James et Gurston s’en vont à la chasse mais ils tombent sur deux bandits qui réussissent à les berner. Ils tuent Gurston avec le fusil de James qui, lui, réussit à s’enfuir. Problème, les deux malfrats sont toujours à ses trousses et la police se lance également à sa recherche car elle le croit coupable du meurtre de son ami…
L’excellent réalisateur de La Féline, Jacques Tourneur, avait livré en 1947 La griffe du passé, un bijou du film noir. Avec Nightfall, réalisé en 1957, il revient au genre alors passé de mode pour proposer un polar singulier entre ville et campagne, porté par Aldo Ray et Anne Bancroft.
Adapté d’un roman de David Goodis, Nightfall est un film noir à l’ancienne, épuré (1h15) et efficace. L’intro sèche nous présente un homme traqué, ébloui par la lumière artificielle des néons, des enseignes de Los Angeles. Porté par un n&b tranché, Nightfall joue sur les contrastes : temporels (entre présent et passé), géographiques (la ville et la nature) et de tonalités (élans de tendresse vs éclairs de violence).
La narration se déploie sur 2 époques, 2 lieux. Des flash-back vont narrer l’histoire de James et l’action de se déplacer de la ville à la campagne, de L.A au Wyoming. L’atmosphère survoltée, grouillante, poisseuse de L.A nocturne s’oppose aux étendues enneigées du Wyoming. Les éclairages contrastés de L.A, des compositions de plans avec des ombres typiques du film noir, tranchent avec la blancheur des paysages ruraux. Ville et campagne, passé et présent, sont confrontés dans une forme cyclique où le spectateur est sans cesse trimballés de l’un à l’autre avec James, un individu sans cesse épié et en fuite permanente, deux individus patibulaires à ses trousses. En outre Tourneur joue entre la violence des règlements de compte et la tendresse des scènes de séduction ou le héros n’hésite pas à avouer à l’objet de son affection sa peur. Enfin le réalisateur de La griffe du passé n’a pas son pareil pour proposer des idées surprenantes dans un genre codifié comme cette scène de défilé de mode montrée du point de vue de Marie, la compagne de James, îlot de tendresse dans un monde de brutes.
La mise en scène discrète, d’une grande précision, de Jacques Tourneur, assure la réussite de cette petite pépite du film noir, à (re)découvrir dans une sublime copié proposée par Rimini éditions.
Technique
Cette copie est une très belle surprise : piqué très satisfaisant, contrastes appuyés, ce n&b a fier allure! La piste anglaise discrètement efficace est forcément à privilégier.
Bonus
L’unique supplément de ce disque blu-ray Rimini Editions est un entretien avec Mathieu Macheret (28′) : le critique ciné du Monde y livre une analyse passionnante du film de Jacques Tourneur, « un cinéaste alors au summum de sa capacité ».