de contours, apparaissent dans ce type de plan. Mais cette édition SD emporte l’adhésion avec ses contraste vifs et ses images somptueuses.
Les VO et VF en Dolby Digital 5.1 (448 Kbps) s’en donnent à coeur joie sur toutes les voies.
Dans les bonus constitués uniquement d’interviews nous retrouvons John Woo a 3 reprises pour parler en toute sincérité et décontraction de son admiration pour les grandes épopées comme Gladiator ou Ben-Hur, de son bonheur de retrouver la Chine et des équipes passionnées par ce projet monumental qu’il rêve de porter à l’écran depuis 20 ans, de son plaisir de faire découvrir sa culture aux Occidentaux à travers cet hommage à Kurosawa qui exalte des valeurs comme l’amitié, le courage et l’amour. Il évoque également les différents montages du film (3 monteurs, 1 Chinois, 1 Américain et 1 Hong-Kongais ont travaillé sur le film) dont la version raccourcie dont il est satisfait, où il a supprimé certains personnages et essayé de simplifier l’histoire et de la recentrer davantage. Mais il précise que « c’est la même histoire ».
D’autres interviews de l’équipe sont proposées dans cette édition 3 disques (2 DVD consacrés uniquement au film, 1 DVD de bonus) Metropolitan HK Vidéo dotée d’un packaging luxueux avec fourreau cartonné, 2 livrets de 24 pages et disques à l’effigie des duellistes.