Deux soldats américains sont la cible d’un tireur d’élite irakien. Seul un pan de mur en ruine les protège encore d’une mort certaine. Au-delà d’une lutte pour la survie, c’est une guerre de volontés qui se joue, faite de tactique, d’intelligence et d’aptitude à atteindre l’ennemi par tous les moyens…
Avis de Manu
Doug Liman, nouvel « ami réalisateur » de Tom Cruise, au même titre que Christopher McQuarrie, revient au film « petit » budget (co-produit par Amazon). Très loin donc des budgets d’ Edge of tomorrow ou The Bourne identity il met en scène le premier scénario de Dwain Worrell, script qui était sur la fameuse liste noire 2014 des plus appréciés d’Hollywood mais dont la mise en production n’avait jamais aboutie.
Unité de lieu donc, pour un film de genre qui tente tant bien que mal de poser un regard critique sur le conflit irakien ; pour la démarche, pourquoi pas, en ce qui concerne le résultat, même si on perçoit les intentions, on repassera.
Au-delà de cet ensemble, Doug Liman conduit son film sur les pas du thriller plutôt bien tenu. Comme chaque film qui a pour sujet principal les snipers, l’aspect technique est bien appuyé et apporte une touche réaliste à l’ensemble, on sent qu’un conseiller technique est d’ailleurs venu prêter main forte durant la réalisation du film. En résulte le sentiment d’une certaine véracité dans le jeu du chat et de la souris qui se déroule devant nos yeux, évitant ainsi une grande partie des stéréotypes du film de guerre. Ici le héros est démystifié et rendu à son plus simple apparat de soldat, d’être humain où les traumas de la guerre sont autant physiques que psychologiques, sur le terrain comme post conflit. Pour ça, une idée brillante du script, qu’on ne spoilera pas, vient donner un relief intéressant à l’histoire (qui ramène cependant plus le film à l’état de fiction sur ce point) et renvoie tout le monde à ses propres contradictions de soldats qui agissent sous l’ordre d’hommes en uniformes, derrière leurs bureaux à des millions de kilomètres des lieux de massacres. Intéressant dans la démonstration que Doug Liman tente d’aborder, sans pleinement y réussir hélas. La faute à un trop plein d’idées et/ou de mauvais hasards, détails sur lesquels on peut facilement passer cependant.
Reste le casting, évidemment nous sommes surpris de voir John Cena, peu présent à l’écran, dans ce genre de film, habitué à la série B désastreuse, qui ne démontre pas ici que ce franchissement de frontière était nécessaire. L’inverse d’Aaron Taylor-Johnson qu’on trouve de plus en plus intéressant et bien trop peu en vue ces derniers temps (contrairement à d’autres) qui semble cacher un panel de jeu très intéressant. Doug Liman fait donc de The Wall un film très efficace, plein d’énergie et d’idées qui s’il ne résiste probablement pas au fait d’être vu et revu, l’effet de surprise passé, et reste plus cinématographique que réaliste, s’avère un thriller intelligent rapidement exécuté, avec la satisfaction de faire simple et original.