Mi-Août est collecteur de dettes pour un certain M. Wing, proche des triades locales. Son quotidien va se trouver bouleversé par deux événements : la découverte par Jacky, petit voyou handicapé mental qu’il a pris sous son aile, de deux lettres d’adieux laissées par une jeune suicidée, et sa rencontre avec la jolie Ah Ping dont il tombe rapidement amoureux. Or cette dernière est atteinte d’une maladie incurable…
Carlotta vient de sortir en janvier en blu-ray deux films hongkongais, Made in Hong Kong (1997) de Fruit Chan, et Judo (2004) de Johnnie To; deux grands réalisateurs de ce cinéma hongkongais très actif jusqu’à la fin des années 1990 et la rétrocession en 1997 de l’ancienne colonie britannique à la Chine. Si Tsui Hark et Johnnie To dans une moindre mesure continuent à tourner, beaucoup de réalisateurs ont cessé de s’exprimer artistiquement.
Premier long-métrage de Fruit Chan, Made in Hong Kong narre les destins entremêlés de trois ados, une jeune femme atteinte d’une maladie incurable et deux petits voyous des bas-fonds de Hong Kong juste avant qu’elle ne soit rétrocédée à la Chine en 97.
Le récit évoque des problèmes de la jeunesse de l’époque, des conflits familiaux, la violence des affrontements entre bandes rivales, un mal-être qui débouche parfois sur le suicide. Les personnages à bout de souffle semblent condamnés à la violence dans cette ville tentaculaire anxiogène comme le suggère les cadrages qui les enferment souvent derrière des grilles.
Porté par l’énergie de la jeunesse, tourné avec peu de moyens, le film mélange les styles, un néo-réalisme brut, sous inspiration Nouvelle Vague avec un tournage en décors naturels avec un son direct, des acteurs trouvés dans la rue, un côté Jules et Jim avec deux garçons amoureux d’une même fille et une mise en scène très stylisée avec effets clippesques, ralentis, arrêts sur image, travellings rapides, filtres colorés avec un hommage à Tueurs nés. Entre cinéma indépendant (un tournage à l’arrache avec peu de moyens), expérimental (le travail sur l’image et la chronologie) et cinéma de genre (les films de gangsters made in HK), entre éruptions de violence et envolées romantiques, Made in Hong Kong est un film atypique qui fonctionne par intermittence, des fulgurances stylistiques mais aussi quelques longueurs et des maladresses. Ce premier film de Fruit Chan, fougueux, culotté, mérite d’être (re)découvert, un des ultimes coups d’éclat du cinéma hongkongais avant son flétrissement progressif à la fin des années 90.
Technique
Supervisée par le réalisateur Fruit Chan, la restauration 4K a été réalisée à partir des négatifs d’origine. La définition est très bonne, les couleurs pimpantes et le piqué globalement satisfaisant. Le grain argentique demeure très présent. Fruit Chan a tenu à ne pas gommer toutes les scories visuelles de son film, tourné sur des chutes de pellicule, comme ce poil saugrenu dont il parle dans les bonus du blu-ray.
La piste cantonaise 1.0 présente une belle dynamique avec des dialogues aérés et des bruitages divers issus du bouillonnant environnement urbain.
Bonus
Cette édition blu-ray Carlotta contient comme suppléments un florilège d’entretiens avec le réalisateur Fruit Chan (47′), la productrice Doris Yang (7′), le producteur exécutif Daniel Yu (13′) et l’ancien directeur artistique du Festival de Locarno Marco Müller (4′).