Un psychopathe sème la mort en ville en scalpant ses victimes pour recréer sa mère abusive décédée plusieurs années auparavant.
L’avis de Margaux
En 1980 sort Maniac, un film qui marquera son entrée dans la décennie. William Lustig réalise, à cette époque, un des films qui deviendra par la suite culte dans son genre. Malgré son petit budget de départ il perdurera à travers le temps, jusqu’à son remake en 2012 par Franck Khalfoun. 2019 est également une date importante pour le film puisque le Chat qui fume nous offre une des éditions les plus complètes vu à ce jour.
Grand classique du cinéma d’horreur, Maniac est une aventure intérieure, une plongée dangereuse dans la psyché d’un homme rongé par la folie. Joe Spinell (Rocky, Le Parrain 1 et 2), également auteur du scénario, incarne ainsi Frank Zito, le serial killer dont on va suivre la quête vengeresse et meurtrière. Cette violence est expliquée par un profond mal-être dû à l’enfance. Comme souvent, le traumatisme vient de la figure maternelle; on comprend vite dans le film la place particulière que la mère de Frank a prise dans sa vie : violente, prostituée, et un peu trop présente. Le souvenir de la défunte mère rythme les pulsions meurtrières du personnage. Une sorte de Norman Bates en somme…
William Lustig prend le parti de montrer tous ces meurtres du point de vue de Frank. Le spectateur est contraint et forcé de voir à travers lui. Ce procédé crée une atmosphère pesante et angoissante tout au long du film. Le choix d’un New-York sordide et sale, à la Taxi Driver, ne fait que renforcer ce sentiment. Dans les moments de tensions intenses, le spectateur n’a donc pas d’autre choix que de vivre la psychose de Frank. Une sensation de danger et d’urgence rythme le film. C’est particulièrement le cas dans la séquence de poursuite dans le métro où Frank traque sans répit une jeune infirmière. Malgré la violence accrue du personnage, la mise en scène éveille chez le spectateur une certaine pitié pour le tueur. Par un judicieux choix de musique mélancolique (composée par Jay Chataway), un sentiment d’empathie naît pour ce personnage torturé.
Par cette violence visuelle, l’expérience filmique est difficilement oubliable. Les effets spéciaux de Tom Savini ne contredisent pas ce propos. Parfaitement maîtrisés, les scènes de meurtres sont d’un étonnant réalisme, et ce encore aujourd’hui. La séquence du scalp de la prostituée dans l’hôtel en est un bel exemple. Il y en a pour tous les goûts : coup de couteau, scalp, explosion, décapitation, bref un gore bien présent mais finalement pas burlesque. La fameuse séquence finale ne laissera personne indifférent.
William Lustig signe ici un film dérangeant, froid et direct, comme il en existe peu aujourd’hui. Il influencera d’ailleurs certains cinéastes pour aborder la thématique du psychopathe à la première personne, on pense notamment à Henri, portrait d’un serial killer de John McNaughton ou encore le marquant Schizophrenia de Gerard Kargl. Un film finalement conçu avec peu de moyen qui a su traverser le temps, un classique en somme.
Technique
Le Chat qui fume signe ici une bien belle sortie, le film de William Lustig n’en méritait pas moins. Le combo Blu-ray/DVD est un bel objet, le design du digipack est encore une fois très réussi, on y retrouve d’ailleurs le visuel eighties de l’époque. La nouvelle restauration 4K réalisée à partir du négatif d’origine est particulièrement éclatante, un travail considérable a été fait sur le film. Une belle définition, de beaux détails bref, oubliez les précédentes copies. On retrouve le visuel un peu poisseux qui collait si bien au film à sa sortie et son atmosphère pesante. Côté son, le Blu-ray est disponible en DTS-HD Master Audio 2.0 en version française et version originale. Il est quand dommage de casser le jeu d’acteur de Joe Spinell en regardant la VF, mais les fans seront certainement ravis de le retrouver tel qu’il l’avait découvert.
Bonus
Du côté des bonus, Le Chat qui fume offre un florilège incroyable de suppléments. Répartis sur le Blu-ray ainsi que sur le DVD la liste est longue ! Parmi tout ça : plusieurs commentaires audio (William Lustig, Tom Savini, le monteur Lorenzo Marinelli, l’assistant personnel de Joe Spinell….), deux entretiens avec Fathi Beddiar sur Joe Spinell ainsi que les remakes, des scènes coupées, plusieurs interviews de William Lustig ainsi que des acteurs (Caroline Munro), un entretien sur les effets spéciaux avec Tom Savini… Dans l’amusant bonus Les Maniacs, William Lustig revient sur la légende qui planait autour de la musique « Maniac » du film Flashdance, il était question que ce morceau avait été écrit en premier lieu pour le film de Lustig. A vous de voir si cette légende se confirme, la fin de l’extrait vaut le détour. D’autres bonus d’époque sont également proposés dans les suppléments, notamment des entretiens avec Joe Spinell et plus encore. Bref il y a de quoi faire, on vous laisse le plaisir de tout découvrir.