Dans l’arrière-pays australien, à la fin du XIXème siècle, deux hommes situés aux deux extrémités de la loi passent un marché secret et décisif…
Le Capitaine Stanley s’est juré de « civiliser » le pays sauvage australien. Ses hommes ont capturé deux des quatre frères du gang Burns : Charlie et Mike. Les bandits ont été jugés responsables de l’attaque de la ferme Hopkins et de l’assassinat de toute une famille.
Arthur, le plus âgé des frères Burns et chef du gang, s’est réfugié dans la montagne. Le Capitaine Stanley propose alors un marché à Charlie : retrouver son frère aîné en échange de son pardon, et de la vie sauve pour le jeune Mike. Charlie n’a que neuf jours pour s’exécuter…
L’avis de Fabien
Réalisé 4 ans avant La Route, le western australien de John Hillcoat The proposition nous parvient aujourd’hui précédé de rumeurs flatteuses.
Scénarisé par le musicien Nick Cave également auteur des noires complaintes qui parsèment le récit, The proposition est un western peu commun de par son cadre tout d’abord l’outback du 19ème siècle et son traitement : loin d’une chasse à l’homme classique il propose de suivre le parcours intérieur de deux hommes en plein crise de conscience. L’un (Guy Pearce méconnaissable) doit trahir son frère recherché pour meurtre, l’autre (formidable Ray Winstone) doute progressivement sur le bien-fondé de ses actions placées sous l’insigne de la loi.
Encadré par deux déchainements de violence très brutale le récit navigue entre chant crépusculaire qui dit la barbarie des hommes condamné à se trahir, tuer son prochain et rêverie mystique où la beauté de la nature est magnifiée par des plans sublimes dont se délecte le bandit joué avec fièvre par Danny Huston. Hillcoat rend paradoxalement ce méchant mythologique, très attaché aux valeurs familiales, plus attachant que les représentants de la loi ou les villageois envenimés par une haine raciste et une soif d’auto justice. C’est le seul personnage à comprendre cette nature majestueuse mais sauvage et aride qui constitue pour les colons anglais, dépeints comme des barbares sanguinaires envers les aborigènes, un enfer.
Le film multiplie les contrastes entre ces paysages désertiques emplis de quiétude et les tourments des personnages principaux dévorés par la culpabilité qui s’exprime chez le capitaine Stanley venu civiliser le pays par de récurrents maux de tête, entre l’espace ouvert de l’outback et la prison ou bien encore la maison victorienne où se réfugie Stanley et sa femme, l’intérieur et l’apparence de ces derniers avec la saleté et les mines patibulaires des bandits.
La rigueur de la mise en scène alliée à un ton élégiaque fait de ce western australien une très bonne surprise.