Perdus sur une île déserte suite au naufrage de leur bateau, Lord Loam (Theodore Roberts), Lord Brockelhurst (Robert Caine), Lady Mary Lasenby (Gloria Swanson), Lady Agatha Lasenby (Mildred Reardon), Ernest Wolley (Raymond Haton), le majordome Crichton (Thomas Meighan) et la servante Tweeny (Lila Lee) vont tenter de survivre. Pour cela, ils doivent tous mettre de côté leurs privilèges, leurs droits et leurs souhaits pour que la communauté puisse voir le jour : leur Babylone où le roi ne semble pas être celui que l’on croit. Les lois sociales s’effondrent petit à petit sur cette terre vierge et leur ancienne vie est toujours à l’affut des moindres failles de leur nouveau système social.
Film disponible en DVD.
Bonus:
Peu de Bonus comme dans toute la série Cécil B. DeMille. Ce DVD est composé d’un chapitrage, d’une analyse du film par Luc Moullet, cinéaste de courts-métrages et professeur à Paris III, d’une filmographie de Cecil B. DeMille, d’un bonus promotionnel annonçant les autres films de la série.
Avis Lestein:
L’admirable Crichton est un film à la fois d’anticipation et semble être une expérience scientifique. Anticipation car tous les personnages mis en scène ont les caractéristiques des personnages de films catastrophe du cinéma, le meneur d’homme qui va tout faire pour sauver les autres mais au passage, se permet des choses impensables en temps normal (genre avouer son amour à la fille de son patron), le petit crâneur qui pense être à la hauteur mais qui n’assure rien du tout et qui est même capable de pleurer dès que l’on fait une réflexion. Le bon mec que personne ne voit, n’entend jusqu’au moment où il se découvre une véritable force intérieure et importance. Le vieil homme, patriarche mais qui ne doit sa place qu’à son âge avancé. Du côté féminin, nous avons aussi les parfaits lots du comportement féminin en milieu hostile. La douce petite sœur fébrile qui fera tout ce qu’on lui dit de faire, la femme limite fatale qui ne veut pas être dirigée mais qui au final aime particulièrement se blottir près de l’homme fort. Et la concurrente, qui introduit discorde et jalousie. Cecil B. DeMille, place ici tous les éléments du film catastrophe, des hommes et des femmes ayant un passé, des croyances, des envies dans une certaine société et qui vont se révéler être tout autre dans une seconde société.
Quelque soit l’environnement dans lequel vous vous trouvez, il n’existe qu’une loi naturelle : la loi du plus fort. Dans la situation décrite par Cécil B. DeMille, nous voyons que malgré la terre nouvelle, une réorganisation sociale, il est impossible de repartir à zéro car il y ce passé impossible à supprimer. Le naufrage n’est qu’un déclencheur ponctuel, il va permettre l’accomplissement de chose impossible dans un autre monde (nous pensons au comportement de Crichton qui devient l’homme puissant et qui ose avouer ses sentiments) tout en perpétuant, voir accentuant, d’autres choses (le combat entre Tweeny et Lady Mary Lasenby).
Ce film fait le constat de la société : pas de mélange possible dans la société conventionnelle bien que les sentiments soient impossibles à contenir (démontré par l’amie bourgeoise amoureuse de son chauffeur). Les servants restent entre servants et la haute aristocratie avec la haute aristocratie. L’homme attache trop d’importance à son apparence, aux conventions sans réellement vivre naturellement…
