Conférence donnée le 28 octobre 2009 par Jean-Pierre Jeunet au cinéma Pathé de Marseille Plan de Campagne à l’occasion de la sortie de son nouveau film Micmacs à Tire-larigot.
Tout d’abord, comment avez-vous trouvé le titre ?
Tout dans ce film est de la récup’ ! Les personnages passent leur temps à récupérer et trier des objets. On a fait pas mal d’inserts d’images, comme ces 5 affiches que l’on doit essayer de retrouver, telles les Images d’Epinal de notre enfance. C’est un méli-mélo. Je ne savais pas trop, j’avais imaginé juste « Tire-larigot », mais ce n’est pas facile de définir un bon titre, il fallait faire comprendre cela au public.
Pourquoi le choix de Dany Boon dans le rôle de Basil ?
A la base, le scénario avait été écrit pour Jamel Debbouze. 10 semaines avant le début du tournage, il m’a appelé pour annuler pour des raisons personnelles. J’avais aussi envisagé de demander à Dany Boon. Ce dernier a tout de suite dit non, mais en passant une soirée à « jouer » quelques passages pour s’amuser, il m’a dit qu’il était partant. J’ai donc remodifié le scénario en une semaine pour l’adapter à Dany. S’il n’avait pas accepté, j’avais aussi imaginé une femme pour le rôle, ou éventuellement un enfant.
Et pour Jean-Pierre Marielle ?
C’est toujours assez compliqué de convaincre ce genre d’acteur, surtout vu son âge, mais quand il a eu le scénario en main, il a tout de suite accepté. En fait, je voulais avoir des acteurs d’origines diverses. Certains viennent du cinéma, d’autres de la télé, Dominique Pinon vient de chez moi ! (rires)
Et le fils de Dany Boon ?
Il a fait sa première journée de tournage et s’est aperçu que finalement, c’est fatiguant le métier d’acteur.
Parlez-nous de vos hommages cinéphiles dans Micmacs à tire-larigot…
J’avais envie de faire un film qui commence à l’envers, par THE END, avec un héros mort. J’ai voulu rendre hommage au Grand Sommeil qui est un classique, de même qu’aux westerns de Sergio Leone (j’ai hésité à mettre une musique d’harmonica sur la scène qui s’en inspire). J’ai également voulu rendre hommage à Pierre Etaix que vous avez pu voir apparaitre l’espace d’un instant dans le rôle de l’inventeur des histoires drôles. J’aurais voulu pouvoir lui donner un rôle plus long…
Je voulais aussi faire plaisir aux enfants, car c’est aussi à eux que s’adresse le film, en mettant des personnages très « cartoon », notamment avec l’homme- canon par exemple.
En ce qui concerne la musique, j’avais le catalogue de Steiner pour faire mon choix, ce qui a été facile puisque mon film est produit et distribué par Warner.
Où le tournage s’est-il déroulé ?
A Paris et en banlieue. J’avais envie de tourner près du canal de Lourque où Prévert se faisait photographier.
Aviez-vous toujours la même équipe pour les décors ?
Oui, je reste assez fidele, sauf pour Tetsuo Nagata qui remplace Bruno Delbonnel au poste de directeur de la photographie car ce dernier a eu l’opportunité d’aller travailler sur Harry Potter 6 que j’ai refusé de réaliser. On me l’avait proposé, mais suite à l’aventure Alien 4, j’ai refusé.
Mais voudriez-vous refaire un film en anglais ?
Oui, bien sûr. Mais en France, on a 100% de liberté. Aux Etats-Unis, on est juste là pour faire ce que l’on nous dit de faire. Je ne veux pas recommencer comme pour Alien. C’est pour cela que j’ai refusé Harry Potter, je n’aurais pas eu de créativité. Les décors étaient prêts, le casting aussi, je devais juste venir pour dire « Action ». Ce n’est pas intéressant.
On retrouve souvent des inventeurs dans vos films, les aimez-vous particulièrement ?
C’est une philosophie : le plaisir de faire, de créer. Étant enfant, je réalisais des petites marionnettes. Dans le cas du film, les objets existaient déjà et j’ai demandé au créateur de me les prêter pour le tournage. En général, j’aime bien faire faire les objets, car comme ca, je peux les garder en souvenir après le tournage. Pour celui-là, je n’aurai gardé que le flic qui garde Tire-larigot et le bouquet de fleur.
Avez-vous utilisé beaucoup d’effets spéciaux ?
Avec les effets spéciaux, tout est possible. Je n’en ai utilisé que 380. C’est vrai que c’est beaucoup plus simple pour les metteurs en scène. Mais tout ce que l’on peut faire en vrai, on le fait. Avec le numérique, on peut inventer tout le reste. En fait, je combine et j’utilise tous les éléments possibles pour essayer d’avoir le plus beau résultat possible. Le cinéma, c’est comme la cuisine, quand on aime ce que l’on fait, on a envie de le faire partager.
Quelle a été la durée du tournage ?
Généralement, on tourne un film entre 16 et 18 semaines. Celui-ci a duré 18 semaines. Nous sommes allés le présenter à Toronto et il a été acheté par tous les pays du monde.
Enfin, avez-vous des projets actuellement ?
Non, je cherche actuellement des idées… Si vous en avez… (Rires)
CINEAlliance remercie Frédéric Perrin et le cinéma Pathé de Marseille Plan de Campagne pour leur accueil chaleureux et pour l’organisation de cette séance. Vous pouvez retrouver la critique du film « Micmacs à Tire-Larigot » ici