Un peu plus d’un an après avoir sorti une édition Mediabook que l’on peut presque juger de définitive pour Re-Animator réalisé par Stuart Gordon, contenant le film restauré en 4K avec ses différents montages et plus de 6h35 de bonus, The Ecstasy Of Films revient en nous proposant le second opus de la trilogie : Re-Animator II : La Fiancée de Re-Animator.
L’article reviendra sur le Mediabook de Re-Animator II : La Fiancée de Re-Animator en deux temps :
I) La critique de Re-Animator II : La Fiancée de Re-Animator
II) les caractéristiques techniques de l’édition Blu-ray
L’avis de Quentin :
I) La critique de Re-Animator II : La Fiancée de Re-Animator
Re-Animator II : La fiancée de Re-Animator arrive sur les écrans quatre ans après le maelstrom comico-gore orchestré par Stuart Gordon. Le second volet des expérimentations macabres d’Herbert West est réalisé par Brian Yuzna, figure incontournable du cinéma horrifique des années 80. Il est connu pour avoir produit les premières oeuvres désormais cultes de Stuart Gordon à savoir Re-Animator, From Beyond et Dolls.
Il passe néanmoins derrière la caméra en 1989, avec l’organique et orgiaque Society, pour montrer sa capacité à s’ancrer dans la mouvance naissante d’un cinéma mêlant Comédie grotesque et Body Horror, dont il deviendra l’un des chefs de file durant la première moitié des années 90.
Ce second opus de Re-Animator, film jusque-boutiste et novateur en matière d’horreur, tient ses promesses en s’arrimant dans tout ce que l’on peut attendre d’une suite en la matière avec un dépassement du domaine horrifique, une déstructuration de la matière et quelques hectolitres d’hémoglobines supplémentaires. Yuzna sait y faire en matière d’effets visuels et dispose d’une imagination remarquable lorsqu’il s’agit de concevoir de multiples abominations plastiques.
Le cinéaste américain ne cache pas son plaisir face à la surenchère outrancière qu’elle soit visuelle ou bien narrative. Ce Re-Animator II : La Fiancée de Re-Animator se rue tout simplement dans les brancards et ne cesse de s’appliquer à inscrire des scènes d’anthologie sur nos rétines. Là où Stuart Gordon installait l’oeuvre dans une narration qui apportait un scénario avec de multiples rouages et possibilités, Brian Yuzna, lui, fonce de manière totale dans l’esprit d’Herbert West dépassant la simple renaissance de macabés, souhaitant désormais créer la vie, dépasser la création « divine ».
C’est d’ailleurs en ce point que réside la force mais aussi la faiblesse du film. La générosité du cinéaste en matière de scènes gores est à saluer bien qu’il puisse oublier de créer, constituer des personnages construits, se reposant sur les profils établis dans le premier opus, et délaissant en grande partie l’intrigue principale en affichant un tas de références avec pour icone principale : La Fiancée De Frankenstein réalisé par James Whale.
La proposition que fait Yuzna est dégoulinante, viscérale et approche la moindre entité qu’elle soit vivante ou morte, humaine ou animale, à être perçue par le spectateur comme possible expérimentation pour Herbert West. La moindre preuve de vie organique rattachée à la chair, disposant d’un système nerveux devient une potentielle porte d’ouverture à l’horreur. Une vision qui dès les premières minutes du film devient jubilatoire et obsédante.
On ne peut s’empêcher de chercher la prochaine victime, d’imaginer la prochaine expérience. Le réalisateur réussit à penser l’inimaginable dans l’esprit du public, et va toujours plus loin pour ne cesser de le surprendre, le laissant face au générique de fin, pupille dilatée et bave au coin des lèvres. Le spectateur avide d’expérimentations par notre cher savant fou en devient lui-même l’expérience.
L’oeuvre de Yuzna se concentre de façon essentielle autour du personnage d’Herbert West, interprété par Jeffrey Combs, qu’il réussit à développer et travailler au travers de chacune de ses expériences, ces dernières trouvant refuge à merveille derrière le regard glaçant de son interprète principal. Un travail autour du rôle et de l’interprète tout bonnement jubilatoire. Néanmoins les autres acteurs du film, dont l’importance est moindre ont parfois du mal à trouver leur place dans le film faute à un scénario leur laissant une amplitude minimale et une direction d’acteurs qui fait passer Bruce Abbott de mémorable dans le premier opus à médiocre dans ce second effort.
Contrairement au premier opus, inspiré de l’écrit de Lovecraft Herbert West, Réanimateur, qui ne faisait que suivre les premières lignes du récit pour installer l’intrigue et s’en démarquer, tout en conservant avec brio l’atmosphère Lovecraftienne, le film de Yuzna, lui, est bien plus fidèle à l’intrigue et ne cesse de modeler son cadre spatial mais également ses rebondissements en respectant les mots de l’auteur américain. Le laboratoire d’Herbert West, au mur mitoyen avec le cimetière communal trouve écho dans les lettres de Lovecraft éclairant la pièce d’une aura macabre et mystérieuse, dont la porte semble se dévoiler comme l’antre d’un nouveau monde entre folie et plaisir morbide.
En quelques sortes, pour profiter de la totalité du récit, les deux premiers opus de la trilogie Re-Animator se doivent d’être conjugués en une seule entité, monstre à deux têtes sinistre et organique.
La carrière des deux réalisateurs en restera à jamais marquée par la plume de Lovecraft revenant chacun à ce terreau fertile et pourtant si difficile à adapter.
Il ne faut pas nécessairement doubler les doses pour réussir à prolonger les efforts inscrits dans l’histoire passée, c’est sur ce dangereux fil que joue Yuzna et réussit à s’en sortir de manière in extremis, avec adresse dans sa proposition tout autant grotesque que répugnante, carnavalesque que cauchemardesque, offrant un spectacle unique à travers cette expérimentation autour de la chair, de la vie mais surtout de la mort.
Re-Animator II : La Fiancée de Re-Animator n’a pas la vigueur d’écriture de son prédécesseur, et ne cherche d’ailleurs à aucun moment à le copier, s’affranchissant de Stuart Gordon, renforçant de manière jusque-boutiste, ce défilé de monstres de chair, freak show à influence Lovecraftienne, qui aura marqué son époque et continue encore aujourd’hui trente ans plus tard à résonner dans les cavités pleines de souillures sombres et indélicates du cinéma d’horreur actuel.
II) Les caractéristiques techniques de l’édition Blu-ray
Image :
Le film est proposé dans une version 2K, qui permet de redécouvrir l’oeuvre de Brian Yuzna après des éditions DVD qui commençaient à devenir particulièrement vieillissantes. On redécouvre les visages, effets spéciaux et décors du film avec un très beau travail autour du piqué et de la mise en avant de nombreux détails. La proposition autour de la colorimétrie offre un vrai relief au film et un équilibre esthétique et pictural très agréable dans la balance de couleurs.
A noter que la profondeur des noirs n’est pas toujours au niveau de l’image de Re-Animator premier du nom, qui cependant, lui, avait été proposé sur master 4K.
Les plans « censurés » ajoutés à la Unrated cut, proviennent certainement d’une source qui devait se trouver dans un état en-deça du reste de la copie de la version R-Rated. Elles se perçoivent avec une chute dans la qualité visuelle des séquences en question, cela ne constituant néanmoins que quelques secondes dans le film.
Pour faire court, cette édition Blu-ray de Re-Animator II, que vous la (re)découvriez dans sa version R-Rated ou bien Unrated est un véritable plaisir. La plus belle proposition à ce jour pour une oeuvre connue sous une multitude d’éditions par le passé et qui s’impose aujourd’hui à travers cette édition HD incontournable.
Note Image : 4/5
Son :
Trois pistes sonores sont proposées pour découvrir le film :
- Version Française DTS-HD Stereo : Une version bien connue des cinéphiles français, qui saura raviver de nombreux souvenirs, rappeler des répliques « cultes », et qui en respectant ces critères de nostalgie est assez réussie et percutante, prenant néanmoins beaucoup de place au niveau des voix, obscurcissant la bande-son et les arrangements sonores, pensés pour influencer sur l’atmosphère du film et l’expérience du spectateur. Sans être la piste de référence, cette version française offre un sentiment de nostalgie non négligeable, avec un confort tout particulier.
- Version Originale DTS-HD Mono : La piste Mono d’origine réussit à trouver une balance très confortable entre les voix, la bande-son et l’atmosphère sonore générale du film. Bien que parfois compact par rapport à la version 5.1, cette lecture Mono est très réussie. Il s’agit de la version originale dans laquelle le film avait été proposé dans les salles.
- Version Originale DTS-HD 5.1 : La piste 5.1 proposée offre une dimension inclusive à l’oeuvre, qui laisse durant de nombreuses scènes les bruitages et ambiances nous encercler et nous envoyer directement au coeur du film. Une version réalisée plusieurs années après la piste cinéma qui réactualise l’oeuvre, et offre aux amateurs de sensations Home Cinema, une expérience plus complète. La piste de référence si vous disposez d’un Home Cinema.
Note Son : 4/5
Suppléments :
The Ecstasy Of Films a su faire preuve depuis plusieurs sorties, désormais, de sa capacité à proposer de nombreux suppléments pertinents, offrant une ligne éditoriale de référence.
L’édition Mediabook de Re-Animator II : La Fiancée de Re-Animator se décline sous deux visuels. Le premier reprend l’affiche originale de la sortie cinéma. Le second, quant à lui, a été spécialement créé pour l’édition par Paskal Millet. Le Mediabook est similaire dans la forme à celui proposé pour le premier Re-Animator contenant l’édition R-Rated et l’édition Unrated sur deux disques différents que cela soit pour le DVD ou bien le Blu-ray. L’éditeur français a donc concocté une édition monstre en l’honneur de cet incontournable du cinéma horrifique.
Les suppléments disponibles au sein de l’édition Mediabook, scindés entre le Blu-Ray R-Rated et le Blu-Ray Unrated, et répartis de la même manière sur les DVD respectifs, sont les suivants :
- Brian Yuzna Remembers Bride (1080p; 9min37) (Sur le disque 1/ Version Unrated)
- Splatter Masters (1080p; 14min39) focus sur les SFX, incluant des interviews avec Robert Kurtzman, Screaming Mad George, Tony Doublin and John Buechler. (Sur le disque 1/ Version Unrated)
- Getting Ahead in Horror (1080p; 23min50) Making of d’époque proposant des interventions de l’équipe de tournage et des images d’archives rares sur le tournage. (Sur le disque 1/ Version Unrated)
- Scènes coupées (Sur le disque 1/ Version Unrated) :
-Meg is Re-Animated (1080p; 8min04)
-Carnival Sequence (1080p; 2min03)
- Bande-annonce (1080p; 1min53) (Sur le disque 1/ Version Unrated)
- Commentaire audio avec le casting et l’équipe du film, Brian Yuzna, Jeffrey Combs, Howard Berger, Robert Kurtzman, Tom Rainone, Mike Deak, Screaming Mad George, John Buechler. (Sur le disque 1/ Version Unrated)
- Commentaire audio avec les acteurs : Jeffrey Combs et Bruce Abbott. (Sur le disque 1/ Version Unrated)
- Behind the Scenes Reel – Bout à bout de la préparation des SFX jusqu’au tournage des scènes de SFX. (1080i – 14min30)
- Deux courts-métrages du réalisateur Marc Charley
- Livret de 40 pages par l’auteur/critique ancien rédacteur en chef de Mad Movies, Marc Toullec.
La grande partie des bonus proposés reprend ceux présents sur l’édition d’Arrow Video sortie en 2016 en Angleterre. C’est un vraie plaisir de pouvoir découvrir ces contenus avec sous-titrage français, permettant enfin d’accéder à une mine d’informations sur le film qui ne cessent de donner envie de revoir le film, des multiples commentaires audio jusqu’à la préparation des effets spéciaux, tout est pensé pour que l’expérience Re-Animator II puisse durer dans nos esprits pour de nombreuses années.
De plus, The Ecstasy Of Films ne s’arrête pas en si bon chemin et compte bien chérir le public français avec deux suppléments exclusifs étant les courts-métrages de Marc Charley et le livret de 40 pages écrit par Marc Toullec, auteur de référence dans la cinéphilie fantastique française.
Les deux courts-métrages proposés de Marc Charley sont : La Tombe et La Transition D’Ulrich Zann réalisés par Marc Charley, spécialiste de Lovecraft. Deux propositions de cinéma à réserver aux incollables de la littérature de Lovecraft. Avec cette mise en avant d’autres cinéastes inspirés par l’auteur anglais, The Ecstasy Of Films mène une exploration parallèle des adaptations de Lovecraft au cinéma.
Le court-métrage La Tombe, inspiré par la nouvelle Témoignage de Randolph Carter est une sincère réussite dans la retranscription de l’atmosphère créée par l’oeuvre de Lovecraft. En quelques instants la réalisation de Charley nous emporte face à l’inconnu, à l’invisible, pris par la terreur de peurs ancestrales. Un supplément à ne surtout pas rater.
Le court-métrage, La Transition D’Ulrich Zann, filmé dans un noir et blanc instaurant dès les premières secondes une atmosphère étouffante et agonisante nous porte dans une investigation qui ne cesse de renvoyer à des images mentales que tout lecteur de Lovecraft a déjà connu au plus profond de son esprit. Un court-métrage inspiré par la nouvelle La Musique d’Erich Zann.
Le livret, contrairement à celui présent dans l’édition de Re-Animator premier du nom qui revenait, de façon très pertinente, sur la relation de Brian Yuzna et Stuart Gordon à la mythologie de Lovecraft sur quatre pages suivi de multiples photographies de tournage, est une mine d’informations autour du second opus de Re-Animator.
Marc Toullec articule son propos autour du concept de la monstruosité dans l’oeuvre de Brian Yuzna. Le journaliste spécialisé propose un voyage temporel pour comprendre le film du cinéaste américain de par ses créatures et créations partant de l’oeuvre de Mary Shelley, Frankenstein ou Le Prométhée Moderne, et allant jusqu’à la figure actuel du revenant. Un supplément audacieux et finement ficelé qui saura émerveiller le regard des groupies d’Herbert West.
Note Suppléments : 5/5