D’abord, une bonne occasion s’est présentée. Puis vint la trahison.
Vingt ans plus tard, certaines choses ont changé, d’autres non.
Mark Renton revient au seul endroit qu’il ait jamais considéré comme son foyer.
Spud, Sick Boy et Begbie l’attendent.
Mais d’autres vieilles connaissances le guettent elles aussi : la tristesse, le deuil, la joie, la vengeance, la haine, l’amitié, le désir, la peur, les regrets, l’héroïne, l’autodestruction, le danger et la mort. Toutes sont là pour l’accueillir, prêtes à entrer dans la danse…
Avis de Manu
On ne présente plus Danny Boyle qui revient 20 ans après avec la suite du cultissime Trainspotting, film d’une génération, d’une époque, dont la réalisation d’une suite, hors apparats nostalgiques d’usage, aurait pu être produite pour principalement satisfaire les portefeuilles de producteurs. L’enjeu semble pourtant tout autre, Danny Boyle à la manœuvre prouve que ses personnages, comme lui-même, ont su grandir avec leur public.
Il semble important d’évoquer que ce qu’on pourra retirer après les dernières notes du générique (bande son importante comme à son époque, bien que moins marquante) est intimement lié à l’attente suscitée par ce deuxième opus. Ne pas attendre de revivre les mêmes choses, le cinéma a connu bien des révolutions depuis (visuelles, « financières », narratives) comme différentes « vagues ». Et un film culte est uniquement culte de par son époque. L’impact donc même de Trainspotting dans sa forme et son fond à la fin des années 90 ne peut avoir lieu à nouveau, du moins de la même manière. Une fois le contexte installé on doit admettre que Danny Boyle, sans perdre l’énergie qui apportait la touche culte en 1996, a gardé sous le coude (les deux même) une ambition intacte et inscrit parfaitement cette suite dans son époque. C’est souvent drôle comme il y a 20 ans, bourré de clins d’œil et références à Trainspotting et surtout les personnages semblent avoir bien évolués, en tant que « personnes » et non pour plaire facilement au public par un profil stéréotypé. Ainsi, chacun semble avoir suivi son destin et toute la crédibilité est de mise au moment de les retrouver dans ce deuxième chapitre; aucune caricature des vies n’apparaît à l’écran.
Danny Boyle, bien aidé par son scénariste, soigne une nouvelle fois le regard critique qu’il pouvait avoir sur notre société, la culture de masse, notre époque dans son ensemble et le néo-libéralisme qui gangrène le monde ; seul hic, la note post Brexit du film pousse à mettre quelques parenthèses à l’ensemble, parfois un peu trop bien pensant. Mais peu importe tout est réuni pour que l’édifice tienne plus que la route puisque c’est avec une belle et constante nostalgie qu’on suit à nouveau les 4 potes d’Edimbourg, à se rappeler que le temps qui est passé sur leur visage (personnages comme comédiens) est aussi celui qui nous a fait rencontrer ces 4 gusses, pour les retrouver avec le plus grand plaisir de l’autre côté de l’écran des années après. Le temps a passé et, dans une approche parfois méta voulu du film, on s’aperçoit que chacun, nous compris, avons traversé 20 ans sans s’en apercevoir. Plein d’énergie, de saveurs diverses (visuelles, narratives, de thèmes, comme l’amitié principalement), Trainspotting 2 transmet un peu de tout ça. Retour gagnant, en toute simplicité et efficacité, le film réussit là où certaines suites échouent souvent, avec certes moins d’ambitions narratives mais un charme intact.
20 ans après, Trainspotting 2 marque le joli retour de toute l’équipe qui avait réussi à toucher toute une génération et rendre un film culte. On retrouve l’essentiel de la recette de l’époque intelligemment mise au goût du jour, le film séduit pleinement. Petit bémol cependant pour la jeune génération qui aura peut-être un plaisir moindre tant le film joue sur les références, clins d’œil et mise surtout sur l’aspect nostalgique du premier chapitre. Pour les autres, un rapide et agréable retour vers le passé est au rendez-vous.