Ancien agent secret, le Pr Elliot tient à assoir son autorité dans le monde de la finance. Mais quatre personnes sont témoins de ses activités douteuses. Il décide alors de toutes les supprimer…
L’avis de Quentin :
Esc nous revient, en partenariat avec Movinside, en ce mois de mars avec un film disparu depuis de nombreuses années, presque oublié : Crime à Distance de Ken Hughes (Cromwell). Cette sortie anglaise des années 70 est un film d’espionnage atypique à mi chemin entre la série Mission Impossible de Bruce Geller et Psychose de Alfred Hitchcock.
Notre critique se divisera en deux parties :
I) La critique de Crime à Distance
II) Les caractéristiques techniques de l’édition Blu-ray
I) La critique de Crime à Distance.
En une poignée de mots, à l’arrière de la jaquette, Esc parvient à indiquer à quelle sauce Ken Hughes accompagné de James Coburn comptent nous manger : » Pour sécuriser son avenir, il efface son passé. »
Le long-métrage nous invite à suivre le plan machiavélique orchestré par James Coburn (Il était une fois la révolution), allant exercer de hautes fonctions à la Maison Blanche; cet ancien espion se doit de faire disparaître quatre personnes qui pourraient bien faire resurgir son passé. C’est derrière ce scénario simpliste que se cache le malicieux Crime à Distance.
Comme une grande partie du cinéma des années 70, le film se narre autour de deux parties.
Nous assisterons au cours du premier temps à la présentation des différents personnages ainsi qu’à la création du plan de notre héros. Cette phase du film est très réussie, mettant le spectateur dans une position de suspicion constante, cherchant à comprendre la finalité du plan, ses enjeux et surtout comment parviendra-t-il à ficeler une telle machination.
Lors du second et dernier temps du film, l’attention se portera sur la manière dont va se dérouler le plan. Si la théorie parviendra à épouser convenablement la pratique. Cette partie donne à voir, la perfidie du Docteur Eliott, prêt à tous les sacrifices. Nous l’observerons de son bureau, tour de contrôle d’où il tentera de s’assurer que son plan se déroule pour le mieux.
A notre grand plaisir, nous retrouverons tout ce qui a su faire le charme du film d’espionnage anglais, avec de nombreux gadgets et complots, mettant l’accent sur les quiproquos et autres malentendus. L’ambiance y est pour autant beaucoup plus sombre que les standards gentleman du film de genre de l’époque.
L’ambiance rugueuse du film est totalement justifiée. Hughes nous donne à voir l’ultime mission d’un agent secret pour gagner son accès aux plus hautes fonctions de la Maison-Blanche. Une mission qu’il s’impose de lui-même pour échapper à son passé. Bref, tout un programme pour le moins excitant.
Le casting est plus que pertinent. Hughes ayant pris le judicieux parti de choisir des acteurs physiquement reconnaissables et permet au spectateur de ne pas se perdre entre les personnages ainsi que dans l’intrigue qui avance à pleine vitesse. C’est d’ailleurs un point fort du long-métrage qui ne laisse jamais retomber son rythme, nous emportant dans son tourbillon conspirationniste.
Le film discute également d’une question fondamentale de notre société : faut-il tout orchestrer pour obtenir la place que l’on désire ou bien se laisser aller aux mains du destin ? Le récit pose plusieurs fois notre héros devant la possibilité de tout arrêter, de prendre du recul sur ses décisions. Cependant peut-il en être ainsi après une carrière entière à se détacher de toute empathie ?
C’est d’ailleurs sur ces points que les différents personnages divergent. On observe des protagonistes ne remettant jamais en cause les ordres d’une entité supérieure mais également des personnages qui doutent, se demandent d’où proviennent la légitimité et la moralité de ces ordres. Le film met en lumière le questionnement de la correspondance entre la théorie et la pratique et interroge sur le facteur humain, paramètre instable pouvant à tout moment faire chuter la théorie.
La musique proposée par Roy Budd (Le Soldat Bleu) est une des raisons majeures de la réputation du film de nos jours, une grande réussite. Elle sait parfaitement accompagner l’oeuvre. Elle souligne les émotions des personnages et invite le spectateur à se sentir partie intégrante du film.
Crime à distance est un film d’espionnage pervers et calculateur, une vraie découverte. Si le film est passé inaperçu à sa sortie et qu’il avait été oublié depuis plusieurs années, la sortie de cette copie HD donne toutes les raisons nécessaires de découvrir cette attirante réalisation de Ken Hughes.
II) Les caractéristiques techniques du Blu-ray.
Image :
Esc nous présente un master HD, qui n’est pas exempt de tous défauts mais qui saura faire son travail et permettre au film de Hughes de trouver une nouvelle jeunesse, une véritable reconnaissance.
La copie proposée dispose d’un grain continu sur tout le film, il peut très bien apporter une gêne au visionnage tout comme lui apporter une touche vintage qui lui sied à merveille. Vous en serez alors seul juge en fonction de vos goûts. On peut également voir apparaître quelques légères poussières.
Néanmoins, l’oeuvre du réalisateur anglais nous sert un piqué appréciable tout comme une gestion de ses scènes obscures convaincante.
Note Image : 3/5
Son :
Les deux pistes son proposées par l’éditeur sont de bonne facture, elles font le travail sans pour autant venir nous chercher. Un travail honnête de restitution du travail sonore qui prend tout son sens dès que les premières notes de la bande originale retentiront.
ESC nous propose une piste son Dts HD master audio française 2.0 et anglaise 2.0.
Note son : 3,5/5
Suppléments :
Un unique supplément nous est proposé mais quel supplément ! Nous aurons le droit à un entretien de 25 minutes avec un critique de cinéma français particulièrement pertinent. Il va revenir sur le titre du film et les raisons pour lesquels ce dernier n’a pas marqué les esprits à l’époque. Il nous indique que l’oeuvre bénéficie tout de même de trois titres francophones, ce qui n’a pas aidé à l’identification de celui-ci . De plus il apportera un éclairage sur le contexte historique de la sortie du film en dressant un portrait de l’Angleterre de 1973. Il donne également son analyse et rattache le long-métrage au contexte politico-économique de l’époque. Enfin le critique prendra quelques minutes pour revenir sur la carrière de James Coburn ainsi que du réalisateur Ken Hughes.
Esc a réussi à nous proposer un bonus relativement court mais qui repose sur une justesse d’analyse fascinante. La qualité est présente et c’est au final tout ce qui importe.