Synopsis : Nous voilà à La Havane, juste après la mort de Fidel Castro, au moment où, presque un gag, une ambassade américaine ré-ouvre à Cuba. Temps de changement, moment clef où l’isolationnisme prend fin en direction de perspectives largement inconnues. Mais plutôt que de trancher entre, d’une part, l’aplomb du documentaire, ou, de l’autre, la sûreté d’une fiction, c’est une forme en mouvement que Jeissy Trompiz a choisi pour son premier film, alternant images prises sur le vif et morceaux d’une fiction en cours, puisque La Imagen del Tiempo raconte, comme de fameux exemples avant lui, l’histoire d’un tournage.
L’avis de Quentin :
La Imagen Del Tiempo est un film cubain de Jeissy Trompiz Il se situe à mi-chemin entre le documentaire et la fiction. L’oeuvre se déroule en 2015, lors des premiers échanges entre les Etats-Unis et Cuba. Le cinéaste analyse la mutation d’un pays, sa libération ainsi que son ouverture au monde.
Le cinéaste, indique que lors des travaux préparatoires au tournage, il devait s’agir d’un documentaire sur un pays ne sachant quelle direction prendre face à toutes les propositions et possibilités à portée de destin.
C’est lors des premiers repérages, que le réalisateur prend la décision de filmer la quête d’un jeune cubain à la recherche d’une jeune femme dans les dédales de la capitale. Dans son périple filmé caméra à la main, il sera accompagné d’une jeune américaine d’origine cubaine revenue à Cuba pour découvrir l’effervescence du pays libéré.
La relation qui se développe entre les deux protagonistes se transforme en une liaison amoureuse métaphorique entre la population cubaine et la direction politique à engager pour le pays.
On prend plaisir à se perdre dans cette ville libre, vivante, ne cessant de célébrer l’amour et la joie. La crasse des ruelles devient synonyme de vie, d’exaltation, un témoignage d’un monde en pleine métamorphose.
Le cinéaste dresse le portrait de nombreux habitants de la ville pour appuyer sur le caractère cosmopolite de la cité. Une étude sociale fascinante, touchante et pleine d’humour nous est proposée. Le film déroute de par sa forme et sa proposition. De plus, le fait de ne pas avoir de véritable fil conducteur dans cette histoire nous permet de nous perdre dans la ville et d’en prendre un plaisir pur et rare, lié à sa spontanéité.
Le jeune réalisateur parvient à capter l’effervescence et la naissance d’un nouveau pays, d’une nouvelle population, Cuba est une fête. Néanmoins comme dans toute célébration, on sent la présence de groupuscules, individus prêts à faire basculer cette liberté dans d’obscures sphères autoritaires. De l sorte, il réussit à montrer et dénoncer une situation propre à l’Amérique du Sud, où la libération d’un peuple peut sous-tendre de nouvelles perturbations au niveau étatique et politique.
Enfin, si il n’y a qu’une scène à retenir du film, il s’agit très certainement de la scène de sexe masquée transcendant à la fois l’approche visuelle mais également l’image du pays et du temps qui passe à Cuba. Une scène générique, pleine de sens et qui emporte absolument tout sur son passage, anthologique tout simplement.
La Imagen Del Tiempo, est une initiative formidable parvenant à dépasser ses imperfections, les transformant de la sorte en qualités. De par son originalité, le film de Jeissy Trompiz nous marque et nous questionne sur nos modes de vies, nos relations à la politique mais surtout notre manière de découvrir son prochain, l’inconnu.