Si les ouvrages de Third Editions sont souvent l’occasion de se plonger – avec le recul des années, le temps des analyses et la levée de certains mystères et anecdotes – dans les arcanes de la création des oeuvres et/ou du parcours des artistes qui leur ont donné vie, plus rares sont ceux à nous faire littéralement voyager dans le temps. C’est sans doute l’aspect le plus impressionnant de l’ouvrage La création de Prince of Persia – Carnets de bord de Jordan Mechner 1985-1993, disponible dès maintenant.
En effet, contrairement à des ouvrages comme ceux dédiés à The Witcher ou Final Fantasy que nous avons pu vous partager par le passé, La création de Prince of Persia s’articule principalement, comme son titre l’indique, autour des carnets de bord de Jordan Mechner. Des carnets qui, dates à l’appui, nous transporte littéralement trente-cinq ans en arrière, à une époque où le jeune Jordan Mechner, tout juste diplômé, réfléchissait à un nouveau projet de jeu vidéo après le succès de Katateka, son premier jeu édité et couronné d’un beau succès critique et public. Ce nouveau projet, très influencé par le cinéma dont Mechner est un grand fan, sera Prince of Persia et mettra près de quatre ans à voir le jour.
Date après date, page après page, La Création de Prince of Persia surprend. D’abord par sa structure en forme de journal de bord revisité, où les pensées, émotions, épreuves du jeune Mechner sont publiées telles quelles, intactes, nous plongeant pleinement dans la tête d’un jeune américain des années 80, tant dans son rapport à la culture au sens large que dans l’état du marché vidéoludique de l’époque. Une jolie façon de prendre la mesure de l’immense défi qu’était la réalisation d’un jeu vidéo par un jeune créateur dans les années 80, tout en s’immergeant dans la société de l’époque, que ce soit par les mots ou par les photos d’époque qui parsèment l’ouvrage.
Mais l’originalité de La Création de Prince of Persia tient à un détail particulier. En effet, tout au long des carnets de bord de jeunesse de Mechner s’ajoutent également, sur le côté de chaque page, des annotations du « vieux » Jordan qui permettent de décrypter un élément spécifique, de présenter une personnalité, ou simplement d’enrichir un événement décrit par le « jeune » Jordan en y ajoutant la réflexion du « vieux » Mechner. Cela n’a l’air de rien présenté comme ça, mais en pratique et le livre entre les mains, cette approche donne toute sa saveur à l’ouvrage, préservant la force du passé tout en y ajoutant un regard contemporain, plus réfléchi, plus sage, voire avec plus d’humour…
Tout juste regrettera-t-on que les annotations du « vieux » Mechner soient imprimées dans une couleur claire qui rendra leur lecture un brin laborieuse dans une ambiance de lumière un peu tamisée. Mais rien qui vienne entamer le plaisir de ce retour vers le passé joliment préservé, pour un ouvrage qui atteindra sans mal le rang d’incontournable autant pour les fans de la licence que pour les créateurs en herbe.
A noter que le format du livre est plus grand que la plupart des ouvrages Third Editions habituels, atteignant ici un format A4 (21x30cm) au lieu de 16x24cm.