Le récit de la fameuse évacuation des troupes alliées de Dunkerque en mai 1940.
L’avis de Manu
Depuis son premier long, Memento, Christopher Nolan n’a cessé de se réinventer à travers une filmographie qui mêle habilement classicisme de l’essence même du Cinéma, et grammaire cinématographique où le metteur en scène joue habilement de la temporalité et de sa narration.
Aussi Dunkerque semble être son film le plus accessible en narrant un fait méconnu de la Seconde Guerre mondiale tout en y apposant sa patte, l’essence de sa mise en scène si habile. Cependant, ne pas chercher un aspect documenté, sinon la recherche purement historique derrière son œuvre, puisque le réalisateur a tenu à réaliser un film à suspense avant un film de guerre. Et c’est évidemment par la structure même du récit que Dunkerque prend toute son ampleur. Sans spoiler (on apprend tout dès le début du film), le film se déroule sur terre (une semaine), en mer (une journée) et dans les airs (une heure), cette architecture narrative permet au réalisateur de maintenir une tension et un suspense haletant de bout en bout de son métrage, et impliquer au plus fort des combats le spectateur.
Tournées en 70 mm, toutes les séquences du film immergent le spectateur au plus près des combats, associées à un montage son époustouflant (le grand Richard King à la manœuvre), et l’ensemble redonne de belles lettres de noblesse à ce qu’est le cinéma, de ses racines à son accomplissement. Tout en y mêlant les notes d’auteur qu’on lui connaît, Nolan a réussi, par son film sans doute le plus classique, à ouvrir officiellement la course aux Oscars. D’une simplicité étonnante comme dans sa mécanique la plus subtile, Dunkerque prend le temps de décrire les faits d’armes et d’y apporter une intensité étonnante, loin des effets spéciaux numériques et autres fonds verts. Là où l’aspect parfois labyrinthique des précédentes œuvres du réalisateur laissait certains spectateurs sur place, ici, une certaine poésie, une simplicité de faits (très peu de dialogues) rendent le pouvoir à l’image alpha de ce que peut être le cinéma, un art de l’image et des sons pour transmettre des sensations. Il ne faudra donc pas relever le fait que certains aspects historiques (voire humains) passent à l’as puisque le propos est très loin de tout ça.
Un casting très étoilé de comédiens talentueux couvre l’ensemble des personnages, (à suivre…Fionn Whitehead) et comme souvent chez Nolan sa précision dans la direction d’acteurs se fait grandement ressentir.
Loin d’une démonstration pyrotechnique et pétaradante qui rappellerait l’overdose estivale (voire annuelle) qu’on ressent trop de nos jours, Dunkerque s’avère la somme d’un talent pluriel qu’on impute film après film à Christopher Nolan. Délaissant ainsi les fables spatio temporelles le réalisateur signe à nouveau un film somme, un chef d’œuvre cinématographique et remet les pieds sur terre. Sans doute son film le plus classique, le plus référencé également quant aux films qui l’ont influencés dans sa vie. De là brille un film majeur, intelligent qui nous donne une certaine idée de ce que peut être du grand cinéma.