Tetro est un homme sans passé. Il y a dix ans, il a rompu tout lien avec sa famille pour s’exiler en Argentine. A l’aube de ses 18 ans, Bennie, son frère cadet, part le retrouver à Buenos Aires. Entre les deux frères, l’ombre d’un père despotique, illustre chef d’orchestre, continue de planer et de les opposer. Mais, Bennie veut comprendre. A tout prix. Quitte à rouvrir certaines blessures et à faire remonter à la surface des secrets de famille jusqu’ici bien enfouis.
L’avis de Fabien
Présent selon sa volonté dans la Quinzaine des réalisateurs en 2009 avec les jeunes cinéastes, Francis Ford Coppola poursuit avec Tetro, après L’homme sans âge, dans la voie d’un cinéma indépendant autoproduit, plus modeste, plus personnel. Il a en effet écrit le scénario de cette histoire familiale aux nombreux échos avec la sienne qu’il a tournée en Argentine.
Tetro est l’histoire d’une famille déstructurée avec de nombreux thèmes empruntant à la tragédie grecque : jalousie, trahison, secrets enfouis. Coppola y fait référence explicitement avec ces représentations théâtrales inspirées des contes d’Hoffman qui racontent l’histoire tourmentée et douloureuse de la famille de Tetro .
Si, dans L’homme sans âge le professeur de linguistique joué par Tim Roth s’attelait à découvrir les origines du langage, il s’agit ici pour le jeune héros de décoder une histoire personnelle dont Tetro a jeté les bases dans ses écrits cryptés et qu’il ne parvient pas à terminer. Coppola charge toutes les scènes entre Gallo qu’on a plaisir de revoir et Alen Ehrenreich, la découverte du film, d’une grande intensité dramatique.
La rigueur de l’écriture va de pair avec une forme subjugante: dans un sublime n&b qui rappelle celui de Rusty James, très tranché, proche d’une photographie de studio des 50’s avec ces ombres très travaillées, Coppola en toute liberté cisèle son film de mouvements ou d’effets brillants toujours au service de cette histoire touchante. Ce choix artistique, avoir de grandes zones d’ombres à l’image, est raccord avec le caractère de Tetro, homme secret, auteur qui veut rester dans l’ombre : « il ne faut pas regarder la lumière ». L’acharnement de son jeune frère à découvrir la vérité puis révéler le talent d’auteur de Tetro va le contraindre à y faire face.
Eblouissant.
Test DVD
Respectant le travail du chef opérateur Mihai Malaimare Jr qui a utilisé une caméra HD, le master utilisé par Pathé est une merveille avec un n & b dense, des contrastes marqués, des clairs-obscurs sensationnels. Les séquences en couleur renvoient aux plus belles heures du Technicolor dans un hommage réussi aux Chaussons rougesde Michael Powell. On est au top de la SD et on se prend à rêver d’une édition blu-ray.
Les deux mixages Dolby Digital 5.1 proposent des ambiances très riches tant au niveau des dialogues que de la bande originale.
Bonus
3 modules très intéressants d’une durée moyenne de 9′ donnent la parole aux principaux artisans de cette belle réussite de Francis Ford Coppola.
Mihai Malaimare, Jr : Directeur de la photographie de Tetro
Le directeur de la photo de L’homme sans âge évoque sa nouvelle collaboration avec Coppola, du désir de celui-ci faire un film en n&b en 2:35 où la caméra ne bougerait que si c’est nécessaire.
Il évoque ses répérages à base de photos, le choix de flash-back en couleur avec un aspect de pellicule Anscochrome utilisée dans les années 60 et 70, le défi représenté par l’utilisation d’un immense fond bleu pour représenter les scènes de ballet.
Osvaldo Golijov : La musique née du film
Le compositeur évoque son souhait de » capter un optimisme nostalgique ». Des images de son travail avec un quintette et un orchestre symphonique, de sa collaboration avec FFC parsèment ce module consacré à « une musique née du film par opposition à une musique qui suit le film ».
Le ballet
Coppola parle de son collaboration avec avec la chorégraphe des ballets qui parsèment le récit en hommage aux Chaussons rouges. Les scènes de ballets réalisées sur fond bleu dont Coppola loue le grand intérêt pour travailler son imaginaire en post-prod sont envisagées par son réalisateur comme une métaphore de l’écriture. Il conclut sur la formidable « possibilité du cinéma de puiser dans les autres arts et faire appel à la danse, aux marionnettes, à l’animation »pour offrir au public un film riche sur le plan esthétique comme thématique.
Cette édition FPE se termine par une galerie photos.
Tetro
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