Les cartels mexicains font régner la terreur à la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Rien ni personne ne semble pouvoir les contrer. L’agent fédéral Matt Graver fait de nouveau appel au mystérieux Alejandro pour enlever la jeune Isabela Reyes, fille du baron d’un des plus gros cartels afin de déclencher une guerre fratricide entre les gangs. Mais la situation dégénère et la jeune fille devient un risque potentiel dont il faut se débarrasser. Face à ce choix infâme, Alejandro en vient à remettre en question tout ce pour quoi il se bat depuis des années…
L’avis de Manu
Le Sicario de Denis Villeneuve ne demandait pas forcément une suite (succès probant critique et public, mais limité). Mais c’est bien connu lorsqu’une ouverture de franchise (à donnée mercantile) s’installe, il faut la saisir au vol. Sur le papier on attendait peu de cette suite, côté équipe artistique, c’est heureusement autre chose. Avant tout, Taylor Sheridan reprend sa plume pour en écrire le scénario, ensuite, derrière la caméra, Stefano Sollima a déjà réalisé en plus des séries Romanzo Criminale et Gomorra (ces dernières adaptées des films du même nom) deux longs plutôt intéressants en terre européenne, A.C.A.B (extrêmement prometteur et efficace) puis Suburra (moins percutant mais très efficace, notamment dans sa mise en scène). Sicario La Guerre des Cartels s’avère au final une très bonne surprise, puisque sur certains points le film arrive même à surpasser son prédécesseur.
L’arme principale, sans être la seule, de cette suite est évidemment son casting. La magnétique Benicio Del Toro et le charismatique Josh Brolin forme un duo dont la crédibilité ne peut être critiquée. Il semble même que Stefano Solina n’est pas besoin de beaucoup les diriger tant les deux compères se connaissent et avaient déjà su dessiner leur personnage dans le premier opus. Ajoutons à cela le fait que ce sont de grands comédiens, et l’interprétation qui se dévoile à nos yeux correspond parfaitement à leur personnage dans la crédibilité comme dans l’intensité demandé. Là est la principale force du film, tout comme cette note de réalisme, très présente dans les séries et films du réalisateur, et cette impression constante d’atmosphère oppressante. L’ambiance tendu et étouffante composaient les atouts principaux du film, ici, la violence hachée, ciselée, donne à l’ensemble encore un côté documenté mais au regard un peu plus humain dans les rapports de chacun. Si certains pourront y voir les fibres d’une série B, l’ADN pur du film est tout autre ; tendu et viscéral où l’action, bien que plus présente, ne sacrifie en rien les enjeux majeurs du film. Sorte de cartographie du fonctionnement des cartels et des états, guerres internes et magouilles politiques en mode off. Si la lecture de l’ensemble peut sembler un peu trop gourmande (richesse du scénario qui complexifie les liens entre tous par excès) rien n’est sacrifié en ce qui concerne la mise en scène et son efficacité redoutable en terme de tension et d’action. En résulte une maestria visuelle, n’en déplaise et surtout une tension glaçante sur de nombreuses séquences. En sacrifiant la mise en scène plus classique que ce que Denis Villeneuve avait su imposer, Stefano Sollina, dans un autre style, marque le deuxième chapitre de ce qui semble se dessiner comme une trilogie, pas nécessaire à la base mais terriblement efficace à la fin de ce deuxième chapitre. L’action y est redoutable sans jamais sacrifié le fond, ni la forme du récit, le tout porté par deux comédiens charismatiques et complémentaires.
Tétanisant. Glaçant.
Technique
La définition pointue offre des plans très détaillés à la riche colorimétrie et aux contrastes marqués. Sur le plan sonore la grosse artillerie est sortie : fusillades, explosions (top son à la 55′) et vrombissements de Blackhawks. Les basses puissantes peuvent recouvrir certains dialogues en VF donc préférez la VO en Dolby Atmos pour son mixage plus précis et la solide interprétation de Benicio del Toro et Josh Brolin.
Bonus
Metropolitan nous propose comme suppléments de cette édition blu-ray Steelbook : un court making-of (15′) où est mis en avant le tournage en décors naturels pour une recherche d’authenticité et le défi technique que représentaient les scènes d’action (plan-séquence dans l’habitacle d’un véhicule militaire assiégé, atterrissage de 2 Blackhawks sur une route) puis 2 modules de moindre intérêt, Du film à la franchise (8′) et Les acteurs et leurs personnages (14′).