Magali, tubiste dans une fanfare, et Guillaume, conducteur de petit train touristique, mènent une vie tranquille en banlieue, amoureux comme au premier jour, entre rêves modestes et une grossesse qu’ils attendaient depuis longtemps. Tout se complique lorsque le père de Guillaume, qu’il ne connaît pas, prend contact avec lui pour lui annoncer qu’en vertu d’un accord datant du Moyen-Age, il hérite d’un authentique royaume au large de la France et de l’Angleterre. Guillaume et sa femme sont tout d’abord incrédules. Mais la perspective de régner sur une île paradisiaque, avec de fidèles sujets, un château, une fortune… est bien tentante ! La réalité est cependant bien loin de ce qu’imagine le couple. L’île n’est qu’un caillou miteux, battu par les vents du Nord et peuplé de seulement cinq habitants quelque peu décalés… Pendant que Magali délire sur son futur statut de reine, leurs nouveaux serviteurs rivalisent de plans tordus pour leur cacher la vérité, jusqu’à ce que Guillaume ne puisse plus renoncer à sa couronne…
Avis LeStein :
La légèreté de King Guillaume est agréable en ce début d’année particulièrement morose. Nous avons ici une simplicité de cinéma ayant à la fois l’humour anglais et l’humour français. Un mélange qui prend parfaitement place dans une salle obscure et qui nous fait oublier le monde extérieur. C’est annoncé dès le départ, ce film est une invention, une histoire qui nous mène dans un lieu atypique…Nous affichons un sourire béat dès les premières images du film qui va narrer l’aventure extraordinaire de l’île de Guerreland. Le délicat mélange qu’est le cinéma est ici magistralement proportionné. Tout d’abord une histoire originale et subtilement réaliste : Nous suivons la vie banale de Magali et Guillaume, faite de rêves, de misères, de coups durs et de petits moments de tendresse, d’amitié et d’éviction, de doutes et de certitudes. Ils vont se retrouver face à une situation peu banale : On leur propose de devenir roi et reine d’un royaume. Nous venons de jeter les bases.
Le second ingrédient de notre film est le caractère de celui-ci. Ici, nous sommes purement et simplement dans une comédie. Le mélange culturel est de mise et King Guillaume en est une preuve parfaite. D’un côté, l’humour anglais des Monty Pyton avec ses personnages décalés, ses situations pittoresques et de l’autre le style français à la Pierre Richard, Louis de Funès, aux grands quiproquos.
Le dernier élément est une pléiade d’acteurs s’effaçant derrière leur rôle tout en gardant leur caractère. Les têtes d’affiches avec Florence Foresti joue une femme-adolescente : rêveuse, un poil narcissique et radine (mais par obligation). Nous la voyons fantasmer sur les magazines people et véritable pipelette avec sa voisine d’orchestre. Elle a trouvé son prince charmant mais il manque un petit quelque chose. Pierre-François Martin-Laval est un homme un peu plus ancré dans la réalité puisqu’il fait en sorte que les soucis n’atteignent pas son couple et est peu enclin aux contes de fée, bien qu’il soit naïf parfois…Ce couple donc va se retrouver face à une situation ingérable grâce à la folle équipe de Guerreland. Et c’est là que les seconds rôles arrivent : Pierre Richard, Isabelle Nanty, Omar Sy, Rufus, Raymond Bouchard, Frédéric Proust, Gregoire Bonnet, Valérie Crouzet, Joe Sheridan, Marie-Laure Descoureaux, Christophe Guybet.
C’est du brutal mais tout se met en place maintenant.
Un comique réalise une comédie avec une histoire un peu farfelue, mettant en scène une des comiques les plus en vogue du moment qui s’efface derrière son personnage tout en gardant son comique à elle, épaulée par une série d’acteurs qui jouent des personnages tout aussi barrés qui n’ont qu’un seul but rester sur leur île dont le principe est de trahir. Pierre Richard en est le chef (il est le représentant des comédies à la française avec son air de maladroit voulant éviter les catastrophes mais qui se retrouve lui aussi engagé dans un engrenage irréversible), Isabelle Nanty est la garde chasse style médiéval (elle nous rappelle surtout Mission Cléopâtre et Les Visiteurs), Omar Sy, en barman style laquais black (c’est le premier clin d’œil aux Monty Pyton). Nous avons finalement Raymond Bouchard et Frédéric Proust qui sont deux des représentations amusantes de deux grands problèmes contemporains : le premier l’immigration (puisqu’il joue le rôle d’un immigré dont on ignore la raison de son immigration) et le second est la crise d’identité (puisque son personnage masculin se nomme Christine car ses parents on voulu lui pourrir la vie). Si ça ce n’est pas ce n’est pas faire une critique de la société actuelle !!!
Finalement, le superbe clin d’œil cinématographique revient à la participation exceptionnelle de Terry Jones dans un rôle purement Monty Pytonnesque de professeur farfelu. Avec lui, c’est Sacré Graal qui ressort de plein fouet. Chaque personnage possède son monde propre à lui tout en vivant dans un monde unique. Ça ne vous dit rien?
King Guillaume est un anachronisme cinématographique, bourré d’humour, de tendresse, d’imagination dont les détails ne vous laissent pas indifférents.